Vouvray : la gendarmerie a-t-elle sa place dans les vignes ?
Le syndicat de défense de l’appellation veut préserver le vignoble d’une urbanisation mal maîtrisée.
Les vignerons vouvrillons dénoncent le projet de transfert de la brigade territoriale sur un terrain classé dans l’aire d’appellation contrôlée. La municipalité en appelle à “ l’intérêt général ”.
A Vouvray, le vignoble est sacré. Dans l’aire d’appellation, tout le monde se souvient de la bataille du TGV au début des années 80. Après des mois de tension et quelques échauffourées, les vignerons du cru avaient obtenu l’aménagement d’un tunnel ferroviaire long de 1,5 km sous le coteau afin d’épargner 30 hectares de vignes classés en AOC.
L’histoire va-t-elle se répéter ? On ne peut pas s’empêcher d’y penser en considérant le nouveau sujet de mobilisation qui agite aujourd’hui le vignoble. Cette fois, c’est le projet de transfert de la brigade de gendarmerie qui suscite la polémique.
Logés sur les bords de Loire depuis 1975, les militaires sont à l’étroit dans des locaux inadaptés. En partenariat avec Val Touraine Habitat, la communauté de communes Touraine-Est Vallées (qui réunit les deux anciens cantons de Vouvray et Montlouis) souhaite construire une nouvelle caserne (regroupant 160 m2 de locaux et quatorze pavillons individuels) au lieu-dit « Les Quarts de Gaudrelle », sur un terrain de 5.000 m2 classé dans l’aire d’appellation contrôlée. C’est là où le bât blesse.
Tandis que le projet fait actuellement l’objet d’une enquête publique en mairie (jusqu’au 16 mars), les vignerons vouvrillons montent au créneau pour « préserver le patrimoine viticole » face à une urbanisation qu’ils jugent mal maîtrisée. Femme de viticulteur et fille de l’ancien maire Pierre Darragon, Brigitte Aubert a été parmi les premières à tirer la sonnette d’alarme. « Aux portes de Tours, les tentations sont grandes. Nous ne pouvons sans cesse réduire la surface de notre appellation. Petit à petit se laisser grignoter… Protégeons ce que nos anciens nous ont transmis », écrit-elle en s’inquiétant par ailleurs des traitements phytosanitaires à proximité immédiate de la future caserne.
Une parcelle en friche depuis 1946 Président du syndicat de défense de l’appellation, Jean-Michel Pieaux est sur la même longueur d’onde. Il dénonce un projet mené « sans concertation ni discussions » qui risque de miter un peu plus le vignoble alors que « les réserves foncières de l’appellation n’excèdent pas 300 hectares ».
Face à ces attaques, la maire de Vouvray – Brigitte Pineau (elle-même femme de vigneron) – reste très discrète. Ses colistiers sont chargés d’apporter la réplique. Conseiller municipal, Pascal Baronne souligne que la parcelle en question n’est plus cultivée depuis 1946 et qu’elle devrait être déclassée en friche. « Les normes de sécurité imposées par la gendarmerie sont draconiennes. Le site retenu est le seul à avoir été validé par les autorités », explique-t-il en invoquant « l’intérêt général ».
De son côté, le premier adjoint au maire – Gérard Serer – souligne que le projet de transfert s’inscrit dans le plan local d’Urbanisme (PLU) et qu’il a été validé par le ministère de l’Agriculture. Enfin, les deux élus assurent qu’une remise en cause de ce projet entraînerait immanquablement le transfert de la gendarmerie vers Montlouis. Autant dire un affront pour les Vouvrillons…
Source : La Nouvelle République
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