Affaire Benalla : qui compose la réserve des spécialistes de la gendarmerie ?

7831692_29aa6800-8f31-11e8-b055-1b6e41247303-1_1000x625Alexandre Benalla avait intégré ce groupe de « spécialistes-experts », au grade de lieutenant-colonel. AFP/Ludovic Marion

Cette unité, qui s’est invitée dans l’affaire Benalla depuis que la gendarmerie a reconnu y avoir intégré l’ancien M. Sécurité d’Emmanuel Macron, sert à utiliser des compétences externes quand les militaires en ont besoin.

C’est une unité de la réserve de la gendarmerie nationale peu connue et qui n’a jamais l’occasion de se retrouver sous le feu des médias. Depuis que l’affaire Benalla a explosé, elle se retrouve pourtant au cœur de toutes les interrogations : la gendarmerie a reconnu, dans une note interne que LeParisien. fr a dévoilé dimanche, avoir recruté en 2017 le sulfureux garde-du-corps d’Emmanuel Macron dans ce groupe de « spécialistes-experts », au grade de lieutenant-colonel ce qui a provoqué une vague de colère dans les rangs des gendarmes.

Ce corps, dépendant de la réserve opérationnelle de la gendarmerie, sert à recruter des ressources extérieures pour des compétences bien spécifiques en cas de besoin. Ces experts peuvent être spécialistes en langues rares et appelés pour des interceptions d’écoutes, médecins compétents en cas d’attaque chimique, légistes, dentistes, biologistes, parasitologues. Sans oublier des chimistes de la Délégation à l’Armement.

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Dans cette liste de 74 experts actuellement recrutés, on trouve aussi des profils aussi divers que le chef de sécurité d’un groupe de luxe, des pilotes d’avion, notaires et avocats, architectes, ingénieurs financiers pour démonter des réseaux complexes ou encore professeurs agrégés, mais aussi plus surprenant des hackers chevronnés parfois anciens délinquants du Net. Et capables de percer le darkweb, le réseau clandestin du net. Il y a même un élu, colonel attaché au bureau du directeur général en charge des relations avec les élus locaux.

Secret-défense

Une liste discrète de consultants occasionnels couverte par le secret-défense, car ceux qui en font partie doivent être protégés. Chacune des armées a ses réserves de spécialistes. Même le contre-espionnage, la DGSE a les siens : mathématiciens ou expert du cryptage entre autres…

C’est dans ce vivier de compétences rares que le très controversé et ex-conseiller de l’Elysée déchu, Alexandre Benalla a été intégré parmi 74 autres experts de la gendarmerie. Il a été intégré pour participer à une mission sur la série d’incendies qui a touché plusieurs casernes ces derniers mois ainsi que des agressions de gendarmes. Un recrutement que le général Richard Lizurey, le directeur général de la gendarmerie nationale, a déjà « prévu d’assumer », selon ses propos au Parisien, lors de sa prochaine audition devant la commission d’enquête parlementaire ce mercredi. « Peut-être me suis-je trompé. C’est moi qui lui aie proposé d’intégrer cette réserve », admet le patron des gendarmes très serein.

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Quant à l’attribution du grade de « lieutenant-colonel » à Alexandre Benalla qui n’était encore qu’un simple brigadier-chef de la réserve opérationnelle de la gendarmerie, il répond à une disposition administrative. L’ex-conseiller a été basculé de la réserve opérationnelle à la réserve dite des spécialistes. Il a dû donc souscrire un nouvel engagement à servir dans la réserve (ESR). Un basculement parfaitement légal et qui doit faire l’objet d’une publication au Bulletin des Armées. Et ne fait l’objet que d’un simple arrêté administratif.

Reste à savoir si Alexandre Benalla avait une réelle compétence sur « la protection des casernes » et « personnels de gendarmerie » après les attaques de Grenoble (Isère) cet automne. Le grade confié doit en effet correspondre à une compétence réelle. Ce grade est « temporaire » et correspond en fait à un niveau professionnel. Il ne donne en revanche « aucune prérogative de commandement » rappelle Richard Lizurey et il ne peut porter un uniforme. Et ne donner aucun ordre à quiconque.

Autre incohérence : selon la note interne de la gendarmerie, l’ex-conseiller n’a jamais été concrètement utilisé dans cette réserve.

Source : Le Parisien

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