Un scandale de corruption éclate en Ukraine et implique des collaborateurs de Volodymyr Zelensky, deux ministres démissionnent
Auteur(s) M. A. Publié le 14 novembre 2025 – 11:00

Supinsky AFP
Un scandale de corruption de plus qui éclabousse Volodymyr Zelensky et son entourage le plus proche. Deux organismes ukrainiens de lutte contre la corruption ont révélé cette semaine un vaste système de blanchiment d’environ 100 millions de dollars au cœur de la société énergétique publique, Energoatom. Le principal accusé n’est autre que l’associé du président ukrainien. Ses ministres de l’Énergie et de la Justice ont présenté leur démission ce mercredi.
Le scandale de corruption révélé en Ukraine concerne un vaste système criminel établi autour de l’entreprise publique du nucléaire, Energoatom. Après une enquête de quinze mois, le Bureau national ukrainien de lutte contre la corruption (NABU) a mis au jour un réseau qui extorquait des fonds à des sous-traitants d’Energoatom, les obligeant à verser des pots-de-vin représentant environ 10 à 15 % de la valeur de leurs contrats. Au total, environ 100 millions de dollars auraient été blanchis par ce système.
Deux ministres démissionnent
L’enquête, connue sous le nom d’ »opération Midas », a conduit à soixante-dix perquisitions après quinze mois d’investigation. Des centaines d’heures d’écoutes téléphoniques ont permis d’identifier plusieurs protagonistes clés, dont Dmytro Basov, ancien procureur et ex-chef de la sécurité physique d’Energoatom, et Ihor Myroniuk, ancien conseiller d’un ex-ministre de l’Énergie. L’organisation de ce réseau criminel ne reposait pas sur des fonctionnaires officiels, mais sur des personnes extérieures contrôlant les achats de l’entreprise.
Cinq personnes ont été interpellées et sept inculpées. « Le travail accompli a permis d’obtenir des milliers d’heures d’enregistrements audio, qui constituent des preuves des activités d’une organisation criminelle de haut niveau opérant dans les secteurs de l’énergie et de la défense », avait expliqué la NABU dans un communiqué.
Une figure majeure impliquée est Timour Minditch, un ancien partenaire commercial de Volodymyr Zelensky copropriétaire de la société de production de ce dernier, Kvartal 95. Minditch, chef présumé du groupe, aurait déployé une influence considérable, s’appuyant sur ses liens proches avec le président ukrainien. Il est parvenu à quitter l’Ukraine juste avant le début des perquisitions, selon plusieurs médias. Il est accusé d’avoir exercé « un contrôle sur l’accumulation, la distribution et la légalisation de fonds d’origine criminelle dans le secteur énergétique ukrainien”, selon le procureur du Parquet spécialisé anticorruption (Sapo). Le suspect a profité de ses « relations privilégiées avec le président ukrainien » pour ses activités criminelles, explique-t-il.
Mercredi, deux ministres du gouvernement ukrainien ont démissionné. Guerman Galouchtchenko a acté son départ du ministère de la Justice, peu après celui de la ministre de l’Énergie Svitlana Gryntchouk, comme l’avait demandé un peu plus tôt Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien a aussi encouragé les responsables à coopérer avec les organismes de lutte contre la corruption, en veillant à ne pas commenter les accusations portées à l’encontre de son partenaire commercial, Timour Minditch.
Zelensky voulait contrôler la NABU et le Sapo
Svitlana Gryntchouk a indiqué sur Facebook avoir “rédigé une lettre de démission » tout en affirmant n’être à l’origine d' »aucune violation de la loi ». Quant à Guerman Galouchtchenko, il était son prédécesseur à ce poste, et figure parmi les personnages clés de l’affaire avec Timour Minditch. Guerman Galouchtchenko est quant à lui accusé par le Sapo d’avoir perçu des « avantages personnels » de la part de Timour Minditch en échange de son contrôle sur les flux financiers du secteur énergétique.
« Les ministres ont présenté leur démission conformément à la loi », a indiqué sur Telegram la Première ministre Ioulia Svyrydenko. Leur remplacement doit désormais être validé par le Parlement.
La société étatique Energoatom avait confirmé avoir fait l’objet d’une perquisition, exprimant sa disposition à “coopérer” à l’enquête, sans commenter les accusations de corruption.
La veille de la démission des deux ministres, le gouvernement ukrainien a limogé le conseil de surveillance d’Energoatom, une pièce maîtresse du système de corruption révélé par le Sapo et la NABU.
Hier jeudi, le président ukrainien a imposé des sanctions contre son ami proche, Timour Minditch, prévoyant entre autres le gel de ses biens, selon un décret publié par la présidence.
Ce scandale intervient dans un contexte particulier pour l’Ukraine et son président. Kiev, candidate express à une adhésion à l’UE, pourrait voir ses chances s’amenuiser, en raison non seulement de l’opposition de plusieurs pays notamment la Hongrie qui opposent leur véto, mais aussi de son incapacité à éradiquer la corruption, particulièrement celle liée à l’entourage de Volodymyr Zelensky.
En outre, ces deux agences étaient dans le collimateur de Volodymyr Zelensky cet été. Le président ukrainien souhaitait les placer sous le contrôle du gouvernement, s’attirant aussi bien la foudre des Ukrainiens que celle de Bruxelles.
Source : France Soir
Laisser un commentaire