5G : « Il ne faut pas confondre innovation technologique et progrès »

Vendredi, la Commission européenne a exhorté les gouvernements européens à accélérer le déploiement de la 5G dans l’UE. En France, 70 élus ont demandé un moratoire sur cette technologie qui permettra d’obtenir un meilleur débit et d’augmenter les performances des appareils connectés. Coordinateur de cette action, l’avocat et conseiller EELV de Paris, Émile Meunier, était l’invité d’Europe 1 samedi.INTERVIEW

« Je ne porterai pas de jugement, mais nous renvoyer, nous les écologistes, au ‘passé’, c’est une erreur. Pour moi, l’écologie, c’est synonyme de progrès ». Invité d’Europe 1, samedi, Émile Meunier, conseiller EELV à Paris et avocat, a réagi aux propos d’Emmanuel Macron tenus à l’occasion d’un discours sur l’innovation et la 5G, lundi. Le chef de l’État avait alors comparé les opposants à cette technologie à la communauté Amish, connue pour mener une vie simple, pacifique et austère, et se tenant à l’écart du progrès et des influences du monde extérieur. « Pour moi, le progrès, c’est le progrès humain. Une ville moins polluée, la réduction des inégalités… L’innovation technologique, on peut la mettre au service du progrès, mais il ne faut pas confondre innovation technologique et progrès », lance le conseiller EELV au micro d’Europe 1.

« La France n’a pas été capable de faire son propre rapport »

Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Michèle Rubirola… Dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche, près de 70 élus de gauche et écologistes ont demandé au gouvernement un moratoire sur le déploiement de la technologie 5G. Un moratoire qui, selon Émile Meunier, est soutenu par une large frange de la société. « Dans les sondages, la moitié des Français partagent nos convictions sur le moratoire sur la 5G », assure l’avocat. « C’est la preuve que dans l’opinion, ça dépasse les clivages politiques ».

Récemment interrogé par Europe 1 à ce sujet, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili avait affirmé, rapport à l’appui, qu’il n’existait aucun risque sanitaire lié à la 5G. Mais Émile Meunier doute de cela, et regarde ledit rapport d’un œil méfiant. « Ce n’est pas un rapport,mais une méta-analyse », précise-t-il. « Cela veut dire que la France n’a pas été capable de faire son propre rapport et est allée lire les rapports des autres et en a tiré des conclusions », poursuit le conseiller écologiste, ajoutant toutefois qu’une enquête de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) est en cours.

« On pourrait attendre que cette autorité rende son rapport avant de se lancer dans la technologie », suggère Émile Meunier. En effet, les écologistes courent après le temps. Le rapport de l’Anses est prévu pour le mois de mars, or, pour l’installation de la 5G, les différents opérateurs devraient dégainer dès le mois de mars.

« Vous avez une autoroute remplie de voitures, demain vous en aurez dix remplies de voitures »

Vitesse de connexion accrue, débit internet dix fois plus rapide, multitude d’objets connectés… Si certains voient là un progrès technologique sans commune mesure, Émile Meunier, lui, calcule en émissions de CO2. « Vous allez multiplier le trafic par 4, puis par 10, puis par 50, et ça c’est extrêmement énergivore parce qu’il faut des serveurs, fabriquer de nouvelles antennes, les faire fonctionner… », poursuit-il, utilisant la métaphore de l’autoroute. « Vous avez une autoroute remplie de voitures, demain vous en aurez dix remplies de voitures ».

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