Taxes sur le carburant : François Ruffin dénonce « un greenwashing de l’injustice fiscale »

Capture d’écran 2018-11-17 à 21.46.41Pour le député de la France insoumise, l’argument écologique de la hausse des taxes sur le carburant, à l’origine de la gronde des gilets jaunes qui appellent à un blocage de la France le samedi 17 novembre, cache un matraquage fiscal des plus modestes. François Ruffin appelle à « une transition écologique dans la justice ».

Comme souvent avec François Ruffin, la formule est préparée et efficace. Invité de France Inter ce jeudi 15 novembre, le député de la France insoumise (LFI) avait affûté son verbe pour condamner la politique du gouvernement de hausse des taxes sur le carburant à l’origine de la mobilisation des gilets jaunes qui appellent à une journée de blocage des routes ce samedi 17 novembre.

Pas convaincu par les annonces compensatoires d’Edouard Philippe la veille, qu’il qualifie de « bricolage« , le trublion Insoumis n’est l’est guère plus par l’argument écologique de la fin du diesel : « C’est du greenwashing de l’injustice fiscale« . Et de comparer Emmanuel Macron à un « Robin des bois à l’envers, qui prend aux pauvres pour donner aux riches, et qui est repeint en vert ».

Ruffin dénonce une taxe carbone injuste

Comment l’élu de la Somme, pourtant favorable à la sortie du diesel, peut-il s’opposer à des mesures qui poussent les Français à mener cette transition ? Parce que pour lui, la transition écologique doit se mener « dans la justice« . Or, reproche-t-il à Emmanuel Macron et Edouard Philippe, la taxe carbone s’applique uniformément à tous les Français, frappant même en priorité ceux qui habitent les zones rurales, qui ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois et n’ont surtout aucune alternative à la voiture pour se déplacer. Une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a ainsi montré que la hausse de la taxation sur le carburant fait peser un effort quatre fois plus important pour les 10% les plus pauvres que pour les 10% les plus riches.

 

Surtout, la taxation écologique du gouvernement, dont Edouard Philippe n’hésite pas à proclamer qu’elle va « libérer«  les Français, paraissent contradictoires avec les intentions affichées. Sur France Info, le délégué général de l’association de défense des consommateurs CLCV, François Carlier, a ainsi relaté un rendez-vous à Matignon lors duquel l’équipe du Premier ministre lui aurait confié : « Pour supprimer la taxe d’habitation pour 80% des Français, on a besoin d’augmenter de beaucoup les taxes sur les carburants. Ce sera la seule taxe qu’on va augmenter mais on a besoin de le faire, sinon on ne peut pas faire les autres réformes fiscales« .

Taxes sur le carburant vs. ISF

Une indiscrétion niée avec vigueur par le gouvernement mais qui s’ajoute à une série d’autres faits : l’exécutif n’a pas cherché à instaurer de taxe sur les conteneurs, ni à imposer le transport par avion, pourtant très polluant. Le pacte ferroviaire signé en début d’année « ne contient pas une seule fois le mot climat, ni le mot biodiversité mais le mot concurrence y est 85 fois« , souligne encore François Ruffin. Quant à la nécessité de trouver de nouvelles recettes fiscales, l’opposition s’étonne qu’elle n’ait pas saisi le gouvernement lorsque celui-ci a décidé de supprimer l’Impôt sur la fortune ou d’alléger la fiscalité sur le capital. Une note du Laboratoire sur les inégalités mondiales montre que les décisions de l’exécutif ont permis au 1% les plus riches d’empocher 4,5 milliards d’euros de baisses d’impôts.

4,5 milliards, c’est justement un peu plus que le montant rapporté par l’augmentation des taxes sur le carburant, soit environ 4 milliards… qui ne seront même pas intégralement réinvestis dans la transition écologique. Bref, l’argument de la protection de l’environnement pour convaincre les Français de serrer les dents à la pompe ne promet guère de faire mouche.

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Source : Marianne

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