Val-d’Oise : les policiers de la BAC estiment que leur parole «n’a plus de valeur»

8072850_5b62c306-7743-11e9-88ec-ef95b02a75c2-1_1000x625Cergy, ce mercredi. Les policiers ont manifesté devant la DDSP avant d’être reçus par celle-ci dans la journée. LP/Fr.N.

Environ 50 policiers se sont rassemblés à Cergy au lendemain de la condamnation de deux de leurs collègues pour violences aggravées. Ils dénoncent leur parole mise en doute par la justice.

Autour de 50 policiers venus de tout le Val-d’Oise, en majorité des fonctionnaires de la Bac (brigade anticriminalité) qui se rassemblent ce mercredi à Cergy pour soutenir leurs collègues devant l’entrée de l’hôtel de Police : l’image est inhabituelle. Elle intervient au lendemain de la condamnation de deux de leurs collègues pour violences par personnes dépositaires de l’autorité publique par le tribunal correctionnel de Pontoise. Deux policiers de la Bac qui ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis et surtout 10 mois d’interdiction d’exercer, pour l’interpellation violente d’un étudiant dans la nuit du 4 au 5 mai 2017, à Cergy.

« Nous sommes présents pour soutenir nos collègues. C’est une véritable injustice. Ils ont juste fait leur travail », estime un des fonctionnaires présents, marqué par la décision du tribunal. Certains policiers reconnaissent être découragés. « Nous sommes jugés, mis au pilori. Nous ne sommes plus soutenus », explique un policier de la bac pour qui la parole de ses deux collègues n’a jamais été prise en considération par le tribunal, au contraire de celle du plaignant.

«Chaque personne interpellée peut alors dénoncer un contrôle»

« L’étudiant dit qu’il a été roué de coups, dans la voiture, au commissariat, et il n’a que trois jours d’incapacité ? » s’interroge un fonctionnaire. « L’étudiant reconnaît la rébellion et la possession de produits stupéfiants, et il n’y a pas de procédure contre lui ? » demande un autre. « Chaque personne interpellée peut alors dénoncer un contrôle, porter plainte. On peut se retrouver devant le tribunal à chaque intervention alors que nous prenons des risques tous les jours. »

LIRE AUSSI >Police : en Essonne, les « baqueux » ont le moral dans les chaussettes

Les policiers ne refusent pas que leur travail soit contrôlé par la Justice, « ce qui est normal », mais contestent le manque de crédit dont celle-ci fait preuve à leur égard. « Nous sommes systématiquement mis en cause » estiment-ils. « Notre parole n’a plus de valeur, aucune, souligne ainsi un autre policier de la Bac. L’autre jour, nous sommes trois fonctionnaires et voyons une personne jeter du stupéfiant. Elle dit que non. Le magistrat demande une confrontation. La personne conteste toujours et c’est elle qui est entendue finalement, alors que nous sommes tous trois assermentés. »

Une délégation reçue à la DDSP

Une délégation de policiers a été reçue au cours de l’après-midi par le directeur départemental de la police du Val-d’Oise, Frédéric Lauze, venu à la rencontre des fonctionnaires. Une réunion de deux heures qui s’est déroulée en présence également de responsables syndicaux du département, Ludovic Collignon, pour Alliance, et Franck Lebas, pour Unité SGP-FO. « Le directeur a écouté la colère des fonctionnaires, le problème de leur parole remise en cause. Ils ont pu s’expliquer. L’échange a été constructif », confient ces derniers.

Les deux policiers condamnés mardi ont été également reçus par le directeur. Ayant fait appel de la décision du tribunal, qui est suspensif, ils n’ont pas fait l’objet d’une sanction administrative.

Source : Le Parisien

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *