Affaire du “Mur des cons”, le général Philippe Schmitt ira au procès

Père d’Anne-Lorraine Schmitt tuée en 2007 dans le RER D entre Louvres et Fosses-Survilliers (Val-d’Oise), il avait été affiché sur le “Mur des cons”.

Philippe-Schmitt-1Père d’une victime, le général Philippe Schmitt s’était retrouvé affiché sur le “Mur des Cons” du Syndicat de la magistrature. (©Fabrice Cahen)

Pour la plupart, ce sont des politiques, des élus, des ministres, également des journalistes, des vedettes, des patrons, mais aussi des anonymes comme des parents de victimes.

Tous ont un point commun, avoir critiqué le fonctionnement de la justice, comme le général Philippe Schmitt, qui a perdu sa fille aînée, tuée par un récidiviste, le 25 novembre 2007, dans le Val-d’Oise.

Il s’était retrouvé sur le “Mur des cons” du Syndicat de la magistrature, après avoir bataillé pour une loi plus ferme contre la récidive.

A trois jours du procès de la magistrate Françoise Martres, alors présidente du Syndicat de la magistrature, Philippe Schmitt revient sur cette affaire qui l’a touché.

 

Savez-vous pourquoi vous vous êtes retrouvez placardé sur le Mur des cons ?

“Je pense qu’en répondant à des journalistes de différents médias, j’ai dû émettre des opinions qui ont déplu à des membres de cette organisation. Je ne vois que cette raison pour laquelle je me suis retrouvé affiché sur ce mur.

Qu’éprouvez-vous encore aujourd’hui à ce sujet ?

De la colère et du dégoût. Se faire insulter par des personnes censées rendre la justice au nom du peuple français me semble totalement intolérable. Pour moi, un magistrat, c’est la dignité, la responsabilité, la réserve. Or, à travers l’affaire, je ne retrouve aucune de ces qualités chez les magistrats à l’origine de cette affiche.

Cependant, Françoise Martres, alors présidente du Syndicat de la magistrature, avait pourtant affirmé que cela n’avait “rien à voir avec l’impartialité des magistrats” syndiqués. Qu’en pensez-vous ?

Je conteste cette assertion. Si demain, je devais me retrouver devant un magistrat de ce syndicat, je ne croirais pas à sa partialité. Au contraire, je crains que, par cet exemple, les justiciables français ont beaucoup de soucis à se faire.

Qu’attendez-vous de ce procès ?

Qu’il soit reconnu que j’ai été victime d’une injure. Je demande une réparation symbolique, par la condamnation de la magistrate qui était alors responsable de cette organisation.

En tant que concerné, j’ai eu accès au dossier. Je remarque dans les conclusions que le syndicat de la magistrature conteste le côté public du lieu de l’affaire. Il affirme aussi qu’il pourrait y avoir prescription de ce placardage et qu’il n’est pas éditeur de la divulgation du Mur. Il pense ainsi que c’est à l’organe de presse qui a médiatisé le mur que reviendrait une condamnation.

Irez-vous aux audiences du procès qui s’ouvre le 4 décembre à Paris ?

Je serai présent à toutes les audiences, même si je crains que, lors de ce procès, l’on parle essentiellement de procédure juridique. Ce serait alors un moyen pour le syndicat de la magistrature d’éviter d’aborder le fond de l’affaire. C’est-à-dire, que des magistrats s’amusent à placarder des élus du peuple, des journalistes et des parents de victimes en les affublant du titre de con.

En résumé :
L’affaire remonte à 2013, Le “Mur des Cons” a été filmé par Clément Weil-Raynal, chroniqueur judiciaire pour France Télévision. Le journaliste aurait “dérobé” des images lors d’une rencontre avec la magistrate Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature. Il sera mis à pieds par sa direction.
Avril 2013, le site Atlantico publie une photo de l’affiche du “Mur des Cons”, sur laquelle apparaissent diverses personnalités publiques mais aussi des parents de victimes, comme Philippe Schmitt, père d’Anne-Lorraine, tuée par un récidiviste.
Interpellée par la classe politique, la garde des Sceaux Christiane Taubira, admet que « les personnes qui se trouvent sur ce panneau sont parfaitement fondées à déposer plainte et le parquet à conduire une action publique”. De son côté, le Conseil supérieur de la magistrature avait refusé de se prononcer sur l’affaire, alors qu’il était saisi par la ministre de la Justice.
En réaction, Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature déclare : « Le Syndicat de la Magistrature est un syndicat de gauche alors certains ne le supportent pas mais cela n’a rien à voir ensuite avec notre impartialité.”
En février 2014, la présidente du Syndicat de la magistrature est mise en examen pour injures publiques. Elle demande que la procédure soit annulée mais elle est débouté.
En septembre 2015, Françoise Martres est renvoyée devant la justice pour “injures publiques”. Elle se pourvoit en cassation mais sa demande est rejetée, en novembre 2016. Un procès doit se tenir du 4 au 7 décembre 2018.
Entre janvier 2016 et mai 2017 le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas avait refusé toutes promotions de la magistrate. Le 25 octobre 2018, le Conseil d’État a rejeté les recours de Françoise Martres, ancienne présidente du Syndicat de la magistrature et de cette organisation contre plusieurs refus de promotion qui lui ont été opposés en 2016 et 2017.
Depuis août 2017, et sous nomination de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, Françoise Martres est première vice-présidente adjointe au tribunal de grande instance de Bordeaux.
En octobre 2018, une vidéo, révélée par l’hebdomadaire Le Point, compromettrait les propos que la magistrate aurait tenu devant la juge d’instruction. Elle aurait bien vu Clément Weill-Raynal devant le « mur des cons» et parlé avec lui.

Capture d’écran 2018-12-05 à 17.30.42Source : Actu.fr

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