Aéroports de Paris (ADP) : il n’y aura pas de référendum… mais pas de privatisation non plus !

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Les gilets jaunes s’étaient mobilisés contre la privatisation des Aéroports de Paris (ADP). – Philippe LOPEZ / AFP
La campagne de signatures pour obtenir un référendum sur la privatisation des Aéroports de Paris se conclura ce jeudi 12 mars par un échec. Mais selon les informations de Marianne, le gouvernement n’a pas l’intention d’engager la cession d’ADP. Voici pourquoi.

Le délai expire ce jeudi 12 mars. Les opposants à la privatisation des Aéroports de Paris (ADP) avaient neuf mois pour recueillir 4,7 millions de signatures de citoyens afin d’enclencher un référendum d’initiative partagée (RIP). Le compteur reste finalement bloqué à un peu plus d’un million de paraphes. Soit tout de même 2,1% des électeurs français, malgré la mauvaise volonté du gouvernement à mettre en ligne un site digne du XXIe siècle pour recueillir efficacement les signatures. Il n’empêche : ce n’est pas assez pour empêcher la privatisation.

Sauf que de privatisation, il n’y aura pas ! Référendum ou pas, Emmanuel Macron ne compte finalement plus engager le processus. C’est ce que confie à Marianne une source gouvernementale bien placée, qui détaille : « S’il n’y avait pas de crise économique et si les conditions de marché étaient parfaites, nous engagerions cette privatisation demain. La situation n’est pas celle-là. Il y a un million de signataires et les conditions de marché ne sont pas réunies. »

« Pragmatique »

Plusieurs lames de fond sont passées par là : la révolte des gilets jaunes, très actifs dans l’opposition aux privatisations, mais aussi l’épidémie de coronavirus qui a fait dévisser les marchés. Si bien que le gouvernement craint de ne pouvoir céder ADP à un prix intéressant – sachant que les recettes sont censées alimenter un fonds pour l’innovation. « Il faut être pragmatique. Toute notre attention est concentrée sur la crise actuelle », conclut notre source. Le coronavirus a bon dos…

La privatisation d’ADP, dont l’Etat détient 50,63% du capital, a donc été reléguée loin dans la pile des priorités du gouvernement. Voire tout en bas, malgré l’attachement du Président à cette opération. En 2016, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, avait pesé de tout son poids pour obtenir de François Hollande le feu vert. Un des rares arbitrages élyséens qu’il aura finalement perdu. Et il est très peu probable que la question de la cession de cette infrastructure majeure resurgisse avant la fin du quinquennat.

Une victoire pour le front des opposants, qui va des communistes à une fraction de la droite LR. A Bercy, on rappelle tout de même que, techniquement, l’Etat a désormais toute latitude pour privatiser : « La possibilité de descendre en dessous de 50% du capital est inscrite dans la loi », depuis l’adoption de la loi Pacte portée l’an dernier par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Nul doute que les opérateurs, Vinci en tête, restent à l’affût. Mais le temps va manquer d’ici 2022. « On ne peut mettre le processus en route qu’à la clôture des comptes, en début d’année, donc ça ne peut pas être avant janvier 2021, glisse une députée de La République en marche investie sur le sujet. Et après, il y en a pour six à neuf mois. La question de la proximité avec la présidentielle se pose. » A moins que Macron ne veuille rouvrir un débat politique explosif…

Source : Marianne

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