Un marin-pêcheur dieppois dépasse les bornes face aux gendarmes maritimes
Les gendarmes maritimes ont été pris à partie à terre, au domicile du marin-pêcheur (photo d’illustration)
Outrages. Un professionnel dieppois écope de cinq mois de prison ferme pour avoir déversé un tombereau d’injures sur des gendarmes maritimes. En comparant les militaires à des nazis, il s’est attiré les foudres du tribunal. Au procès, il a justifié son comportement par son « ras-le-bol ».
«Vous êtes tous une bande d’enc… ! Comme le procureur et les Affaires maritimes ! Je vous enc… tous ! Vous ressemblez à des nazis. Vous feriez mieux de vous occuper des terroristes que de nous faire ch… ! Un jour, vous risquez de vous prendre une balle. Je suis bientôt en retraite mais je serai encore sur les quais pour vous faire ch… ! » Méthodiquement, d’une voix monocorde, la présidente du tribunal correctionnel de Dieppe énumère des propos prononcés le 4 juillet dernier par Patrick, 61 ans, un marin-pêcheur dieppois, à l’intention de deux gendarmes maritimes. Ces injures lui valent de comparaître le 7 avril pour « outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique ».
L’été dernier, les militaires viennent lui remettre une convocation à son domicile. Les relations sont depuis longtemps compliquées entre cet homme trapu et l’autorité. Il assume à la barre : « Je l’ai dit. J’étais hors de moi. J’en avais ras le bol. J’étais à bout. C’est tout. »
Patrick, désormais à la retraite mais toujours propriétaire d’un bateau, en veut à l’institution en général : « Ils m’ont mis la pression pendant cinq ans ! » Il ne s’est pas privé d’exprimer le fond de sa pensée : « On a le droit de ne rien pêcher et en plus vous venez me faire ch… ! »
« Le nazisme, ce n’est pas cela Monsieur »
La présidente se fâche à son tour, furieuse d’une comparaison relevée par les gendarmes : « Le nazisme, ce n’est pas cela Monsieur ! Je ne pense pas que vous puissiez vous comparer à des petits juifs en camp de concentration ! C’est totalement disproportionné ! »
Les deux gendarmes sont présents dans le prétoire. « Qu’est-ce que vous avez à leur dire Monsieur ? » demande la juge. « Rien » répond l’homme. Elle lui demande d’exprimer des regrets. Il se tourne vers eux : « Je m’excuse ». Il ajoute, évoquant le passé : « Ils m’ont mis un truc à charge mais je n’y étais pour rien. Mais je n’avais rien contre eux personnellement. J’en avais marre. »
La présidente relève que son casier judiciaire porte la trace de quatre condamnations : outrage, séquestration, obstacle à contrôle, pêche interdite.
Le procureur commence son réquisitoire par un mot de bienveillance : « Nous savons que le milieu maritime est un milieu difficile. » Il enchaîne par un coup de tonnerre : « Mais vous n’êtes pas digne d’être un pêcheur. Vous avez outragé le procureur dans la procédure. Et aussi les gendarmes. Je vous invite, Monsieur, à vous ressaisir. Je requiers cinq mois de prison ferme ».
Patrick n’a pas d’avocat. Il a le dernier mot, mais conclut : « Je n’ai rien à dire », manifestement persuadé de ne pas vivre dans le même monde que ses contradicteurs. Le tribunal suit les réquisitions, ne constatant « aucune prise de conscience ». La présidente le rassure tout de même : « Ce quantum permet un aménagement de peine. » S’il fait amende honorable et parvient désormais à tenir sa langue, il devrait éviter l’incarcération.
Source : Paris Normandie
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