Une fiche distribuée au centre de vaccination de Quimper au cœur d’une polémique

Publié le 25 août 2021 à 06h00

La fiche d’information sur le vaccin Pfizer du centre de vaccination de Quimper fait polémique. (Le Télégramme/Enora HEURTEBIZE)

INFO LE TELEGRAMME. Une fiche d’information distribuée au centre de vaccination de Quimper est au cœur d’une polémique. Elle fait tousser certains médecins et antivax. L’ARS Bretagne a fait retirer le document.

1 Quel est le document contesté ?

Il s’agit d’une fiche « d’information du patient » contenant les connaissances « disponibles à ce jour sur le produit Pfizer » : efficacité, effets secondaires, durée de l’immunité, protection… Édité par les professionnels du centre de vaccination de Quimper, le document est distribué depuis quatre mois aux personnes venant se faire administrer la solution, en plus de la fiche d’informations médicales. Les personnes sont invitées à signer le document, qui doit être remis au médecin vaccinateur avant l’injection.

La fiche d’information sur le vaccin Pfizer distribuée au centre de vaccination de Quimper. (DR)

2 Qu’est-ce que reprochent les médecins ?

Des médecins non-bretons se sont agacés du contenu de la fiche, a appris Le Télégramme. « Elle contient de nombreuses approximations de nature à inciter un patient venu se faire vacciner à faire demi-tour », s’insurge le docteur Michaël Rochoy, chercheur en épidémiologie et membre du collectif « Du côté de la science ».

Il pointe par exemple la première ligne du document : « Mettre que le vaccin a bénéficié d’une autorisation de mise sur le marché conditionnelle en gras ou qu’il est déployé dans sa phase 3 d’essai clinique, sans en préciser les raisons ou mettre davantage d’informations, ça donne l’impression que nous sommes des cobayes ».

Pour le médecin, tous les arguments médicaux listés doivent être plus nuancés, pour éviter de jouer « sur les craintes ». Il cite ainsi le dernier point du document, qui indique que « les effets secondaires à moyen et long terme ne sont pas connus à ce stade ». « Vu le suivi en cours depuis un an sur ces vaccins, il n’y a aucune raison, à ce jour, de penser qu’il y a des effets à long terme. Surtout, leur argument n’est pas contrebalancé avec le fait que les effets à moyen et long terme du SARS-CoV-2, comme le covid long, ne sont, eux, pas connus… »

D’autres points du papier posent également problème aux yeux du médecin, comme la recommandation de ne pas mélanger les différentes technologies vaccinales ou l’absence d’étude sur l’innocuité de la vaccination chez la femme enceinte et allaitante. « Il aurait fallu contrebalancer en disant que ‘la Haute Autorité de Santé a recommandé de faire une 2e dose en Pfizer/Moderna si la 1re était en AstraZeneca’ et que les premiers résultats sur les femmes enceintes sont rassurants jusqu’à présent », avance Rochoy.3 Qu’est-ce que reprochent les antivax ?

Des antivax, qui se sont résolus à aller se faire vacciner, s’agacent d’avoir été quant à eux obligés de signer un document avec lequel ils n’étaient pas d’accord. « Je me suis vu obligé de signer le document sans quoi le généraliste ne pouvait pas me faire piquer par l’infirmière », rapporte l’un d’eux. « Si l’on ne signe pas ce papier, il n’y a pas d’injection, donc pas de passe sanitaire et donc pas d’accès à la vie publique ».4 Quelle est la position du centre de Quimper ?

Face à la polémique, le centre de vaccination défend son document, en renvoyant vers la loi Kouchner de 2002. Ce texte prévoit que le patient doit avoir un « consentement libre et éclairé des actes et traitements qui lui sont proposés ».

Si un tel consentement « clair, loyal et approprié » est bien demandé s’agissant de la vaccination contre la covid-19, le ministère de la Santé dit qu’il est à recueillir qu’ « à l’oral par le professionnel de santé, (…) il n’est pas nécessaire de le confirmer par écrit ».

Or, selon le centre de Quimper, « à l’oral, il n’existe aucune preuve que le patient ait bien reçu toute l’information ». La fiche écrite et signée permet de l’inscrire dans le marbre, comme c’est le cas déjà pour les fiches d’informations avant les opérations chirurgicales.

Avec une telle pratique, le centre entend protéger son personnel vaccinateur si des réclamations sur effets secondaires des vaccins – et au consentement éclairé – venaient à être émises dans les prochaines années. Pour l’un des responsables, la crainte est d’autant plus réelle qu’il voit arriver ces derniers temps dans les vaccinodromes des populations agressives et hostiles aux soignants.5 Qu’a décidé l’ARS Bretagne ?

L’Agence régionale de Santé, qui se dit « très étonnée par le document », a demandé au centre de Quimper de retirer le papier polémique le 18 août dernier. « À ce jour, seule la fiche de renseignements médicaux doit effectivement être émargée dans le cadre de la vaccination », explique l’agence, qui suit la directive gouvernementale. « Tout autre document à titre informatif peut être distribué par les centres de vaccination bretons, mais ne peut nécessiter de signature ».

L’agence n’a pas souhaité se prononcer sur le contenu même du document. Elle indique néanmoins que « seules les informations officielles, diffusées par le gouvernement et le Ministère de la Santé et dont les mises à jour sont fréquentes, doivent être communiquées » aux futurs vaccinés.

À ce jour, la fiche contestée n’est plus distribuée à Quimper. Mais le centre n’a pas dit son dernier mot. Selon nos informations, il étudie actuellement toutes les voies possibles pour la remettre en place.6 Une décharge pour les médecins ?

Outre le contenu de la fiche, cette polémique relance le débat sur la responsabilité des soignants dans le cadre de la vaccination contre la covid-19. Le 23 décembre dernier, Olivier Véran s’était pourtant voulu rassurant. Dans un courrier adressé au président du Conseil National de l’Ordre des Médecins, il avait indiqué que les professionnels de santé ne seront pas tenus pour responsables « au motif qu’ils auraient délivré une information insuffisante aux patients sur les effets indésirables méconnus à la date de vaccination ». Ce sera l’État, « au titre de la solidarité nationale » via son fonds d’indemnisation, qui paiera en cas de dommages.

Source : Le Télégramme

Note de la rédaction de Profession-Gendarme :

Un ami nous a fait parvenir un original de la fiche incriminée dans l’article du Télégramme. Nous vous invitons à lire attentivement cette Fiche en particulier les parties en gras….

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