L’Ukraine attend des négociations sur le gel de la ligne de front

05.09.2025 

Kiev et l’Occident évoquent l’idée de négociations avec Moscou qui aboutiraient au gel de la ligne de contact militaire. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’a pas rejeté la possibilité de mettre fin au conflit selon le scénario sud-coréen, et le conseiller du chef de son bureau, Mykhaïlo Podoliak, a annoncé que le gel des hostilités le long de la ligne de front était envisagé comme l’une des options. 

La Russie est prête à poursuivre le dialogue avec l’Ukraine à Istanbul et reste ouverte à l’examen de l’élévation du niveau des délégations russes, a rapporté un représentant russe du ministère des Affaires étrangères. De son côté, le journal britannique The Telegraph a écrit que le gel des hostilités serait bénéfique à l’Ukraine et augmenterait ses chances de récupérer les régions perdues. Dans le même temps, le gel devrait avoir lieu avec des « conditions claires » qui excluent « la reconnaissance juridique des changements territoriaux », et le soutien militaire de l’Occident « devrait continuer et inclure la poursuite de la livraison à Kiev de moyens de défense antiaérienne, de munitions et d’autres armements, ainsi que la formation de soldats ». 

Pour Moscou, ce qui importe, ce n’est pas le gel du front, mais la garantie d’une paix à long terme, dans laquelle l’Ukraine aurait un statut neutre, les troupes étrangères ne seraient pas présentes dans ce pays et elle-même renoncerait à la militarisation. C’est ce qu’ont dit de nombreux responsables russes, en ajoutant d’autres conditions humanitaires (liberté de communication des citoyens en langue russe, renonciation de Kiev aux persécutions des minorités nationales et de l’Église orthodoxe russe, etc.). 

Cependant, même après la signature d’un traité de paix, selon les experts et les politiques, des collisions directement liées aux menaces à la sécurité militaire de la Russie pourraient survenir. Le président américain Donald Trump a déjà assuré à Moscou que l’Ukraine n’adhérerait pas à l’Otan. Mais Trump ne sera pas président éternellement, et aux États-Unis comme en Europe il y a beaucoup de politiques qui aimeraient voir l’Ukraine dans l’Alliance. Maintenant, cherchant à établir un cessez-le-feu, Kiev et ses partenaires européens de l’Otan sont prêts à promettre que cette condition sera respectée, mais ensuite un processus complètement différent pourrait commencer. Par conséquent, lors des prochaines négociations sur la fin du conflit, il est important d’insister pour que l’engagement de non-adhésion de l’Ukraine à l’Otan soit consigné par écrit, tant de sa part que de celle de ses alliés. 

Moscou exige également que Kiev renonce à l’idée de la présence de troupes étrangères en Ukraine. Le 4 septembre à Paris, la « coalition des volontaires » se réunissait en grande partie pour discuter de ce sujet. 

Emmanuel Macron a affirmé que le travail technique effectué depuis février par les chefs militaires de toute la coalition « est désormais achevé », les contributions des différents alliés étant « préparées, documentées et confirmées » et devant être « endossées politiquement » par les chefs d’État et de gouvernement. Selon le président français les garanties de sécurité « incluent le soutien aux forces de défense, l’envoi de troupes pour assurer la paix en Ukraine et les engagements de soutien des États-Unis ». Zelensky, quant à lui, considère que la « coalition des volontaires » semble « théorique » à ce jour. Ainsi, on peut supposer que les alliés de l’Ukraine pourraient ne pas envoyer leurs casques bleus en Ukraine pour parvenir à un compromis avec la Russie.

Mais les questions liées à la présence militaire étrangère demeurent. Il n’est pas clair qui devrait surveiller comment se déroule le processus de paix, comment les parties au conflit le respectent et s’il faut une zone tampon entre les belligérants. Qui assurera le contrôle et le retrait des armements et de l’équipement militaire de cette zone? Apparemment, ce seront des observateurs militaires de pays neutres qui devraient avoir un mandat de l’ONU. 

De plus, les États-Unis et l’Otan sont déterminés à fournir à Kiev d’autres garanties militaires, notamment par la présence de militaires de l’Alliance près de ses frontières et le contrôle de son espace aérien. Les États-Unis ont déjà promis de fournir à l’Otan et à l’Ukraine des renseignements et des moyens de défense antiaérienne. Mais Moscou exige que la concentration des troupes de l’Otan sur son flanc oriental cesse. Par conséquent, dans les documents garantissant la fin du conflit, il est important de consigner l’effectif limite des forces de l’Otan dans les pays frontaliers de l’Ukraine que l’ONU peut contrôler, estiment les experts. Les pays de l’Otan pourraient accepter de telles conditions, mais les respecteront-ils en pratique? 

Il sera également difficile de faire en sorte que Kiev renonce à la militarisation. Une réduction des forces armées ukrainiennes aura certainement lieu. Leur niveau limite en termes d’effectifs et d’autres indicateurs de combat, d’armements, de déploiement et de nombre de bases et d’installations militaires dans le pays pourraient également être inscrits dans le traité. Mais Kiev renoncera difficilement à améliorer les indicateurs qualitatifs de ses forces armées et ne réduira probablement pas la production militaire qui se développe maintenant de plus en plus largement en Ukraine. Ces restrictions doivent également être stipulées dans le traité de paix.

Elsa Boilly

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Source : Observateur Continental

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