VIDEO. Lanceur d’alerte : « J’ai juste refusé de faire des choses illégales », raconte Denis Breteau, licencié puis réintégré à la SNCF

EXPOSE(S) L’ingénieur Denis Breteau a dénoncé des appels d’offres truqués de la part de la SNCF en faveur du géant américain IBM. C’est le premier lanceur d’alerte à avoir bénéficié de la loi Sapin 2

640x410_denis-breteauDenis Breteau a dénoncé des appels d’offres truqués de la part de la SNCF en faveur du géant américain IBM. — D.B.

  • Maltraitance en Ehpad, risques sanitaires, dysfonctionnements du système politique… Ces hommes et ces femmes ont permis de dévoiler des scandales jusqu’ici ignorés du grand public.
  • Cette semaine, Denis Breteau, cadre au service des achats à la SNCF, raconte comment il a été licencié par la SNCF, puis finalement réintégré après une action en justice, après avoir dénoncé des appels d’offres truqués.
  • Il est le premier à avoir bénéficié de la protection des lanceurs d’alerte dans le cadre de la loi Sapin 2.
  • Après une plainte en 2013, une enquête a été ouverte en 2017 par le Parquet national financier (PNF) concernant des soupçons de malversations de la part d’une filiale de la SNCF.

Héros pour certains, traîtres pour d’autres, les lanceurs d’alerte mettent au jour des dysfonctionnements ou des actes répréhensibles et en payent souvent le prix fort. Seuls face à une entreprise, à des lobbys, à des laboratoires pharmaceutiques et même parfois face à l’État, ils signalent une menace ou un préjudice au nom de l’intérêt général. 20 Minutes leur donne la parole. Cette semaine, Denis Breteau, cadre au service des achats à la SNCF, raconte comment il a été licencié par la SNCF, puis finalement réintégré, après avoir dénoncé des appels d’offres truqués.

« J’ai reçu ma lettre de licenciement le 26 décembre 2018. Un joli petit cadeau de Noël, après dix-neuf ans de bons et loyaux services à la SNCF. Mais cela faisait déjà un moment, presque dix ans, que les relations étaient très tendues avec ma hiérarchie, et que ça ne tournait pas rond au service des achats dans lequel je travaillais à Lyon. Tout a commencé en 2009. On est venu me voir un jour en me disant de classer sans suite un appel d’offres en cours concernant l’achat d’un logiciel. J’ai trouvé ça bizarre, mais à ce moment-là, je ne me suis pas trop posé de question, et j’ai exécuté la consigne. Trois mois après, on est revenu me voir pour m’ordonner de conclure cet appel d’offres, sans faire jouer la concurrence, avec la société américaine IBM. Et au lieu du contrat de 1 million d’euros – qui était initialement prévu –, la facture s’élevait à près de 3 millions d’euros !

A l’époque, la compagnie venait de gagner le marché de transport du géant américain IBM. En contrepartie, la direction de la SNCF souhaitait que la multinationale ait celui de notre informatique. Mais procéder ainsi, c’était complètement illégal ! J’ai donc refusé de rentrer dans ce jeu d’appel d’offres truqué. On peut parfois être souple sur certaines choses, laisser passer quelques erreurs, mais acheter trois millions d’euros un truc qui en vaut un, ça n’était juste pas possible. C’était quand même l’argent du contribuable ! En interne, ça s’est su et ça a beaucoup fait réagir… Mais la direction a vite trouvé une parade. Pour contourner les règles de la commande publique – et donner les contrats à IBM sans appels d’offres –, la SNCF a décidé de créer en 2010 une société fictive, la filiale Stelsia. Ils ont ainsi pu réaliser des dizaines et des dizaines d’appels d’offres truqués. Ce qui représente, au final, entre 150 et 300 millions d’euros « perdus » par la SNCF.

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