Tué samedi dans l’attaque à Paris, «Ronan était un garçon d’une grande générosité»

7713702_da545380-56c1-11e8-80f2-54eb2e4d0aba-1_1000x625Pierre était un voisin de palier de Ronan, tué samedi soir dans l’attaque au couteau à Paris. LP/Yann Foreix

Pierre, 61 ans, vit sur le même palier que le jeune homme de 29 ans mort dans l’attentat. Ensemble, ils s’étaient occupés d’un voisin gravement malade.

« Oh, oh Ronan, Ronan… ». Quand Makiko apprend que son voisin de palier du 5e étage est décédé samedi soir dans l’attentat du quartier de l’Opéra, elle peine soudain à respirer. « Il est mort ? C’est sûr, c’est sûr ? », répète, dans un français approximatif, cette Japonaise au gabarit frêle domiciliée dans une petite rue du quartier des Gobelins, à Paris. Sur le pas de la porte, son mari, Pierre, tout aussi ému, tente de l’apaiser. « Comment mettre des mots ?…. » souffle-t-il avant de nous raconter longuement sa relation avec ce jeune homme de 29 ans, « cheveux bruns, petites lunettes », mortellement poignardé par le terroriste islamiste.

« Ronan ? Ce n’était pas un simple voisin de palier, c’était un copain », confie Pierre, grand gaillard de 61 ans. S’il ne connaissait pas les détails de la vie privée de Ronan, tous deux avaient un lien rare et précieux. Inestimable. Ensemble, ils se sont occupés jusqu’à sa mort d’un autre habitant de l’immeuble, trois étages plus bas : Michel, atteint d’un cancer du poumon.

 

«On a créé un lien fort»

« C’était quelqu’un de très seul, alors Ronan buvait des pots avec lui. Un garçon d’une grande générosité à qui l’on accorde sa confiance facilement. On a créé un lien fort, il faut dire qu’il avait le sourire facile », raconte Pierre, d’une voix calme. A côté, Makiko acquiesce, larmes aux yeux, son petit chien serré dans ses bras.

Puis les deux voisins se relayent des mois pour faire les courses de Michel, devenu incapable de les faire lui-même. Et quand ce dernier est hospitalisé, ils lui rendent visite dès qu’ils le peuvent. Jusqu’à son décès, en octobre 2015.

« Là, on a essayé de rentrer en contact avec ses enfants qu’il ne voyait plus », poursuit Pierre. Compliqué. Lui et Ronan se chargeront même d’organiser son enterrement. « On s’est beaucoup épaulé, on s’est soutenu dans notre peine, glisse-t-il. Ronan donnait beaucoup de son temps et de son énergie. »

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«Ce n’est pas sûr, la France»

Alors apprendre sa mort dans l’attentat, le coup est terrible à encaisser. Et à accepter. D’autant plus que Makiko, employée aux Galeries Lafayette, travaille à deux cents mètres de la scène où le terroriste a poignardé au hasard des passants dans la rue. Elle a été choquée. « Ce n’est pas sûr, la France », lance-t-elle en anglais, avouant ne plus se sentir en sécurité. La nouvelle du décès de Ronan fait mal : « Elle nous touche dans notre intimité ».

Effondré, le couple veut vérifier qu’il s’agit bien de « leur Ronan ». Alors, il compose son numéro de portable. Une fois, deux fois. Pierre fait une grimace : « Non, ça ne répond pas ».

Source : Le Parisien

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