Un magnifique hommage à l’intention de notre camarade Le Gendarme Laurent Pruvot.

Marc Louboutin un « flic » en retraite vient de publier sur sa page Facebook un magnifique hommage à l’intention de notre camarade Le Gendarme Laurent Pruvot.

Maintenant écrivain, il est l’auteur du livre « Métier de chien » publié aux éditions Rouge Sang.

Pour Le Gendarme Laurent Pruvot, pour sa famille, pour ses camarades, pour vous tous, Profession Gendarme a tenu à vous faire partager ce bel hommage :

Adieu Laurent. Adieu camarade.

Hier nous t’avons perdu. Tu étais sans doute prêt à une mission de routine sur l’autoroute avec ton équipier. La routine, celle dont nous savons tous qu’elle n’existe pas, qu’elle revêt trop souvent l’apparence de la tranquillité avant un déferlement soudain de violence.

Des coups de feu dans un camp de gens du voyage. Pas de question, pas de recul possible. Faut y aller. Situation qui n’a rien d’extraordinaire. Ce n’est pas faire un mauvais procès que de le dire. Et l’heure n’est vraiment pas à la polémique. Cela fait partie des interventions urgentes et délicates. Celles qui interrompent le calme d’une patrouille ou d’un service jusque-là sans histoire, les discussions sur les enfants qui reprennent bientôt l’école, les propos anodins sur le métier, les projets d’avenir, le souvenir souriant peut-être d’un baiser avant d’endosser l’uniforme, de sangler ton équipement et de chausser ton arme à l’étui.

Sur place c’est un carnage. Trois morts dont un bébé. Des hurlements. L’auteur est là. Armé. Fusillade. Tu t’écroules, grièvement blessé, dans une odeur mêlée de poudre et de sang.

Comment expliquer à ceux qui ne connaîtront jamais ce genre de situation le mélange de peur, d’adrénaline, de courage, de fureur, d’abnégation et de souffrance dans ces poignées de secondes martelées par des détonations ?

Tu es tombé « au feu ». Expression militaire paradoxale dans un pays en paix. Parce que l’homme est parfois, et quelles qu’en soient les raisons, une bête capable de toutes les sauvageries, de toutes les violences. Nous le savons parfaitement, crûment, tous ceux qui vivent ou ont vécu cette réalité et les discours feutrés de ceux qui s’imaginent autorisés à l’analyse sans rien y connaître ne la changeront pas. Nos rangs s’éclaircissent parfois de ceux qui le payent de leurs vies et des autres, innombrables, qui doivent soigner leurs blessures. Victimes de certains de leurs propres concitoyens.

Victimes du devoir. Celui qui dicte d’offrir sa vie pour en protéger d’autres. Sans faillir. Ce devoir que ne connaissent plus, majoritairement, que ceux qui portent un uniforme, qu’il soit bleu ou kaki. Tu avais la fierté de faire partie de ces deux engagements, à la fois militaire et chargé d’une mission de sécurité publique. Tu as fait honneur à la Gendarmerie et au-delà à tous ceux qui sont prêts à s’exposer jusqu’au bout, à tous ceux, femmes et hommes, qui portent une tenue bleue.

Nous sommes tous fiers de toi même si cela n’enlève rien à l’immensité de notre peine, à ce grand gouffre dans lequel nous sombrons toujours comme pour l’accompagner quand un de nos camarades chute définitivement sur la fine ligne du devoir. Beaucoup laisseront échapper une larme lors de tes obsèques, à l’unisson des sanglots lents de la marche funèbre, lorsque nous entendrons raisonner l’hommage officiel que nous connaissons malheureusement par cœur. Et trop de Français oublieront que leur sécurité est à ce prix. Que c’est toi et ton équipier blessé qui ont payé hier le prix sanglant et douloureux de leur paix. Qu’il se remette vite.

Sache Laurent, mon camarade, mon frère d’arme que je ne connais pas, que tu es en pensées ce matin dans tous les véhicules de patrouilles quelles que soient leurs sérigraphies. Dans toutes les mémoires des dizaines de milliers des membres des forces de l’ordre et de leurs vétérans. Et aussi sans doute dans celles de beaucoup de tes compatriotes qui honorent ton sacrifice.

Mais cela n’enlèvera rien à la douleur profonde de ceux qui t’aiment ou partageaient ta vie, au vide immense dans lequel restent tes deux enfants qui ne te serreront plus jamais dans leurs bras avec amour, à la détresse de tes camarades.

Ce matin ta mort en service était cantonnée page 5 de mon quotidien régional dans la rubrique des simples « faits divers ». Ma tristesse avait un goût de cendres en le refermant d’un geste rageur. Je préfère ne pas te dire où se trouvaient les priorités éditoriales, elles ne méritent même pas d’être citées. Ce manque de reconnaissance souligne pourtant bien plus pour nous la grandeur de ton sacrifice. Et la hauteur du sacerdoce de tous ceux partis depuis hier sur le terrain comme chaque jour pour garder la paix publique.

Nous n’en sommes tous, unis dans la peine immense de ton décès, qu’encore plus fiers de toi. De l’exemple que tu es pour nous. Que tu devrais être pour tous les Français unis dans un deuil national.

Adieu Laurent. Adieu camarade.

Puisses-tu reposer en paix et ceux qui t’aiment la retrouver un jour malgré le manque de ta présence.

 

 

 

 

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