Une saint-cyrienne commande les hommes du PGHM

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Depuis le 1er août, la Savoyarde Marie Sachot, 32 ans, est à la tête du peloton de gendarmerie de haute montagne de Corse. Diplômée de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, elle est la seconde femme à ce poste en France

C’est une jeune femme blonde, le teint clair, les pommettes roses, les yeux bleus sans fard. Marie Sachot a pris il y a trois semaines le poste de commandant (l’intéressée ne féminise pas le nom) du groupe de peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Corse.

Une unité de 18 hommes, basés à Ajaccio et Corte, capable d’intervenir par tous les temps dans les endroits les plus reculés de la montagne. Ils portent secours aux personnes qui se trouvent en difficultés dans les massifs et y mènent des enquêtes judiciaires.

La nouvelle patronne du PGHM a grandi dans un petit village de Haute-Savoie, dans le Chablais. Elle apprend à skier à l’âge où d’autres apprennent à marcher. Peu portée à la confidence, comme souvent dans ce milieu, elle commente simplement : « La montagne, je la connais plutôt bien, je m’y épanouis. »

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« Homme ou femme, les attentes sont les mêmes »

Seconde femme à accéder au poste de commandant d’un PGHM, la question sur sa condition féminine à la tête d’une unité militaire se pose inévitablement. La réponse est empreinte d’étonnement : « Non, franchement, aucun souci. » Confirmation d’un gendarme du peloton : « Le fait qu’elle soit une femme ne pose de problème à personne ici. Je suis guide de haute montagne et là aussi, ça s’est beaucoup féminisé ces dernières années. »

Sa jeunesse – elle a 32 ans – est, dit-elle, « chose finalement assez courante » à ce niveau de responsabilités. Bonne élève, elle a suivi une prépa scientifique à Lyon et passe ensuite le difficile concours d’entrée de la prestigieuse école spéciale militaire de Saint-Cyr.

Marie Sachot a « toujours aimé l’armée. C’est carré, chaque individu a sa place dans un ordre donné, en suivant une hiérarchie précise. Et surtout, on est au service de notre pays. »

Dans cette école qui forme les officiers de l’armée de terre, les femmes sont très minoritaires (seuls 14 élèves sur 162 en 2018, ndlr)  « Ce furent trois années difficiles physiquement et mentalement, pour moi comme pour tous les autres. Les attentes sont les mêmes pour l’ensemble des élèves, hommes ou femmes. Nous suivons les mêmes stages commando. »

À la sortie de Saint-Cyr, elle choisit la gendarmerie « pour le goût du service public et le secours » et passe trois autres années au sein de l’école des officiers de gendarmerie à Melun. Embarquée dans le peloton de gendarmerie mobile d’Annecy, elle y assure la sécurité publique et devient par la suite capitaine au Pays de Gex, territoire frontalier de la Suisse.

Parallèlement, elle se spécialise dans les opérations en montagne, passe les brevets et les stages nécessaires. Elle intègre finalement l’unité qu’elle espérait, en prenant la tête d’un PGHM régional, dans une montagne insulaire qu’elle connaît peu, aux nombreux versants, « basse en altitude mais technique et dangereuse », commente-t-elle.

« Les montagnards ont toujours du caractère »

Le jour où elle a pris son poste, le 1er août, alors que sa famille vient tout juste de s’installer dans le bâtiment réservé à l’unité, sur la base d’Aspretto (ses deux petits découvrent alors « les joies de la mer »), elle est confrontée à l’un des drames les plus terribles qu’ait connu la montagne corse ces dernières années, la mort de cinq personnes dont Violette, une enfant de 7 ans, dans la crue soudaine du Zoicu. « Le PGHM partage une semaine sur deux les secours avec les pompiers. Ils sont intervenus les premiers. Nous sommes arrivés en second rideau pour procéder à l’enquête judiciaire. »

Un moment forcément difficile « avec les familles à gérer et la conduite de l’enquête. Dans ces moments-là, il faut rester détaché de l’émotion et toujours être objectifs », explique-t-elle.

Après le drame du Zoicu, l’unité est envoyée à la recherche d’un randonneur perdu sur le Cuscionu. Plus de deux semaines après sa disparition, toujours aucune trace du trekkeur. « On a cherché partout, on a fait venir un chien Saint-Hubert, on a survolé et fouillé à pied le plateau… Toujours rien. On poursuit les investigations », commente Marie Sachot dans son nouveau bureau.

En lui laissant son siège, le commandant Emmanuel Vegas ne lui a, dit-elle, pas donné de conseils. « Il m’a seulement dit qu’il avait passé ici quatre années excellentes. »

Quant au tempérament réputé bien trempé des Corses, la Savoyarde est là encore en terrain connu : « Ce sont des montagnards et généralement, tous les montagnards ont du caractère… »

Source : Corse Matin

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