Choisir son Hégémon

Par WD

Dans la grande bataille mondiale qui se déroule sous nos yeux, il y a trois forces majeures en conflit direct. La Russie, les USA et la Chine. Les autres pays « mineurs » jouent dans les menées géostratégiques leurs cartes du développement tant économique que souverainiste. Ils se démènent pour se placer favorablement sous le soleil en sortant de l’ombre que leur fait depuis trop longtemps Uncle Sam.

L’imperium américain veut garder et développer son hégémonie à travers le monde. Mis à part ses laquais occidentaux, tous les pays « mineurs » et « insignifiants » s’émancipent de la dominance américaine. Par le biais des BRICS ou de l’OCS ou encore par des simples contrats de tiers à tiers, ils taquinent la surveillance jalouse des USA qui comme une mère célibataire perd inexorablement le contrôle de ses adolescents. Les grands cris et les menaces de fessée ne font plus rien. Les affreux néoconservateurs perdent leur autorité « parentale » et n’encaissent plus le fruit du labeur de sa progéniture. Tous les pays qui ont encore une âme font comme l’oiseau, ils quittent le nid autoritaire du vilain tuteur. L’issue du dernier sommet des BRICS révèle l’ampleur de la fin de la férule américaine à travers le monde.

Comme les anglo-américains sont des bourrins, ils n’ont pas vu ou du moins leur esprit l’a minimisé, le jeu diplomatique mené par la Russie et la Chine depuis des années partout dans le monde. La Chine a réussi des tours de force en réconciliant des frères ennemis notamment au Moyen-Orient. Ainsi, l’Empire du Milieu sécurise et développe ses nouvelles routes de la soie. Les guerres et les guérillas ne sont pas bonnes pour les affaires économiques probes. La Chine se place à l’inverse philosophique et pratique du monde anglo-américain qui tourne en boucle dans son esprit colonisateur atavique.

À travers le talentueux Lavrov, la Russie réussit à embarquer tous ceux qui veulent une relation franche et entière dans des échanges « gagnant-gagnant » entre tous les pays non occidentaux. Les africains semblent être friands de ces propositions émancipatrices et honnêtes. Ils veulent en finir avec leurs aînés trop conciliants avec les corrupteurs occidentaux. Tout le discours d’Ibrahim Traoré est là.

Et nous dans tout ce pataquès mondial, nous les porteurs de béret affublés de la baguette de pain et du litron de rouge, quel sera donc notre sort futur ? Vendus à vil prix depuis des décennies pour les intérêts américains par une flopée de traîtres, hypnotisés par les pseudo valeurs américaines qui tournent vinaigre avec le wokisme, que faisons-nous dans cette galère jetée dans les remous titanesques de la guerre des impériaux ? Quel que soit le vainqueur final, notre futur sort n’est guère enviable. Entre le crédit social à la chinoise, son avatar Schwabien ou le monde numérique version russe, notre avenir n’est que celui de l’esclave. Alors être un ilote de n’importe quel nouvel empire ne nous sied guère. Personnellement, si je n’ai aucune autre alternative plus resplendissante, je veux être le sauvage du « Meilleur des mondes » de Huxley. En bon pépère, je pourrai vaquer en homme libre. Peut-être crado et misérable, mais je serai libre à faire ce que bon me semble.

Depuis toujours, les gouvernants ont toujours voulu savoir ce que le peuple disait d’eux pour mieux le contrôler et éradiquer les opposants. Des missi dominici de Charlemagne au classement des gens par fiche de Fouché, le pouvoir a toujours été frileux sur sa domination écrasante. L’espionnage des mouvements contestataires voulant se substituer à lui a toujours été son outil de prédilection. Avec le numérique, c’est enfin la découverte de la martingale. Tout le monde est sous contrôle et au moindre pet de travers du contestataire même en herbe, c’est la mort économique et civile assurée pour ce dernier. Toute la panoplie juridique dictatoriale est déjà fraîchement en place. Seul le gogo ne voit rien venir.

Avec le numérique, notre vie devient virtuelle. Tout est limité suivant le quota décidé par la Kommandantur. Nous ne pouvons plus acheter ce que l’on veut dans la quantité de notre désir. C’est une sorte de retour des tickets de rationnement. Tout est programmable donc avec une date de péremption. Si nous ne dépensons pas tout dans un laps de temps, le reste non dépensé nous est retiré. De ce fait, l’épargne est impossible et les projets futurs impossibles à réaliser. Nous sommes comme les cochons en batterie voués à l’abattoir.

L’autre aspect du numérique est que nous sommes surveillés en permanence, écoutés, filmés, suivis. Les données sont croisées et le maillage relationnel est établi. Comme avec le Carnet B de Clemenceau, vous pouvez vous retrouver attachés à un groupe ou à une personne dans le collimateur simplement parce que vous lui avez parlé ingénument dans la rue. Certains développements vous surprendront.

Il est étonnant de voir Xavier Moreau ne comprenant pas que la projection numérique russe va dans ce même sens liberticide que les autres imperium. Poutine a beau dire que le liquide perdurera tout de même ainsi que la liberté globale, au regard de l’histoire nous savons qu’il n’en est rien. Cet analyste féru d’histoire devrait percevoir cette trajectoire irrésistible.

Reste à savoir si les africains en pleine phase d’émancipation vont se faire rattraper par le kapo numérique. Ils ont réussi à échapper au délire dictatorial covidiste, ils rejettent la dégénérescence wokiste, mais réussiront-ils à détecter l’embrouille numérique qui les remettra fatalement en état d’esclavage ? Quand nous voyons tous ces migrants autour de nous aussi scotchés sur leurs smartphones que n’importe quel occidental lobotomisé par cette première forme de transhumanisme, nous craignons le pire. Alors que leurs pays respectifs sont en pleine lutte d’émancipation, ils risquent leurs vies pour venir en Europe bénéficier du tout cuit des autres. S’ils ne participent pas à la lutte de leurs frères, de leurs villages, de leurs pays pour recouvrer enfin la liberté d’être eux-mêmes, nous ne pensons qu’ils se battront ici pour l’indépendance face à la dictature numérique. N’y a-t-il personne pour leur dire que si la ploutocratie organise et paie ce voyage périlleux ce n’est certainement pas par charité ni par haute valeur humaine. Ce n’est pas dans ses gènes. Il faut qu’ils comprennent que si le truc périlleux est gratuit, c’est bien eux le produit. Les puissances de l’argent ont un projet pour eux, il faut qu’ils en soient conscients tout comme ceux qui les accueillent à bras ouverts. La générosité des grands argentiers du monde n’existe pas. La finalité du projet est pour bientôt, bien avant 2030.

En attendant de savoir qui va remporter la grande victoire impériale, battons nous dès à présent pour ne pas tomber définitivement dans la tyrannie numérique qui nous est promise. Que soit chinoise, russe ou yankee, une dictature reste une dictature et avec cette force binaire elle atteint l’absolu.

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