Le suicide de Maggy Biskupski pourrait être « la goutte d’eau » qui fera déborder « un vase bien trop volumineux »

Noam Anouar, membre du syndicat Vigipolice, dont Maggy Biskupski était une figure, dénonce sur franceinfo mardi le malaise général qui s’est emparé de la profession.

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Maggy Biskupski s’est suicidée avec son arme de service, lundi 12 novembre. Elle était l’un des porte-voix du mouvement « Mobilisation des policiers en colère » qui avait éclaté après l’attaque de Viry-Châtillon en octobre 2016. Noam Anouar, membre du syndicat Vigipolice, craint mardi 13 novembre sur franceinfo « que cette terrible nouvelle soit la goutte d’eau qui fasse déborder un vase bien trop volumineux ». Il est, comme l’était aussi Maggy Biskupski, poursuivi par l’inspection générale de la police nationale (IGPN) pour violation du devoir de réserve.

franceinfo : Comment avez-vous réagi à l’annonce du suicide de Maggy Biskupski ?

Noam Anouar : C’est malheureusement un drame qui s’ajoute à une liste déjà beaucoup trop longue. Pas plus tard que lundi dernier, un gendarme s’est donné la mort dans les jardins de Matignon. La semaine dernière, c’était un policier de la police aux frontières de Roissy. Et la liste est très longue. Je dirais que ce suicide est particulièrement violent du fait de la personnalité de Maggy qu’on appréciait tous, qui était très engagée dans son combat pour plus d’égalité et de meilleures conditions de travail dans notre métier. Malheureusement, il semblerait qu’elle ait payé de sa vie son engagement.

Maggy Biskupski s’est suicidée avec son arme de service. Elle était visée par une enquête de l’IGPN, la police des polices. Ce sont des éléments qui vous interpellent ?

Être policier aujourd’hui, c’est être entre le marteau et l’enclume. Vous subissez les foudres et la rancœur de la population puisqu’il s’agit de faire appliquer des lois qui sont parfois contraignantes et coercitives. Et effectivement la hiérarchie, depuis quelques années, est particulièrement oppressante dans la police. Maggy et moi-même en savons quelque chose puisque, pour être intervenu sur les plateaux et avoir défendu nos idées, on est systématiquement mis en cause par l’IGPN, menacé sur nos carrières personnelles, nos revenus. On est l’objet d’un chantage parce qu’on décide de dénoncer un climat délétère au sein de la profession qui se traduit, entre autre, par 80 suicides par an, le risque d’atteinte mortelle liée au terrorisme, au banditisme. Ça commence à faire beaucoup et je crains que ce suicide, cette terrible nouvelle, soit la goutte qui fasse déborder un vase malheureusement bien trop volumineux.

Après les manifestations en 2016, le directeur de la police national Jean-Marc Falcone avait affirmé ne pas être « en mode sanction » après avoir saisi l’IGPN. Vous et Maggy Biskupski êtes pourtant poursuivis ?

Oui, tout à fait. C’est ce que j’ai mentionné à l’IGPN. On m’a répondu que pour ceux qui avaient manifesté, il y aurait une certaine forme d’indulgence, mais pas pour ceux qui avaient parlé. C’est mot pour mot ce qui avait été dit. On m’a dit que ceux qui ont porté des messages devaient être sanctionnés.

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a rendu hommage à Maggy Biskupski…

Tous les messages de condoléances sont les bienvenus, mais bon, aujourd’hui, qu’est-ce qu’on fait ? M. Collomb avait convoqué les syndicats et proposé un plan anti-suicide qui vraisemblablement n’a pas porté ses fruits. Comment est-ce qu’on réagit après un tel acte ?

Le gendarme qui est mort dans les jardins de Matignon…On a nettoyé la flaque de sang, on l’a inhumé, on l’a fait remplacer par un de ses collègues et aujourd’hui il a été complètement oublié

Noam Anouar à franceinfo

Quand est-ce qu’on va pouvoir donner suite à ces appels au secours et à ces renoncements à la vie qu’ont exprimés certains de nos collègues ? Est-ce normal aujourd’hui de mourir pour son métier de cette façon-là ? Je pose la question.

Source : France TV Info

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