Privatisation des contrôles de vitesse l’OTRE dit non, comme la gendarmerie !

Jean-Yves Kerbrat

Le transport routier monte au créneau. « Le Ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a expliqué vouloir confier les opérations de contrôles de vitesse des automobilistes à des sociétés privées. Le motif de ce projet est dicté par le souci de recentrer policiers et gendarmes sur leurs missions de protection et de sécurité. Des entreprises privées seront donc chargées du pilotage des voitures banalisées transportant les radars mobiles. Dans cette perspective, l’OTRE redoute que les radars soient davantage des machines à cash que des outils pour la sécurité routière. Loin de la mission régalienne de l’État, une société privée a davantage le souci de réaliser des profits. Il est donc à craindre que le nombre de contrôles augmente en optimisant la « rentabilité » des opérations de contrôles des véhicules banalisés. » s’inquiète Jean-Marc Rivera secrétaire national de l’OTRE.

Gérard Collomb ministre de l’Intérieur

Il est rejoint dans cette réflexion de bon sens par Frédéric Le Louette, président de Gend XXI, l’association professionnelle des gendarmes qui n’est pas surpris par l’annonce qui le rend mécontent. Il déclare au quotidien Libération « Ce qui me gêne dans ce dispositif, c’est que je n’en vois pas l’intérêt. Ça ne va pas nous donner de marge de manœuvre supplémentaire. On va perdre plus de temps en procédures et si une infraction importante est constatée, il n’y aura pas d’arrestation immédiate.» En effet, il rappelle que si le contrôle va échoir à des prestataires privés, la verbalisation demeure une prérogative des officiers de police et de gendarmerie. Frédéric Le Louette dénonce un « flou politique » et dit attendre des informations.

Les contrôles doivent être effectués par des policiers ou des gendarmes

La police nationale emboite le pas des gendarmes. En effet, Fabien Vanhemelryck secrétaire général délégué de l’organisation syndicale Alliance n’est pas content « Plutôt que de faire des annonces à la presse, Gérard Collomb ferait mieux de s’adresser à nous. On lui aurait dit que ce n’était pas la première chose à faire. Pour nous, la sécurité routière relève de la lutte contre la délinquance. On ne met pas de radars pour faire de l’argent ». Pour le policier, les prestataires privés ne sont pas crédibles. « On va être remplacés par des sociétés qui n’y connaissent rien, qui ne connaissent pas les zones accidentogènes. Au lieu de passer à la télé, le ministre ferait mieux de s’occuper de son ministère ». Voilà qui est dit !

De son côté, Jean-Marc Rivera rappelle que l’augmentation du nombre des radars n’a pas fait diminuer les accidents liés à la vitesse. En revanche, elle a contribué à sanctionner massivement les petits excès de vitesse, à remplir les caisses de l’État et à fragiliser la situation des conducteurs professionnels. « En effet, si le conducteur professionnel est logiquement sanctionné en cas d’infractions commises, il peut également perdre son emploi en cas d’annulation de son permis de conduire, conséquence d’une succession d’infractions mineures. C’est, en quelque sorte, l’application d’une double peine pour le conducteur routier. » regrette l’OTRE qui redoute des dérives qui engendreraient une organisation digne des chasseurs de primes du far-West et défend la mise en place d’une vraie police d’État de la route cherchant à sanctionner les pratiques dangereuses et génératrices d’accidents.

L’OTRE plaide aussi, et depuis longtemps, pour la mise en place d’un permis professionnel à points en complément du permis de conduire personnel pour les conducteurs routiers. Pour le moment, l’Etat ne veut pas en entendre parler

Source : Transportissimo

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