Vol d’armes à Vannes. L’incroyable enquête des gendarmes du Morbihan

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Dans le coffre d’une des voitures : 19 fusils de chasse. Cinq ont disparu et ne sont, aujourd’hui, toujours pas retrouvés. | DR

EXCLUSIF. En octobre 2016, un cambriolage est commis dans le magasin Alcédo à Vannes. Vingt-quatre armes sont dérobées après que le toit a été scié. Voici comment l’enquête de la gendarmerie du Morbihan a été menée.

Dans la nuit du 1er au 2 octobre 2016, plusieurs individus s’introduisent dans l’armurerie Alcédo, zone de Luscanen, à Ploeren, près du Centre Leclerc de Vannes.

La méthode des cambrioleurs va tout de suite intriguer les enquêteurs de la gendarmerie de Vannes : les auteurs ont pris le soin d’orienter les caméras de surveillance vers le sol avant de grimper sur le toit et de le scier avec une disqueuse, juste au-dessus de l’armoire renfermant carabines et fusils de chasse.

Cinq heures de surveillance par jour

« Lorsque nous intervenons, nous nous rendons compte, très rapidement, que le mode opératoire ressemble étrangement à d’autres cambriolages commis dans des résidences principales et des commerces », raconte un enquêteur de la cellule d’appui judiciaire du groupement de gendarmerie du Morbihan.

Cette cellule a la particularité de procéder à des analyses stratégiques et techniques des phénomènes criminels.
C’est maintenant officiel. Les auteurs présumés sont identifiés. Il s’agit notamment d’individus interpellés auparavant pour des cambriolages à Plœren et remis en liberté dans l’attente de leur jugement.
Se met alors en place une traque. « Jusqu’à cinq heures de surveillance par jour, de 17 h à 22 h, tous les soirs durant trois mois », poursuit un enquêteur.

Le groupe « Laer » mène les investigations

Le 9 janvier 2017, la gendarmerie du Morbihan décide de créer un groupe d’enquêteurs dédié exclusivement à ce dossier. Il porte le nom de Laer (voleur en breton).

Trois hommes de la brigade de recherches de Vannes, trois de la cellule d’appui judiciaire et deux de la communauté de brigades de Vannes et Theix vont, 24 heures sur 24, tenter d’élucider ce vol. Une information judiciaire est ouverte. « Nous vivons à ce moment-là une série d’attentats. Notre objectif premier est alors de récupérer le plus rapidement possible les armes », explique le capitaine Le Roch.

Un mois plus tard, les armes sont enfin localisées. Les receleurs veulent s’en débarrasser. Il faut agir vite. « On sait alors que des hommes sont en contact avec des acheteurs des Côtes-d’Armor. Il y a eu une première tentative de transaction qui a échoué. Le 28 mars, une nouvelle transaction est organisée sur le terrain des gens du voyage de Saint-Avé. Nous sommes prêts à intervenir », enchaîne l’enquêteur.

Sur le lieu de vente, deux voitures arrivent. Un homme descend de la première et pénètre sur le terrain. Il en ressort rapidement. « Nous pensions devoir interpeller un seul homme, poursuit l’enquêteur, mais les vendeurs décident de suivre les deux voitures des acheteurs. Une ouvreuse et une suiveuse. Nous devons alors revoir notre plan. »

Le GIGN de Nantes déployé

L’interpellation est imminente. L’hélicoptère de la section aérienne de Rennes survole la zone en toute discrétion. Il est décidé de « coffrer » les quatre hommes à Colpo, sur une zone de travaux. L’antenne du GIGN (Groupement d’intervention de la Gendarmerie nationale) de Nantes se met en place avec les enquêteurs du groupe, le peloton de surveillance et d’intervention avec l’escadron de gendarmerie mobile et d’une équipe cynophile. Au total, 80 hommes du groupement de gendarmerie du Morbihan sont déployés.

Quatre personnes sont menottées sur place, cinq autres sont arrêtées à Vannes et Saint-Avé et quatre véhicules sont saisis. Dans le coffre d’une des voitures : 19 fusils de chasse. Cinq ont disparu et ne sont, aujourd’hui, toujours pas retrouvés.

C’est donc la fin d’une incroyable traque qui aura duré soixante jours. La page se tournera définitivement, en tout cas les gendarmes l’espèrent, le 22 février prochain. Durant tout un après-midi, une dizaine de personnes comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Vannes. Ils devront répondre, pour certains, de vol par effraction, association de malfaiteurs et non justification de ressources.

Source : Ouest-France

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