Suicides dans la police : les mesures de la Place Beauvau jugées insuffisantes

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a réuni mardi les policiers et leurs représentants pour dévoiler un plan de prévention contre les suicides.

15117144lpw-15119711-article-francepolicedemo-jpg_5288814_660x281

Des mots contre des maux. « Il est nécessaire d’amplifier les efforts afin d’améliorer la détection des personnels en difficulté dans un environnement professionnel qui expose par nature aux passages à l’acte et soutenir plus efficacement les agents qui ont tenté de se suicider », explique le communiqué du « premier flic de France », à l’issue d’une réunion, mardi place Beauveau, avec les policiers et leurs représentants sur le dossier des suicides dans la profession. Ce « programme de mobilisation » n’a que peu satisfait les syndicats de gardiens de la paix et gradés, policiers de terrain parmi lesquels on compte le plus de cas de suicide. En 2017, ils sont 51 policiers à s’être donné la mort. Et 17 depuis le début de l’année 2018. Près d’un millier en 20 ans. Depuis une dizaine d’années, 50 policiers se suicident en moyenne par an.

Les mesures annoncées par le numéro 2 du gouvernement ? « Insuffisantes » pour Jean-Claude Delage, patron d’Alliance-Police nationale, majoritaire chez les gardiens et gradés. « Un goût d’inachevé » pour Philippe Capon, de l’Unsa-Police.

Management

Pour Alliance, il y a urgence à lutter contre « les pratiques managériales inappropriées ». Avec des exemples concrets à l’appui, quand la haute hiérarchie laisse pourrir des situations, aggravant la situation d’agents en souffrance. Au « recueil de bonnes intentions » du ministre, Jean-Claude Delage oppose un plan plus ambitieux, financé par une réorientation des recettes tirées des PV routiers pour investir dans l’amélioration des conditions de travail. Il faut également améliorer la protection de la vie familiale et privée, renchérit Philippe Capon.

Alors qu’une grande campagne de recrutement au sein de la police nationale a été lancée, des critiques se font entendre sur le management de la direction générale de la police nationale. Le 5 décembre, le garde du corps de la ministre du Travail Muriel Pénicaud s’est suicidé, laissant une lettre à l’attention de Gérard Collomb pour dénoncer les agissements de sa hiérarchie, comme l’a rapporté Le Point .

Surendettement

Les syndicats estime que la Place Beauvau serait avisée de mener une politique volontaire concernant le surendettement dans la profession : un suicide sur trois se déroule sur fond de problèmes financiers. « On devrait prévoir des avances sur salaire, des acomptes rapidement déclenchables. Notre métier est particulier, on compte le plus de suicide et de divorce chez nous par rapport à l’ensemble de la fonction publique. En raison de ces spécificités, le ministre ne devrait pas hésiter à déroger à la règle du même traitement pour tous les fonctionnaires », explique le syndicaliste d’Unsa-Police, signalant par ailleurs que « la police représente 65 % des sanctionnés de la fonction publique alors qu’elle n’en représente qu’à peine 8 % du total des agents ».

Philippe Capon, de l’Unsa-Police, ne veut plus se contenter des mots du ministre : « Vous avez annoncé la fin de la politique du chiffre, nous en attendons son application concrète sur le terrain », a-t-il déclaré mardi à Gérard Collomb.

Source : Le Point

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *