Suspendu, le patron du syndicat policier Vigi va porter plainte contre Castaner

Alexandre Langlois a été sanctionné pour avoir offensé sa hiérarchie. Il s’estime victime de «discrimination syndicale».

SPR77QSYTQK7RHLDLV3T55EVZYAlexandre Langlois est sanctionné pour avoir tenu des propos « injurieux » envers sa hiérarchie. LP/THOMAS POUPEAU

Le secrétaire général du syndicat minoritaire Vigi, Alexandre Langlois, a été sanctionné le 21 juin dernier d’une d’exclusion temporaire de douze mois, dont six avec sursis. Une décision effective depuis jeudi, que ce gardien de la paix, affecté au Renseignement territorial des Yvelines, va contester devant le tribunal administratif en référé, nous a-t-il indiqué ce vendredi, confirmant des informations de L’Express.

En outre, l’un de ses avocats, Me Yassine Bouzrou, annonce au Parisien qu’il va déposer plainte ce vendredi pour son client contre le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, pour « discrimination syndicale aggravée ». « Ce sont des sanctions extrêmement lourdes, alors que je suis très bien noté par ma hiérarchie », fulmine Alexandre Langlois, joint par téléphone ce vendredi. « C’est uniquement pour mes prises de position syndicales que je suis attaqué. »

Des « critiques outrancières et injurieuses »

Dans sa décision, que nous avons pu consulter, la directrice adjointe des ressources et des compétences de la police nationale reproche au patron de Vigi, pour le compte du ministre de l’Intérieur, de nombreux manquements « à ses devoirs de réserve, de loyauté et d’exemplarité » dans ses prises de position publique. En « formulant à plusieurs reprises des critiques outrancières et injurieuses nominatives » envers la haute hiérarchie policière, le fonctionnaire a notamment porté « atteinte au crédit et au renom » de l’institution.

Ce qui a mis le feu aux poudres ? Tout d’abord un tract de Vigi, daté du 10 janvier 2018, qui accuse le directeur général de la police nationale (DGPN) Eric Morvan et le directeur de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône de l’époque, Jean-Marie Salanova (devenu depuis directeur central de la sécurité publique) « d’avoir falsifié des statistiques de la délinquance ». En illustration, un photomontage des deux hommes porte la mention « Criminels ? ». Un texte assorti d’un signalement pour faux en écriture publique auprès de l’IGPN, la police des polices. Ces accusations, est-il notamment écrit dans la décision de la place Beauvau, mettent « gravement en cause la probité des deux autorités ».

Des « sous-entendus infamants »

Autre grief, alors que l’institution est secouée par une vague de suicides, Alexandre Langlois écrit, dans un tract du 19 février 2018, que la hiérarchie policière pourrait être jugée coupable de « provocation au suicide », voire de « complicité de meurtre de fonctionnaires de police ». Là encore, les formulations, cinglantes, sont jugées « particulièrement indignes » par la direction de la police nationale.

Troisième motif, des « critiques outrancières et des sous-entendus infamants » formulées dans un tract, daté du 24 octobre 2018, évoquant les agissements du médecin-chef de la police de Metz (qui a depuis été condamné pour agressions sexuelles et interdit définitivement d’exercer). Alexandre Langlois y caricature notamment plusieurs huiles de l’institution policière sous les traits des personnages de la série « Game of Thrones », à renfort de surnoms peu amènes : « le traître », le « seigneur des sangsues » ou encore « l’enfant-roi capricieux ». Et demande leur « expertise psychiatrique », pour savoir si ceux-ci sont, ou non, des « pervers narcissiques ». « On me fait payer le fait d’avoir révélé le scandale », rétorque Alexandre Langlois.

« Nous resterons acides et irrévérencieux »

Le syndicaliste estime être également être sanctionné pour deux autres raisons, qui ne sont pas mentionnées. Tout d’abord, pour ses « prises de position » syndicales sur « la gestion du maintien de l’ordre pendant la crise des Gilets jaunes ». Ensuite, la place Beauvau ne lui pardonnerait pas d’avoir « déposé plainte » et de s’être constitué « partie civile dans le dossier Benalla », affirme-t-il.

Dans sa décision, le ministère de l’Intérieur reconnaît toutefois qu’Alexandre Langlois a exprimé ses « regrets » lors de son conseil de discipline le 20 janvier, et qu’il « s’est engagé à modifier la ligne éditoriale de son site syndical en supprimant les propos infamants y figurant ».

« Nous ne sommes pas là pour blesser, mais nous resterons acides et irrévérencieux », prévient Alexandre Langlois, qui entend bien poursuivre ses activités syndicales le temps de sa mise à l’écart. Pour faire face à sa perte sèche de revenus, ce père de deux enfants a lancé une cagnotte, qui a déjà récolté, à l’heure où nous écrivons ces lignes, plus de 20 000 euros. Contactés, ni la direction générale de la police nationale ni le ministre de l’Intérieur n’ont donné suite à nos sollicitations.

Source : Le Parisien

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