Vive le corona : libérations obligatoires !

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L’actualité de ces dernières semaines a montré l’insupportable progression d’une culture « anti-flics » qui s’est ancrée dans le quotidien. Il n’a fallu rien de moins que la mort de George Floyd à Atlanta, le racisme d’une certaine police aux Etats-Unis et la folie violente et dévastatrice qui a embrasé plusieurs villes pour relativiser les polémiques françaises (Le Figaro).

Mettre à mal les accusations permanentes proférées à l’encontre de notre police et rendre totalement ridicule l’allégation qu’on aurait peur d’elle parce qu’elle massacrerait « des milliers de personnes rien que pour leur couleur de peau ».

Si l’épidémie a été une épreuve pour tous et une tragédie pour ceux qui ont perdu beaucoup d’êtres chers, j’ose dire que sur le plan judiciaire et pénitentiaire elle a été honteusement exploitée.

Comme un prétexte pour se donner le droit de tomber dans le pire. Avec bonne conscience puisque, paraît-il, on ne pouvait pas faire autrement et que la réalité dramatique nous aurait imposé le laxisme. Il faut voir comme certains ont sauté sur l’occasion, de quelques magistrats à la garde des Sceaux.

Il y a tout de même la bagatelle de 14 000 détenus qui ont été libérés par la ministre de la Justice pour éviter une flambée épidémique dans les prisons (4 480 prévenus et 8 995 condamnés). Sans qu’à l’évidence on se soit interrogé sur le futur de notre société avec cette mansuétude importante et qu’on ait même tenté de mettre en oeuvre des modalités et des transferts pénitentiaires qui auraient permis d’éviter une telle aberration prétendue contrainte.

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Derrière cet apparent cas de force majeure qui a abouti à ce miracle d’un nombre de détenus inférieur aux places opérationnelles, il y a eu bien plus : la volonté d’en tirer profit pour faire accepter des dispositions et des pratiques que les temps ordinaires avaient contestées. Le laxisme prétendument sanitaire doit être inscrit dans le marbre pénitentiaire. Une philosophe aberrante qui avait du mal à convaincre va user d’une conjoncture troublée et parfois tragique pour s’incarner dans la réalité sans qu’on mesure les probables conséquences désastreuses pour notre société de cette vision angélique de « progressisme de gauche » qui n’a rien à voir avec un authentique humanisme : celui-ci n’est pas condamné à affirmer que le mal est un bien pour se justifier.

Le Chancellerie décrète que « il est essentiel que l’augmentation de l’activité juridictionnelle se conjugue avec une politique volontariste de régulation carcérale ». Pour aller au fait, on ne met en prison quelqu’un que si quelqu’un en sort. Quelques juges de l’application des peines se sont évidemment réjouis de cette aubaine sans questionner l’avenir immédiat de ceux qui seront libérés trop vite, trop tôt et de ceux auront toute latitude à l’air libre pour sévir avant qu’on puisse les incarcérer.

Une circulaire du 20 mai – selon un procureur, « la plus laxiste qu’ait jamais diffusée la Chancellerie » (Le Figaro) – prescrit de « mettre fin aux emprisonnements de courte durée », qui bien ciblés sont souvent les plus efficaces,et de « favoriser le prononcé de peines alternatives à l’incarcération », comme si ces dernières pouvaient s’attacher à d’autres comportements qu’aux transgressions les moins graves.

Les peines de moins d’un mois sont prohibées tandis que celles de moins de six mois devront être obligatoirement aménagées. Les travaux d’intérêt général commencés avant le confinement seront considérés comme terminés même si le solde n’est pas négligeable avec l’octroi d’un tiers de remise (Valeurs actuelles).

Alors que la délinquance et la criminalité vont reprendre leur cours inquiétant et que le laxisme sanitaire, qu’on cherche à prolonger abusivement, va se briser sous l’effet du réel et que la dure loi de celui-ci rendra vaine une impossible régulation carcérale, on ne peut manquer de souligner une irresponsabilité pénitentiaire créatrice probable d’un fléau social.

Il est choquant d’exploiter une crise conjoncturelle et bouleversante pour laisser croire à ses conséquences bénéfiques, la normalité retrouvée et restaurée.

Source : Philippe Bilger

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