Trafic de stupéfiants : la gendarmerie  » tape  » six fois

Un impressionnant dispositif s’est déployé mardi à la première heure du jour. Plusieurs personnes ont été interpellées en Loir-et-Cher et au-delà. Reportage.

Mardi matin, dans la ZUP de Blois. Il est 6 h tout juste et l’obscurité encore totale lorsque les hommes du Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG) de Saint-Laurent-Nouan et du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (Psig) de Vendôme grimpent les quelques marches qui les séparent de l’appartement. Le jeune homme, qui finit par ouvrir la porte sur un regard endormi, est l’une des « six cibles principales », a rappelé Laurent, de la brigade de recherches de Romorantin, lors de la réunion de coordination qui s’est tenue la veille.

«  Ne prendre aucun risque  »

Au total, une soixantaine de gendarmes, du PSPG, des compagnies de Blois, Vendôme et Romorantin, appuyés par quelques équipes de police, sont intervenus, à la première heure ce mardi, pour interpeller – « taper » dans le jargon des forces de l’ordre – simultanément six hommes âgés de 20 à 26 ans, dans le cadre d’une enquête engagée en mars 2015 (lire « Des réponses en temps réel »).

>>> Voir aussi les « repères »

Localisés à Blois, mais aussi Villebarou, Pontlevoy, Vineuil et même dans l’Allier, suite à un récent déménagement, cinq d’entre eux sont soupçonnés de trafic de résine de cannabis. Le sixième, celui pour lequel le PSPG et le Psig de Vendôme sont mobilisés – une vingtaine de gendarmes en armes et cagoules au total –, est identifié comme simple consommateur, mais connu pour des antécédents de violence sur dépositaire de l’autorité publique et usage de stupéfiants.
Quelques minutes plus tôt, juste avant le déclenchement de ce vaste coup de filet matinal et coordonné, le colonel Éric Chuberre, commandement du groupement départemental de gendarmerie, a insisté auprès de ses hommes. Surtout, « ne prendre aucun risque » dans ce quartier où police et gendarmerie étaient intervenues dans un face-à-face tendu avec certains habitants de la ZUP lors des émeutes de novembre 2014.

L’intervention se déroulera cette fois sans heurt. Comme à quelques kilomètres de là, toujours dans le nord de Blois, où Guess et son maître-chien, venus d’Orléans, ont investi un second appartement. Malgré les écoutes téléphoniques qui laissaient entendre un approvisionnement au cours du week-end, la perquisition du logement, de la cave et de la voiture ne révéleront la présence d’aucun produit stupéfiant. « On a rien », lâche un enquêteur en sortant.
A 6 h 30, les premières nouvelles commencent à tomber sur le téléphone du chef d’escadron Henri Gomez, commandant de la compagnie de Romorantin. Et elles ne sont pas celles espérées. Malgré la préparation minutieuse de l’intervention, la vérification des adresses, l’obtention des badges nécessaires à l’ouverture de certaines portes et la reconnaissance des lieux en amont, l’une des six cibles manque à l’appel. Le jeune homme censé habiter à Pontlevoy a déménagé entre-temps. Les gendarmes sont tombés sur les nouveaux locataires…

13,7 grammes de résine et du matériel de culture

Sur la route du retour vers Romorantin, le commandant apprendra finalement que l’homme manquant a pu être localisé dans l’Indre. Autre bonne nouvelle : 13,7 grammes de résine, 22,5 grammes de graines, une balance, une chambre de culture et le matériel qui va avec ont été découverts au cours de la perquisition menée à Villebarou. « On confirme le trafic, pas de soucis à ce niveau-là », assure au bout de la ligne Laurent, qui coordonne toutes les équipes depuis le PC d’enquête.

Tout ce qui était supposé a été confirmé, l’un d’eux nous a même expliqué avoir consommé 600 grammes de résine de cannabis en un an », complétera le commandant Gomez dans le courant de l’après-midi.

la phrase

 » On a pu démontrer que 2,8 kg de résine ont été écoulés depuis le début du trafic, pour un montant de 15.500 euros sur les transactions. « 

Si les quantités saisies lors des perquisitions de mardi matin restent faibles, l’enquête et les gardes à vue, qui se sont prolongées jusqu’à mercredi après-midi, ont permis aux enquêteurs de confirmer l’existence d’un trafic, assure le chef d’escadron Henri Gomez. Des réponses pénales ont d’ailleurs été apportées par le parquet à l’issue des gardes à vue (lire par ailleurs).

le chiffre

29

C’est le nombre de personnes qui devaient être auditionnées dans le cadre de l’enquête. A côté des 6 interpellations et placements en garde à vue de mardi dernier (à Romorantin, Saint-Aignan, Mennetou-sur-Cher et Salbris), 23 personnes considérées comme clients des fournisseurs présumés ont aussi été identifiées, à Blois, Onzain, Mont-près-Chambord, Noyers-sur-Cher, Suèvres ou encore Saint-Claude-de-Diray. Elles ont fait l’objet d’une convocation ; un couple et deux personnes ont également été soumis à une perquisition avec assentiment.

repères

Un an d’enquête et d’écoutes

> L’affaire a démarré en mars 2015, sur la base d’un renseignement lié à un jeune homme résidant à Pontlevoy, dans le cadre d’une procédure engagée par la brigade de gendarmerie de Mennetou-sur-Cher.
> Confiée à la brigade de recherches de Romorantin, l’enquête permettra de remonter la piste de quatre fournisseurs de résine de cannabis présumés et plus de vingt consommateurs dans la région de Blois.
> Ces « six cibles » principales et « quatre cibles » secondaires ont été identifiées « sur la base des éléments de procédure issus des interceptions de correspondance », et notamment la mise en place d’écoutes téléphoniques, précise Laurent, l’enquêteur principal, de la brigade de recherches de Romorantin.
Les faits présumés, de consommation, acquisition, détention, usage, offre, cession, ou complicité se seraient déroulés entre mars 2015 et avril 2016.

Source : La Nouvelle République

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