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Le médecin inspecteur régional de la police dans le Grand Est comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Reims le 14 mai pour des faits d’agression sexuelle. Une dizaine de plaintes ont été déposées par des adjoints de sécurité de l’école nationale de police de Reims et les langues se délient.
Le médecin inspecteur régional exerçait à l’espace Riberpray à Metz © Maxppp – J. KERAMBRUN
Grand Est, FranceLa direction de la police a écrit ce vendredi aux fonctionnaires de l’Espace Riberpray à Metz, là où exerçait le médecin, pour rappeler leur devoir de réserve, « on doit se taire, c’est l’omerta, on ne doit rien dire, rester dans son coin, pas faire de vagues. Tout est caché, enterré « . Mais l’affaire est trop grave pour beaucoup de policiers. Depuis les révélations de France Bleu Lorraine ce vendredi matin, les langues se délient et on sait qu’une dizaine de plaintes ont été enregistrées depuis 2014 pour agressions sexuelles, à Mulhouse, à Metz et l’été dernier à Reims, dont une plainte d’un jeune policier pour « palpation des testicules « .
« Même ma gynéco allait plus vite pour me palper les seins »
Une adjointe de sécurité d’une vingtaine d’années s’est confiée à France Bleu Lorraine. Cette Mosellane qui exerce dans le sillon Lorrain a vu deux fois le médecin inspecteur régional et à chaque fois elle a été victime de palpations mammaires assez longues.
Elle raconte avec une voix essoufflée ce jour de 2015 à Reims, « je venais de réussir les épreuves du concours de police, il ne manquait que la visite médicale pour valider le concours « . Le médecin lui demande de se mettre en soutien-gorge et culotte pour vérifier son dos « après tout je me suis dis pourquoi pas, puisqu’on est amené à porter des équipements lourds comme un gilet pare-balle « . Ensuite, le praticien lui demande de retirer son soutien-gorge pour vérifier s’il n’y a pas de tumeur mammaire. Elle proteste en expliquant qu’elle est suivie par une gynécologue, il rétorque « c’est comme ça, vous retirez votre soutien-gorge, je suis médecin de la police, si vous ne retirez pas vos dessous, il n’y aura pas de validation « . La jeune femme s’exécute, « il était strict, j’avais peur, il m’a palpé les seins pendant 20 à 40 secondes, même ma gynécologue va plus vite que lui… »
« Votre concours vous le voulez ou pas? »
En 2017, l’adjointe de sécurité retourne voir le médecin de la zone Est pour une nouvelle visite médicale et un scénario identique. Le docteur lui demande à nouveau de retirer son soutien-gorge, elle s’insurge et il s’énerve : « Votre concours, vous le voulez ou pas ? Parce que le concours c’est moi qui décide « . La policière parle d’humiliation mais elle enlève son soutien-gorge et elle a droit à une nouvelle palpation appuyée.
La Mosellane a tenté d’en parler à ses collègues, « ils l’ont pris à la rigolade « . Pourquoi n’a t-elle pas déposé plainte à l’époque ? « Vous savez, déposer plainte contre un collègue dans la police ce n’est pas très bien vu « .
Une plainte dans les prochains jours
L’adjointe de sécurité va finalement franchir le pas dans quelques jours, elle va déposer plainte : « On a pénétré mon intimité, ça m’a perturbé « . Elle assure que dans sa promotion mixte de 60 personnes, six à sept jeunes femmes ont subi les mêmes palpations mammaires . Des jeunes policières qui avaient le même profil. « J’en suis sûr, il choisissait ses proies, les garçons manqués n’avaient jamais de problème. »
Un médecin « défavorablement connu » des syndicats
Les syndicats de police ont réagi, dans un communiqué, Alternative Police CFDT parle de faits graves. Le syndicat précise qu’il connait « défavorablement ce praticien pour d’autres motifs » . Selon Alternative Police CFDT, « il n’a pas manqué d’user et d’abuser du recours à la procédure de mise en disponibilité d’office pour raisons de santé avec de lourds impacts financiers pour des policiers déjà en souffrance « . Le syndicat avait alerté le médecin chef de la police nationale pour « mettre un terme à ces pratiques. »
Communiqué de Alternative Police CFDT © Radio France – Alternative Police CFDT
Le syndicat de police Vigi proche de la CGT va même plus loin, il réclame la démission du ministre de l’Intérieur. Selon Vigi, Christophe Castaner et le directeur général de la police nationale ont « couvert les agressions sexuelles de ce médecin. «
Le médecin âgé d’une cinquantaine d’années, exerçait depuis plus de 30 ans dans la police, il a été placé en garde à vue le 29 janvier et laissé libre sous contrôle judiciaire. Il est suspendu en attendant les conclusions de l’enquête de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale).
Source : France Bleu
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