Un ex-patron du GIGN mis en examen dans l’affaire Tomi
Frédéric Gallois, le 20 janvier 2007 (Photo Jack Guez. AFP)
Un ex-patron du GIGN, Frédéric Gallois, a été mis en examen pour un contrat passé avec l’Etat malien dans l’enquête visant l’homme d’affaires Michel Tomi, figure du jeu en Afrique où il dispose de solides relais, a appris jeudi l’AFP de source judiciaire.
L’ancien militaire, désormais dirigeant de la société de sécurité Gallice Security, a été mis en examen pour faux et usage de faux et recel d’abus de confiance.
Le magistrat instructeur n’a en revanche pas retenu le chef de corruption d’agent public étranger, ont indiqué à l’AFP des sources judiciaires contrairement à ce que l’une d’elles avait initialement affirmé.
Selon une source proche du dossier, les enquêteurs s’intéressent au règlement d’une formation de personnes chargées de la sécurité du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, par Michel Tomi via le PMU camerounais.
Gallice Security explique avoir fourni une véritable prestation pour le compte d’un État désargenté qui entendait répondre à une vraie menace, et réfute toute intention de nuire, a ajouté cette source.
Dans un communiqué, la société de sécurité explique avoir remporté le contrat après avoir «rencontré plusieurs proches et conseillers du président malien élu en 2013 (dont Michel Tomi)».
Frédéric Gallois y explique avoir été mis en examen «au motif que les prestations de notre société ont été payées par une structure privée et étrangère et qu’il existe une discussion sur les termes techniques portés sur un document fourni à l’organisme payeur».
«L’enquête démontrera que les divers documents, notamment bancaires, sont parfaitement en règle et qu’un tel montage financier avec un acteur privé extérieur n’est pas illicite», selon Gallice qui relève qu’«aucune contestation n’a été faite sur la réalité et le coût des prestations réalisées, ni aucun reproche sur les modalités d’obtention de ce contrat».
Les liens entre Michel Tomi et IBK sont un des aspects de l’enquête qui avait débuté après un signalement en 2012 de la cellule antiblanchiment de Bercy, Tracfin. Elle a conduit les enquêteurs à disséquer le train de vie de Michel Tomi et son entourage.
La semaine passée, l’homme d’affaires a été mis en examen notamment pour corruption d’agent public étranger, faux et usage de faux, abus de confiance, recel d’abus de bien social, complicité d’obtention indue d’un document administratif et travail dissimulé.
Lors des perquisitions, 1,048 million d’euros en liquide ont été saisis, selon une source proche de l’enquête. S’il a été laissé libre, une caution de deux millions a été imposée à Michel Tomi dans le cadre de son contrôle judiciaire. Les enquêteurs sont convaincus qu’il perçoit «plusieurs centaines de milliers d’euros par mois», selon une source judiciaire.
Parmi les autres mis en examen, la première épouse de Michel Tomi, une autre femme de son entourage proche, son «homme à tout faire» et deux autres dirigeants d’entreprise de fourniture de matériel militaire, notamment des uniformes pour l’un, et de fabrication de vedettes militaires pour l’autre.
Tous ont passé des contrats en Afrique, dont au Cameroun et au Mali, les enquêteurs étant convaincus qu’ils les ont obtenus par l’entremise de Michel Tomi, a ajouté cette source.
Michel Tomi «est franco-gabonais, il ne réalise pas un centime de chiffre d’affaires en France», a réagi son avocat Jean-Dominique Lovichi. «Il est très difficile de concevoir une fraude fiscale pour quelqu’un qui paie l’intégralité de ses impôts au Gabon», a-t-il poursuivi.
Interrogé sur les liens avec IBK, l’avocat a réfuté toute corruption pour l’obtention de contrats: «On a le droit d’être ami avec un chef d’État étranger».
Source : Libération
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