Tour de France 2018. Les Gardiens du Tour : « Allez les Bleus ! »

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Jean-Baptiste Verrier, gendarme, nous raconte « son » Tour de France. | DR

 

Pendant plus de trois semaines, chaque jour d’ici au 29 juillet, des ultimes préparatifs du Grand Départ du Tour de France jusqu’à l’arrivée finale sur les Champs-Élysées, la gendarmerie est l’invitée de Ouest-France au travers cette série intitulée les Gardiens du Tour.

« Je voulais, à l’origine, parce que pour la première fois j’y assistais, vous parler de l’ultime briefing de sécurité qui s’est tenu ce matin avant le départ de l’étape, à 9h30, au village-départ, sous une tente de la place d’armes de la citadelle d’Arras.

Je vous aurais dit en une page ce que je vais essayer de dire ici en deux mots. À savoir que pour sécuriser le Tour de France il faut à juste titre pour les responsables de sa sécurité aimer se réunir. Rien de choquant. Les coureurs ont bien tous les jours dans leur bus leur causerie matinale. Il est donc plus que naturel et rassurant que les autorités et les forces de sécurité aient aussi la leur. L’occasion de repasser une dernière fois l’itinéraire du jour au peigne fin.

Au peigne très très fin, puisque chacune des forces en présence signale aux autres les derniers aménagements selon eux nécessaires et partage pour les régler collectivement les dernières difficultés qu’elles redoutent. Ce matin évidemment, il était en particulier question des secteurs pavés et des accidents à éviter.

Mais à l’heure où je rends mon billet, soit l’équipe de France sera en train de triompher (cela semble bien parti), soit elle sera en train de gamberger. Alors dans les deux cas, au moment le papier sera publié, personne légitimement n’aura rien d’autre à l’esprit que ce qui se passe de l’autre côté de l’Oural. Alors je change de sujet et il ne me reste qu’à vous raconter ceci, qui moi-même, pardon, je l’avoue, m’a plus intéressé.

Devant le peloton, dans la voiture des gendarmes

J’ai suivi toute la journée l’étape dans la voiture de l’officier de liaison gendarmerie sur le Tour de France. Sans dévoiler où elle se trouve avec précision, disons qu’elle devance la tête de la course et que nous traversons ainsi, avant tous les coureurs, la liesse populaire, la marée humaine, la foule chaleureuse des communes, des campagnes et des pavés du Nord et du Pas-de-Calais (du Pas-de-Calais puis du Nord, en réalité).

Et savez-vous ce que l’on entend sur le Tour de France lorsque l’on parcourt 156,5 km, en voiture gendarmerie, entre Arras et Roubaix ? Eh bien l’on entend, à maintes reprises, des centaines de fois, à la vue des uniformes, « Allez les bleuuuus ! ». « C’est le tube de la semaine », me confirment mes camarades dont je partage le véhicule, « mais alors aujourd’hui ça bat tous les records ».

« Regarde mon chéri, ce sont les gendarmes »

Vous savez en effet, on entend très bien ce qui se dit sur le bord de la route. On entend par exemple un gars crier : « Il est où votre radar ? » Mais sans mentir, c’était le seul malin. Car on entend surtout, en vrac, des : « Ouais les gendaaaarmes !!! », « Coucou les gendarmes », « Viens on fait coucou aux gendarmes », « Ouah c’est la première fois que je fais coucou aux gendarmes, ils nous répondent, ils sont sympas ! ». Il y a eu aussi à deux reprises de la bouche d’enfants des « Allez la police ! » Puis il y a eu cette dame, qui pour plein de raisons m’a ému, à Auberchicourt, se baissant pour prendre son petit-fils par les épaules et lui enseigner : « Regarde mon chéri, ce sont les gendarmes. »

Moi qui de mon téléphone comptais écrire à l’avance le billet dans la voiture (tu parles, Charles !), au bout de 200 mètres j’ai compris que je ferai toute la journée des coucous par la fenêtre. Avec cette expérience dont j’ai abusé : des fois, on voyait que les gens n’osaient pas nous faire signe alors que sur leur visage c’était écrit qu’ils en mouraient d’envie. Alors quand on prenait nous l’initiative, à tous les coups cela marchait, d’un rien les doutes se levaient, les sourires redoublaient et les mains alors s’agitaient par dizaines.

Je passe sur les pouces levés, les applaudissements, les « bravos » et les bières levées elles aussi à notre santé. En l’écrivant, ce souvenir de la bière tendue, je comprends que cela aurait pu être pour nous narguer, mais non, je vous assure, ce n’était pas du tout ça, c’était pour communier. Car le grand mérite du Tour de France est bien, finalement je le disais au début, de tous nous réunir.

Jean-Baptiste Verrier est un « civil » de 32 ans, novice de la gendarmerie nationale qu’il a rejointe voici quelques mois. À travers « Gardiens du Tour », il nous fait découvrir cette institution « de l’intérieur », en même temps qu’il la découvre lui-même. »

Source : Ouest-France

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