Accidents : les forces de sécurité en  » colère  »

Les forces de l'ordre ont intensifié leurs contrôles depuis le début de l'année. - Les forces de l'ordre ont intensifié leurs contrôles depuis le début de l'année.

Les forces de l’ordre ont intensifié leurs contrôles depuis le début de l’année.

Préfecture, forces de l’ordre et secours tirent la sonnette d’alarme. Ils constatent un relâchement des comportements. Déjà 18 personnes ont perdu la vie.

Lorsqu’on arrive sur une intervention, les véhicules sont déformés. On voit des scènes quasiment de chaos avec parfois un silence complet. Et, des fois, ce sont les cris de la famille, des amis, des témoins… Le capitaine Damien Lopez, commandant du centre de secours de Blois-Sud, raconte avec justesse ce que les pompiers vivent lorsqu’ils secourent des personnes victimes d’accidents de la route. Des scènes que pompiers, Samu, police, gendarmerie et préfecture voudraient ne plus voir et qui provoquent leur « colère. »

20 % de blessés en plus

Depuis le début de l’année, dix-huit personnes ont perdu la vie sur les routes du département, soit deux de plus que l’an passé sur la même période. « C’est trop ! Chaque mort est un mort de trop », lance Alain Brossais, directeur de cabinet du préfet.
Les autorités constatent également davantage d’accidents et 20 % de plus de blessés.
Cette hausse des accidents traduit un « relâchement des comportements et une prise de risque de plus en plus importante. »
La multiplication des accidents et l’augmentation de leur gravité provoquent la « colère » et « un peu de révolte » chez le docteur Akli Chekroun, chef du Samu à Blois. Il appelle à la responsabilité des conducteurs. Car les accidents trouvent leur origine dans des fautes de comportements. Au premier rang desquelles se trouvent la vitesse, l’alcool et/ou l’usage de produits stupéfiants. Le lieutenant-colonel Philippe Bartolo, n° 2 des gendarmes, rappelle qu’un « accident n’est pas monocausal, que c’est un ensemble de facteurs » et « que la vitesse a un lien étroit avec la gravité du choc. » « Nous aussi nous sommes en colère… Annoncer à 3 h du matin à un père, une mère, qu’il a perdu un enfant, pour nous c’est quelque chose de très difficile… Le cœur de notre métier, c’est de sauver des vies », insiste le commandant en second du groupement de gendarmerie. Le commissaire Guy Milin, patron des policiers, se dit « scandalisé par ces comportements dangereux qu’on constate au quotidien. » S’il appelle chaque conducteur à être responsable, il insiste sur une nécessaire prise de conscience collective, la sécurité routière étant l’affaire de tous.

Contrôles en hausse

Depuis le début de l’année, policiers et gendarmes n’ont pas ménagé leurs efforts. Des deux côtés, les contrôles sont en hausse… les infractions aussi. Les sanctions pénales ont été durcies et la justice a multiplié les réponses rapides (via des comparutions immédiates), notamment pour les récidivistes. Et les actions de prévention se poursuivent. Mais, pour l’heure, les indicateurs sont dans le rouge, au grand dam de tous les acteurs de la sécurité routière.

 » Rendre le conducteur plus responsable « 

Pour lutter contre l’insécurité routière, la préfecture, en partenariat avec les forces de l’ordre, les associations et les établissements scolaires, met en place des mesures d’éducation et de prévention dans le but de « rendre le conducteur plus responsable », insiste Alain Brossais. Pour le directeur de cabinet du préfet, les volets éducation, prévention, mais aussi répression sont intimement liés.
Le Centre départemental d’éducation à la sécurité routière accueille chaque année sur ses parcours, à Blois, entre 3.000 et 4.000 jeunes qui s’initient au code de la route à vélo. « L’expérience montre que si on commence au plus jeune âge, il y a une acculturation à la route, même à vélo, on retrouve les problématiques de la route d’un adulte », souligne Alain Brossais. Des actions de sensibilisation sont également menées au sein même des établissements scolaires du département.
Cette éducation se poursuit à travers des actions de prévention. Si 80 % des conducteurs ont au moins 11 points sur leur permis, reste qu’une prévention constante est nécessaire. Environ 15 % des usagers de la route sont des personnes qui prennent régulièrement des risques, les 5 % restant sont des « délinquants routiers » comme les nomme Alain Brossais. « Ce sont des personnes qui adoptent une conduite à risque, qui récidivent dans les infractions. » C’est cette dernière « catégorie » de conducteurs – « ultraminoritaire, mais la plus dangereuse » – qui est le plus difficile à sensibiliser. « La communication grand public a dû mal à toucher ces personnes-là. » La préfecture envisage de mettre en place à l’automne des rencontres entre ces conducteurs et des victimes d’accidents, car il faut « travailler la psychologie, la représentation de la route. »
Fin juillet, la préfecture va également lancer une nouvelle campagne de prévention, destinée cette fois à tout un chacun. Avec un message : « Ne pas prendre les routes du Loir-et-Cher pour un circuit. »

Florence Vergne

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