Brest. Il avait dégradé la permanence du député, le gilet jaune condamné à des TIG

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En décembre, la permanence du député Didier Le Gac, à Saint-Renan, avait été couverte de tags. Confondu rapidement, l’homme de 21 ans qui comparaissait ce vendredi matin devant le tribunal correctionnel a été condamné à 35 heures de travaux d’intérêt général (TIG).

On se souvient que dans la nuit du 5 au 6 janvier dernier, la permanence du député LREM de Brest Rural Didier Le Gac avait été taguée et en partie murée. Cette enquête est toujours en cours. Mais quelques semaines plus tôt, dans la nuit du 10 au 11 décembre, ses bureaux, installés dans une maison à Saint-Renan, avaient déjà été pris pour cible. Des inscriptions en grosses lettres avaient été peintes en rouge : « Macron démission », « Rend le pognon » et autre « Voleur », le tout assorti d’un « Bon courage pour le nettoyage ». 

En pleine fronde des gilets jaunes, les gendarmes ont naturellement orienté leurs investigations dans ce sens. En croisant la liste de personnes qui avaient acheté de la peinture récemment, et celle des téléphones mobiles qui avait « borné » cette nuit-là, l’enquête a rapidement débouché sur l’interpellation d’un jeune homme de 21 ans de Lanildut, dont la présence lors d’une manifestation des gilets jaunes avait déjà été repérée.

Il voulait « faire passer un message »

À la barre ce vendredi, c’est un jeune homme plutôt effacé et très économe de sa parole qui tente de s’expliquer. Ce soir-là, il sortait d’une réunion des gilets jaunes. « J’étais un peu énervé, c’est un mauvais concours de circonstances », marmonne-t-il à la barre en confirmant ce qu’il avait déjà expliqué aux enquêteurs. À savoir qu’il voulait « faire passer un message et toucher un symbole ». Mais quel message, interroge la présidente. « Un peu le ras-le-bol social du pays », hésite-t-il, mais rien de personnel à l’encontre du député Le Gac, qu’il ne connaît d’ailleurs que de nom.

La juge Wegbecher lui reconnaît la franchise d’avoir immédiatement avoué les faits lors de son interpellation. Le jeune homme, au casier judiciaire vierge, ne trouve d’ailleurs rien à redire sur cette convocation au tribunal. « C’est normal. J’ai fait une bêtise ». La procureure ne le démentira pas, et rappelle « que l’on vit dans un pays extraordinaire où la liberté d’expression et de manifester peut s’exercer avec des conditions très faciles à remplir ». L’infraction étant constituée, elle requiert un travail d’intérêt général de 35 heures à accomplir dans les six mois.

« Il a voulu peindre en grand ce qu’il pense tout bas »

Me Elard, l’avocat de la Défense, choisit d’axer sa plaidoirie sur le terrain social, en rappelant le quotidien de son client. « C’est une petite vie, celle des petites gens. Il est boulanger, depuis trois ans en CDI. Toutes les nuits, six jours sur sept, il commence à 2 h et finit à 12 h. Il travaille dix heures par jour, et perçoit un revenu de 1 200 euros nets. Il vit chez sa mère, et lui verse 300 euros de loyer par mois, car il ne peut pas payer la caution pour louer son propre appartement. Il verse aussi 156 euros par mois pour la voiture qu’il vient d’acheter, et rembourse aussi 50 euros de plus pour le permis. Il lui reste 180 euros par mois pour se nourrir, pour se vêtir, pour avoir des loisirs ».

Cet acte, poursuit l’avocat, est celui d’un homme « qui, jusqu’à présent, s’est toujours tu. Et qui, un jour, fort de ce mouvement des gilets jaunes, a voulu peindre en grand ce qu’il pense tout bas ». En ce sens, Me Elard apprécie « la justesse » des réquisitions formulées par le parquet. « Il a dégradé une permanence politique. Il lui revient aujourd’hui de réparer sa faute, en travaillant pour la société ».

Il salue aussi « l’élégance » du député, absent de l’audience, mais qui n’a sollicité que l’euro symbolique. La juge a suivi les réquisitions du parquet, en étendant à 18 mois le délai accordé au prévenu pour exécuter ses 35 heures. Il devra aussi verser l’euro symbolique réclamé par le député.

Source : Le Télégramme

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