Un conte parfaitement transposable aux réalités actuelles

Notre ami RIEN, que beaucoup de nos lecteurs connaissent et apprécient maintenant, nous fait connaître un très joli conte. 

Si ce n’est qu’un conte, nous pouvons facilement le transposer aux réalités des évènements qui nous occupent et nous inquiètent en ce moment.

Souhaitons que ces évènements et ennuis qui nous accablent se terminent aussi bien que dans ce conte. Et surtout soyons honnête avec nous même et la manière dont « on veux » nous faire penser…

Merci à notre ami RIEN.

 » Rien n’est plus dangereux qu’une idée, quand on n’a qu’une idée  » (alain) La Dissertation. Cette citation nous vient du philosophe et journaliste Alain. Emile Auguste Chartier de son vrai nom était un philosophe qui avait pour but d’apprendre aux hommes à réfléchir et à penser rationnellement en évitant les préjugés.

Comme quoi rien n’est plus dangereux qu’une idée, surtout quand on en a qu’une !

S’il y en a pour se perdre dans les errances de ces gens qui relèvent de la psychiatrie, moi pas !

Et je ne doute pas un seul instant de mes choix. À la question difficile de qu’est-ce que la vérité, Mahatma Gandhi répondait « j’écoute ma petite voix intérieure et ça me satisfait… »
Leurs bouffées délirantes ? NON, NON et NON !

Il y a peu, un roi ni meilleur ni pire qu’un autre, vaniteux et vindicatif, assez sot mais environné d’experts en tout ce qui remue, bref sans surprise ni relief sauf qu’il s’imaginait si grand qu’il lui arrivait d’oublier ses escarpins à talonnettes dans les tapis cérémoniaux. Il advint ainsi, par malheur, qu’un soir de bal masqué dans la salle aux cent lustres ( il était déguisé en César ou en Jupiter triomphant, on ne sait plus! ), comme il saluait l’assemblée du haut de l’escalier royal, il s’emmêla si mal dans sa toge romaine qu’il dégringola jusqu’aux pieds des porteurs de plateaux de toasts. Il s’en tua net les deux jambes. Rien ne put les rafistoler. Il se vit donc forcé par le corps médical de marcher avec des béquilles.
Son prestige en fut écorné. Ses experts travaillèrent donc à lui rendre l’éclat du neuf. Un génial communicateur, après deux jours de transe chamanique ininterrompue, trouva la parade adéquate.

– Puisque notre bon roi, dit-il, est à jamais embéquillé, que ses sujets le soient aussi.

 

Que l’embéquillement soit le signe pour tous d’une confiance retrouvée, d’une enthousiaste adhésion à la modernité nouvelle.. Et que les fous, les rétrogrades, les marginaux inconséquents, bref les possibles terroristes qui se risqueront à sortir sans leur béquilles soient désignés à la vindicte et privés de leurs droits sociaux.
Le peuple a ceci de commun avec le boa de la jungle qu’il est capable d’avaler, les yeux fermés, n’importe quoi.

Pour faire comme tout le monde, chacun s’embéquilla. Évidemment la vie ne fut plus aussi simple mais, peu à peu, puisqu’il fallait, on se laissa flotter du bas. Le roi mourut. Il fallait bien que cela, un jour, lui arrive. On épingla sur son cercueil la béquille d’or des héros. On pouvait à nouveau marcher, comme autrefois, sur ses deux pieds. C’est ce que dit un homme simple, un jour, dans un jardin public. C’était un de ces sans-bâtons que l’on regardait de travers quand il passait, les mains aux poches, à proximité des enfants. On lui répondit méchamment.

– Aller sans béquilles ? Utopie, faux espoirs, rêverie perverse. On marche ainsi depuis toujours. Et d’abord qui t’envoie ? Quelle secte ? Que cherches-tu ? Que nous veux-tu ?

– Vous informer, répondit l’autre. Regardez, faites comme moi. On peut mettre un pas devant l’autre, trotter si l’on veut, flâner. Essayez donc ! Que risquez-vous ?

– Ne l’écoutez pas, il radote. Ces gens sont des dangers publics !

On s’assembla autour de lui, on l’insulta, le bouscula, on brandit des cannes ferrées. Heureusement, il courait vite, beaucoup plus que les béquillards. Il s’en revint à sa campagne, cultiver ses légumes et ses fleurs. Après quelques jours de paix triste une femme vint. Elle lui dit :

– Je ne sais pas ce que tu vaux, mais j’aimerais bien essayer.

– Tu as deux pieds, deux jambes. Marche.

Elle tomba aussitôt dans ses bras. On dit qu’ils eurent des enfants et qu’ils grandirent sans béquilles.

C’est peut-être vrai, va savoir !