Vaccination Covid en Ehpad : « Il n’y a que 20% de résidents favorables »

Les papys et mamies ont compris, le Rivotril leur a suffit !
Sans oublier l’élection du Macron en 2017 car les seniors avaient été majoritaires de son électorat  mais aussi les ponctions incessantes sur leur retraite qui s’en sont suivies.
 
Sûr que du Macron, ils s’en souviendront…
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© DR
Les personnes âgées en Ehpad seront les premières à pouvoir se faire vacciner contre la Covid en France. Mais 20% seulement y seraient favorables, selon Laurent Levasseur, Président de Bluelinea. Difficultés logistiques, manque d’informations… ​Pour lui, il est urgent que la France s’organise. Interview.

La France devrait autoriser le vaccin Pfizer dans les prochains jours contre la Covid-19. Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé, les personnes âgées en Ehpad seront les premières à pouvoir se faire vacciner. Mais 20% seulement y seraient favorables, selon Laurent Levasseur, Président de Bluelinea, entreprise au service des seniors en Ehpad. Difficultés logistiques, manque d’informations… ​Pour lui, il est urgent que la France s’organise. Interview.

Quelle proportion de résidents en Ehpad sont favorables à la vaccination ?

Chez Bluelinea, nous avons 1000 Ehpad connectés à notre plateforme et 30 000 personnes à domicile. La tendance que l’on observe aujourd’hui quand on les a au téléphone, c’est que sur 10 personnes âgées, vous en avez 2 qui vous disent qu’elles sont « pour » la vaccination, 4 qu’elles sont « contre » et 4 qui ne savent pas. Celles qui sont « contre » et celles qui ne savent pas, c’est exactement pour la même raison : d’un côté elles souhaitent attendre qu’il y ait du recul et de l’autre, elles souhaitent surtout obtenir l’avis de leur médecin traitant. Or, les médecins ne sont pas en capacité aujourd’hui de pouvoir émettre un avis médical éclairé. Donc, un, il n’y a que 20% des personnes âgées en Ehpad qui considèrent qu’elles vont être d’accord pour être vaccinées. Deux les médecins généralistes et coordinateurs hospitaliers manquent d’informations pour émettre un avis médical éclairé. On n’aura pas de changement du nombre de personnes qui acceptent de se faire vacciner tant que ces avis médicaux ne seront pas éclairés.

Le chiffre d’un million de personnes vaccinées en Ehpad en janvier, avancé par Jean Castex, n’est donc pas réaliste ?

Jean Castex a dit qu’un million de personnes en Ehpad pourront être vaccinées, ça veut dire que la France aura reçu les dotations de l’Europe pour être en mesure de vacciner jusqu’à un million de personnes en Ehpad. Mais qui « pourront » pas « qui seront ».

Quand arriveront les premières doses de vaccins dans les Ehpad ?

A l’heure où l’on parle, les ARS (Agences Régionales de Santé) demandent aux directeurs des Ehpad de réaliser un premier comptage des personnes qui seraient susceptibles de se faire vacciner pour prévoir d’envoyer les doses.

Comment les vaccins vont-ils arriver jusqu’aux Ehpad ?

Les vaccins vont être reçus sur une centaine de plateformes hospitalières réparties en France qui ont des réfrigérateurs à -70 degrés et peuvent conserver les doses plusieurs mois. Dès lors qu’un Ehpad a indiqué quel nombre de doses il a besoin, les plateformes livrent directement l’Ehpad ou l’officine qui livre ensuite l’Ehpad.

 Le vaccin doit être utilisé dans les 5 jours, après il est périmé

Les Ehpad vont-ils être équipés de réfrigérateurs pour conserver les vaccins ?

Non. Dans l’officine et dans l’Ehpad, il n’y aura plus de frigos à -70 degrés. On sera dans le délai des 5 jours dès lors que le vaccin quitte la plateforme. C’est comme un vaccin qu’on décongèle, il faut qu’il soit utilisé dans les 5 jours, après il est périmé.

Quelles sont les difficultés selon vous de cette vaccination ?

Il y a un enjeu sanitaire, un enjeu économique et un enjeu politique. L’enjeu sanitaire c’est qu’un maximum de personnes acceptent d’être vaccinées à l’échelle nationale. L’enjeu économique c’est qu’on ait les moyens de payer ces vaccins. C’est fait. L’enjeu politique c’est que l’on gâche le minimum de doses. Quand on va ouvrir une dose, c’est pour 5 injections. Si les ARS venaient à envoyer le même nombre de doses par rapport au nombre de résidents de chaque Ehpad – il y a en moyenne 70 personnes dans un Ehpad en France – sachant qu’il y en a aujourd’hui 20% donc 15 qui acceptent et 55 qui veulent attendre l’avis de leur médecins ou dire qu’ils sont contre… Vous imaginez ?

« Il y a une précipitation pour être les premiers, ce n’est pas le sujet. »

Sans compter que dans un Ehpad, il y a des personnes âgées qui ont toute leur tête et qui peuvent choisir d’elles-mêmes et celles qui n’ont pas toute leur tête. Dans ce cas, c’est la personne de confiance qui va prendre la décision pour son parent. Cette personne va encore plus vouloir attendre l’avis médical. Aujourd’hui il y a une précipitation pour être les premiers, ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est d’être certains d’avoir bien donné les informations nécessaires pour que les avis médicaux éclairés puissent s’exprimer et vous aurez plus de monde qui diront « oui ». Si la logistique liée à des doses qui arrivent en Ehpad ne correspond pas au nombre de personnes qui acceptent la vaccination, il ne faudrait pas que la France devienne le mauvais élève à avoir gâché 50% des doses qui pourraient servir à d’autres pays. Il est urgent que notre pays s’organise de manière construite.

Qui vaccinera dans les Ehpad ?

Il y a des infirmières qui pourront faire la vaccination. C’est une injection simple. Le process logistique de ce vaccin est complexe mais l’injection en elle-même est simple et on sait vacciner.

Qu’est-il prévu en cas de survenue d’effets secondaires suite à la vaccination ?

Un Ehpad est un environnement sécurisé et adapté. Dans un Ehpad, il y a en permanence des infirmières, du personnel, des gens qui sont au contact des résidents. Dès lors qu’il y a un effet secondaire qui pourrait apparaître, il y a une attention et une réaction qui va être instantanée.

Merci à Laurent Levasseur, Président de Bluelinea. Propos recueillis le 17 décembre 2020.

*Les vaccins à ARN comme celui de Pfizer et de Moderna imposent une réfrigération à -70 degrés pour être conservés dans de bonnes conditions.

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