Une avocate expulsée «manu militari» d’une salle d’audience

Une avocate en robe a été traînée de force par plusieurs policiers hors d’une salle d’audience du tribunal d’instance de Paris, jeudi 16 mai, sur ordre de la magistrate qui présidait l’audience. L’incident ne passe pas auprès des avocats.

L’affaire suscite une forte indignation. L’Ordre des avocats de Paris et l’Association des avocats pénalistes vont saisir sans délai le président du tribunal de grande instance de Paris, Jean-Michel Hayat. Jeudi, une avocate en robe a été expulsée manu militari d’une salle d’audience du tribunal d’instance de Paris par une demi-douzaine de policiers, selon des informations obtenues par Mediapart.

Traînée par les chevilles et les épaules, selon son récit écrit, Me Anna Salabi a obtenu le soir même d’un médecin une interruption de travail temporaire de deux jours pour des douleurs thoraciques, des douleurs au genou, et un traumatisme psychologique. Elle envisage de porter l’affaire devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), compétent pour instruire les manquements disciplinaires et déontologiques des magistrats.

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C’est lors d’une banale audience du tribunal d’instance, portant sur un dossier de saisies de rémunérations, que cet incident inédit a eu lieu, le 16 mai dans l’après-midi, au sixième étage du nouveau tribunal de Paris, porte de Clichy. Le point de départ est insignifiant.

La présidente du tribunal, Laurence Haiat, aurait reproché à Me Salabi d’avoir fait « non » de la tête pendant qu’elle parlait. Après un échange verbal assez tendu, la magistrate aurait décidé de reporter l’affaire, alors que l’avocate se plaignait de ne pas avoir eu la parole sur le dossier, et qu’aucune demande de report n’avait été déposée.

La présidente du tribunal a alors demandé à l’avocate de quitter la salle d’audience, ce que celle-ci a refusé, demandant une suspension pour faire venir un membre du Conseil de l’Ordre des avocats. Plusieurs policiers ont alors été appelés dans la salle à la demande de la présidente, et ont expulsé Me Salabi par la force, malgré ses protestations, et alors qu’elle était en train de téléphoner à l’Ordre des avocats.

Le vice-bâtonnier des avocats de Paris, Basile Ader, a indiqué à Mediapart qu’il saisirait d’une plainte le président du tribunal de grande instance de Paris, Jean-Michel Hayat. Le président de l’Association des avocats pénalistes (dont Me Salabi est adhérente), Christian Saint-Palais, est également saisi de cet incident grave.

Sollicitée par Mediapart, Laurence Haiat n’a pas donné suite au moment où cet article a été mis en ligne. Quant au président Hayat (aucun lien de parenté), il nous a indiqué vendredi ne pas être au courant de cet incident. L’affaire ne devrait pas en rester là.

« Il est inadmissible qu’un avocat soit sorti d’une salle d’audience par les forces de l’ordre au seul motif d’un désaccord avec un magistrat et ce, quels que soient les torts allégués des uns ou des autres, réagit le vice-bâtonnier Basile Ader. C’est une première à ma connaissance. Et je rappelle que les avocats sont des acteurs de justice et que sans eux, il n’y a plus de justice. »

Source : Médiapart

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