Jean-Michel Méchain le bâtisseur : un cloître complète la chapelle édifiée en souvenir de Benoît d’Agonnay

La chapelle construite par Jean-Michel Méchain, près de Saint-Savinien, possède désormais un cloître. Devenu bâtisseur, l’ancien colonel de gendarmerie a fait siens les outils des compagnons au milieu desquels trône l’élément premier, la pierre. Solide et prometteuse. Il la taille, la sculpte et lui parle latin quand le cœur lui en dit. 
Cette construction, c’est son œuvre, un témoignage de l’histoire qu’il léguera à la postérité. Une quête personnelle qu’il conduit avec passion sans demander un denier à la collectivité. 
La chapelle s’est enrichie d’un cloître
Jean-Michel Méchain à la tâche

Une aventure hors du commun

C’est une belle aventure que raconte Jean-Michel Méchain. Après une carrière militaire bien remplie entre Guyane et Kosovo, le voici de retour dans son département natal, la Charente-Maritime. Retraité, il pose ses valises à Saintes où il renoue avec le passé. Ses racines familiales se trouvent en Saintonge, près de Saint-Savinien. «  Quand j’étais enfant, mon père prétendait qu’un souterrain partait du château d‘Agonnay pour rejoindre une mystérieuse chapelle  » se souvient-il. De quoi susciter sa curiosité ! Il n’a jamais oublié cette histoire énigmatique qui est restée gravée dans sa mémoire.
Il y a une douzaine d’années, il se penche sur la fameuse légende. Quelle est la réalité historique ? Il consulte les archives et effectue des recherches du côté d’Agonnay, près de Saint-Savinien, commune où plusieurs parcelles portent le nom de “chapelle“. Pas de doute, elle a existé, mais il n’en reste rien. Où était-elle ? Il a bien une petite idée. Un jour de novembre, alors qu’il arpente un champ, une heureuse fortune le place face à une monnaie qui l’intrigue. «  Par la suite, j’y ai collecté des tessons de poterie blanche que j’ai montrés à Éric Normand, archéologue de la Drac. Il a fait une déclaration de découverte de site. La grande chapelle se trouvait là, sur un emplacement signalé par une sorte de tertre  ».
Jean-Michel Méchain est ému par cette découverte. Évidemment, il ne voit aucun souterrain (le château d’Agonnay est trop éloigné), mais l’édifice religieux dont lui parlait son aïeul est enfin localisé.

L’intérieur de la chapelle construite par J.M. Méchain. Elle éclaire une page de l’histoire locale
Clin d’œil aux Croisades et à Benoît d’Agonnay
Jean-Michel Méchain a publié un ouvrage très documenté sur le serment d’Agonnay et la chapelle de Pied Gautru aujourd’hui disparue. Au XIIIe siècle, elle résultait d’un vœu, celui d’un Croisé fait prisonnier et revenu au pays
Des travaux faits à la main

Le vœu de Benoît d’Agonnay

Jean-Michel Méchain se met alors en quête : Qui a fait construire le monument ? «  J’ai cherché activement » avoue-t-il. Des documents intéressants le conduisent à la conclusion suivante : Benoît d’Agonnay, envoyé à la Septième Croisade en 1248 par son suzerain Geoffroy de Rançon, seigneur de Taillebourg, en est le fondateur. Fait prisonnier par les Musulmans, il avait fait un vœu à la Vierge Marie : «  S’il survivait et retrouvait sa terre natale, il ferait construire une chapelle dans le secteur dit du Puy Gauthrel  ». Dont acte. Édifiée vers 1255, elle est confiée aux moines du prieuré de Saint-Savin de Taillebourg, lequel dépend de l’Abbaye de Saint-Savin de Gartempe, près de Poitiers.
Par la suite, le domaine, d’environ 85  hectares, est ravagé par la guerre de Cent ans et les Guerres de religion. Il finit ruiné. La mémoire s’estompe peu à peu.

C’est précisément parce qu’il est un ardent défenseur du patrimoine (il a créé à Saintes l’association ACMSantonum) que Jean-Michel Méchain a souhaité raviver le souvenir de cette chapelle au passé particulier. Et quoi de plus symbolique que d’en construire une nouvelle ? Un sacré défi à relever !
Pour y parvenir, il acquiert un bois situé non loin de l’emplacement initial de l’édifice (400 mètres environ). Son projet « ériger, à ses frais, une petite structure en souvenir du lieu de culte  » devient peu à peu réalité au milieu de la clairière. Des années et des années de travail, quel que soit le temps ! Fondations, murs, sculptures, symboles, chapiteaux, vitraux. L’ensemble prend forme… et réalité. Dans la région, l’initiative surprend avant de convaincre.
« Les gens viennent ici sans que je fasse la moindre publicité » souligne Jean-Michel Méchain qui poursuit son « chemin spirituel » à travers la création. Les visiteurs sont à la fois surpris et enthousiastes. Certains s’assoient et méditent, d’autres posent des questions sur cette réalisation. Celle qui revient le plus souvent est « comment avez-vous fait ? ». Des objets religieux (prie-Dieu, statues, livre de messe, icône, etc) offerts par des privés à la chapelle, l’ornent de bienveillance.

• Eté 2018 : La construction de la chapelle du « Pied Gautru » est achevée. Jean-Michel Méchain peaufine les structures extérieures, dont un abri en cas de pluie et une tourelle. Il travaille à la main, sans outil électrique.

Des symboles à décrypter dans la tourelle…

 • 2020 : Le cloître est en bonne voie. Architecture du plus bel effet entre arcades et ramages !

Peu à peu, l’œuvre est devenue collective. Et elle se poursuit, ce qui en fait sa richesse et sa force.

Le cloître

• Accéder à la chapelle est auréolé de mystère : orée d’un champ, sentier menant jusqu’à la construction, frondaison pour toile de fond…

Sculptures ornant la chapelle

• Le carré Sator est un carré magique contenant le palindrome latin SATOR AREPO TENET OPERA ROTAS (groupe de mots qui peut se lire indifféremment de gauche à droite ou de droite à gauche en gardant le même sens). Ce carré figure dans plusieurs inscriptions latines (la plus ancienne à Pompéi). L’énigme formée par le sens de cette inscription a intrigué de nombreux savants.

© Nicole Bertin
Source et diaporama : Nicole Bertin

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