Assises du Var : « Elle a fermé les yeux »

ALICIA CHAMPLON

Assises du Var : « Elle a fermé les yeux »

Inès Farhat en parlant d’Alicia : « Je ne l’ai pas touchée ». Photo AFP

Inès Farhat en parlant d’Alicia : « Je ne l’ai pas touchée ». Photo AFP

Moments forts vendredi lors du procès d’Abdallah Boumezaar accusé du meurtre de la gendarme Audrey Bertaut et de l’assassinat de sa collègue Alicia Champlon, originaire de la Meuse. Inès Farhat, elle, est là pour complicité de meurtre et dissimulation de preuves.

Un des témoins, Nabil, habitant de Collobrières s’est fait cambrioler par Boumezaar le 17 juin 2012. Il fait sa propre enquête et découvre l’auteur. Il avoue aussi des problèmes avec la justice il y a longtemps.

Dans la soirée, il entend des cris dans l’appartement et monte l’escalier. « Boumezaar donnait des coups violents à Audrey. J’ai trouvé une lampe torche et je me suis dirigé vers Boumezaar ». À ce moment, Inès Farhat « se met au milieu et me dit, ne tape pas mon homme, je suis enceinte ». Alicia essaye de dégager sa collègue qui protège son arme que l’accusé veut prendre. Nabil le frappe jusqu’à casser la lampe sur la tête de l’accusé, qui finit par extraire l’arme. Nabil et lui se battent. « Je retourne l’arme vers son bassin et j’appuie deux fois sur la gâchette » mais rien ne se passe.

Aucune balle ne doit être engagée explique un expert. Et puis tout va très vite, Boumezaar « met la main sur la culasse et fait deux pas. J’ai plongé vers la porte de sortie ». Il se souvient d’Alicia au sol « elle gémissait, elle avait un filet de sang au niveau du nez. Je dis à Hakim (NDLR : un autre témoin présent) « Sors-la ! » Ce qu’il fait en la tirant par les rangers. « Je l’ai aidée à se relever », dira Hakim.

« Des collègues de M. Boumezaar sont venus uriner à l’endroit où Alicia est morte »

Nabil lui, est dans l’escalier, il entend la détonation, empêche Alicia de remonter et lui dit de courir. « Je n’oublierai jamais ce soir-là. Je m’en voudrai toute ma vie. Je demande pardon à la famille des victimes de n’avoir pas pu éviter ce drame ». L’homme est toujours choqué. Il n’arrive pas à dire où est et ce que fait Inès Farhat durant la lutte.

Quant à Audrey, « jusqu’à aujourd’hui je vois encore ses yeux ». Nabil a quitté Collobrières depuis. Il explique que « des collègues de M. Boumezaar sont venus uriner à l’endroit où Alicia est morte ». Et ajoute : « Les seules victimes, ce sont les enfants qui sont derrière », en désignant les parties civiles.

Hakim, venu à l’audience grâce à un mandat d’amener, confirme mais explique qu’Inès Farhat donne aussi des coups de poing sur le dos de Boumezaar pour le faire lâcher.

Juste avant la détonation, il regarde dans l’appartement et voit l’accusé l’arme à la main, « il était en transe, il tremblait, il visait la tête ». Audrey était au sol, « elle a fermé les yeux et a mis les mains sur son visage. Au moment où il a tiré, j’ai tourné la tête ». Il explique aussi que Farhat l’aurait intimidé lors de la reconstitution.

Puis un expert a confirmé qu’une morsure retrouvée sur le bras d’Audrey était compatible avec l’accusé. Les analyses ADN aussi le confirment. Le pantalon d’Alicia et son bâton de défense portaient également des traces d’ADN, entre autres celui d’Inès Farhat. Elle, dit, que c’est lorsqu’elle l’a mis, plus tard, dans un t-shirt de l’accusé. Un détail aussi, l’arme d’Alicia était montée pour un gaucher, ce qui a pu favoriser l’éjection de son chargeur durant la lutte.

Boumezaar couvre encore son ex-compagne et s’accuse des deux homicides. « Je me suis senti menacé », dit-il dans un mouvement de salle. Lors des débats, les témoins ont pourtant tous dit que les gendarmes n’avaient pas sorti leurs armes. Boumezaar avoue aussi « un black-out ce soir-là ».

Inès Farhat répète à l’envi au sujet d’Alicia et du fait qu’elle ait été inconsciente : « Je ne sais pas qui lui a porté des coups. Je ne l’ai pas touchée ».

Reprise de l’audience lundi.

Frédéric PLANCARD

Source : L’Est Républicain

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