Cour de Karlsruhe : le surmoi allemand qui place la France et l’Italie en faillite virtuelle

euro-briséLe 5 mai dernier, la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe a rendu un arrêté s’opposant catégoriquement à la poursuite et l’intensification du Quantitative Easing, c’est à dire à la politique de soutien massif aux états en difficulté par le rachat de leurs dettes souveraines, Italie et France en tête. C’est un véritable coup de semonce contre l’Union que la Cour allemande vient de porter à l’UE, et Bruxelles ne s’y est pas trompée : la Cour de Justice de l’Union pourrait attaquer cet arrêt, et ouvrir ainsi un conflit entre Bruxelles et Berlin.

Première remarque : notre Conseil Constitutionnel a jugé depuis longtemps qu’il n’était pas dans ses attributions de contester les traités internationaux, et les directives européennes en particulier. Soumettant ainsi la constitution française au droit européen, dans la hiérarchie des normes juridiques. En revanche, la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe est déjà intervenue par le passé contre des directives qui nuisaient à sa souveraineté. Depuis quelques années, Bruxelles restait suspendue avec angoisse aux arrêts de la Cour allemande. Aujourd’hui, Karlsruhe intervient contre le sauvetage financier des pays les plus endettés. Cela indique une différence majeure de comportement quant à l’Union Européenne : alors que la France, mais aussi l’Italie, se soumettent de facto au droit européen, l’Allemagne s’est toujours accordée la liberté de remettre en cause sur le plan juridique des directives contraires à son indépendance. Une nuance majeure, qui sous-tend que Berlin s’est arrogée depuis longtemps, via Karlsruhe, une forme de suprématie sur les Institutions de l’Union… C’est donc bien une Europe allemande que l’on a construit, et nous risquons de vite nous en apercevoir, à présent que nous allons vivre une situation de crise extrême…

Deuxième remarque : alors que l’Allemagne profite à plein d’une parité de l’euro qui avantage considérablement ses industries par rapport à la France ou l’Italie, elle se montre toujours plus réticente à participer aux politiques de soutien à ces pays affaiblis par une organisation monétaire dont elle a en grande partie dessiné les contours, au mieux de ses intérêts. Avec pour conséquence l’aspiration des industries françaises et italiennes par l’Allemagne, visible depuis quinze ans.

Alors qu’on prêtait au Royaume Uni un individualisme mortifère pour l’Union, on découvre ainsi que l’Allemagne ne vaut guère mieux : si l’on suit de près sa politique vis à vis de Bruxelles, on voit bien qu’elle voudrait profiter à plein des conditions favorables que l’Europe lui offre sur ses partenaires, sans jamais avoir à se soucier de leur sort. Politique à courte vue : l’Allemagne ne sortirait pas indemne d’une faillite de l’Italie ou de la France. Mais la pression de l’opinion publique allemande, particulièrement sensible aux questions monétaires (le souvenir de l’hyperinflation des années trente est toujours dans les esprits), crée une sorte de réflexe de Pavlov, qui risque fort de pousser l’euro vers la sortie, dans un fracas économique et financier indescriptible.

 

Au rythme où vont les choses, la fin de l’euro est proche : sans aide de la BCE, l’Italie et la France vont décrocher. L’Europe fédérale n’existe pas, car les nations sont toujours là, et bien là. Et Karlsruhe est là pour le rappeler, à chaque fois que ses intérêts sont en cause…

Olivier PIACENTINI

VPF d’honneur

Source : Volontaires Pour la France

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