Suicide Gendarmerie : Lettre d’adieu du major José TESAN

Jose TESAN

Le Major José TESAN

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Adieu José

 

Je ne veux pas cautionner certains chefs, qui pour être meilleurs que les autres, mettent en péril la santé des personnels.

Le chef est responsable de la santé de ses personnels.

Ces paroles, prononcées un temps par le général Soubelet, n’ont semble t-il pas eu un écho favorable à l’EMGTA si j’en juge par la lettre d’adieu de notre camarade le major José Tesan.

Ses derniers écrits, que j’ai lus avec attention et émotion, énumèrent ses dernières consignes de travail avant de dresser ensuite le comportement d’un « personnage inapte à commander des hommes » (dixit). Sa souffrance morale l’a conduit au pire.

Le message qu’il a laissé génère une grande colère et une amertume profonde.

Colère parce que encore une fois dans l’organigramme se trouve un chef exempt d’humanité. Un gugusse, probablement estampillé « potentiel élevé »,  jouant au « roitelet » et affligé à n’en pas douter de syndromes multiples : Carriériste ? Atteint par la médaillite aiguë ? En retard d’affection dans la vie privée ?

Colère car s’agirait-il encore d’un petit génie du bulbe qui aurait appris à commander aux hommes depuis les bancs d’une école de l’Ouest ? A creuser ?

Amertume parce que notre camarade José arrivait au terme d’une belle carrière. Il était à coup sur un excellent technicien, méticuleux, aimant son métier et œuvrant pour une certaine qualité du service. Les « consignes » laissées à son collaborateur en témoignent.

Amertume encore : « Mourir dans le sas d’une salle des coffres pour moins « perturber » et faire en sorte de « salir » le moins possible… » Bon dieu quel gâchis !

Amertume toujours à l’encontre d’un salopard.

En confidence j’en ai connu des chefs : des très bons, des moins bons. Des burnes aussi, et parmi ces derniers, il y a fort longtemps, l’un d’eux ne me posa t-il pas la question de savoir si la gendarmerie disposait de camions ? Moment grandiose devant un sous-directeur log !

Cela dit je n’ai jamais dilapidé mon mépris, trop de nécessiteux !

Jeudi 27 septembre, à 10 heures, quelque part en France un énième camarade sera conduit à sa dernière demeure après avoir mis fin à ses jours.

J’aurai une pensée pour José et sa famille.

Alain Martelle

Trésorier de l’APG

Pour le conseil d’administration

Qui ne gueule la vérité quand il la connaît se fait complice des menteurs et des faussaires. Charles Péguy.

 

Lettre de José TESON page 1

 

Sur la première moitié de cette page José TESON s’inquiète du travail qu’il laisse derrière lui et donne ses instructions. Ce n’est que dans l’avant dernier paragraphe qu’il déclare avoir atteint « le point de rupture ».

La seconde page de cette lettre est beaucoup plus « formelle », José a décidé de mettre fin à ses jours. Il veut attirer l’attention sur ce qu’il se passe depuis deux ans dans sa formation. Sans le nommer il parle de son chef de façon très dure en employant les mots de « tyran », « colérique », « méprisant », « incapable d’humilité et d’humanité »

Lettre de José TESON page 2

Il est donc très clair que dans le cas précis de ce suicide la hiérarchie sera tenue de prendre ses responsabilités et ne pourra invoquer, comme trop souvent, des problèmes familiaux ou personnels.

 

Mentionnons qu’en nous adressant la lettre du major José TESAN, son ami le Magistrat Frédéric Carteron a tenu à nous écrire ces quelques lignes qui dressent un portrait de notre camarade et qui lui rendent hommage :

 

Le devoir du gouvernement est de protéger nos forces de l’ordre contre les « environnements de travail hostiles » et des pressions psychologiques insupportables que rien ne peut justifier.

 

Ce que je peux vous dire au sujet de José est qu’il était marié depuis « toujours » (il en plaisantait) et que sa femme était son meilleur soutien; son point d’ancrage, surtout lorsqu’il gérait des affaires judiciaires qui l’accaparaient jour et nuit.. José avait deux filles et avait récemment été promu au grade de « grand-père » dont il était très fier.

 

Il était un professionnel extrêmement consciencieux, minutieux qui investissait toute son énergie et sa passion au service du public. « Servir et protéger » était sa devise.

 

Les propos qu’il tient dans la lettre qu’il a fait parvenir à son collègue et à moi-même sont tout à fait révélateurs de son énergie et de sa passion.  Alors qu’il est sur le point de mettre fin à ses jours, il prend le soin d’informer son collègue des tâches qui devront être effectuées et propose des solutions aux problèmes techniques que rencontrent différents services.

 

Il avait une capacité d’abnégation hors du commun, extra-ordinaire – que j’ai rarement rencontrée au cours de mes différentes fonctions. Lorsque j’étais substitut du procureur de la République, je m’arrangeais pour qu’il s’occupe des affaires qui demandaient beaucoup de doigté et un grand professionnalisme. De son côté, il ne se privait pas et me rendait la pareille en profitant que je sois de permanence au parquet pour ressortir de « vieux dossiers » ou me saisir de dossiers techniques.

 

José et moi n’avons jamais cessé d’être en contact, y compris lorsque j’ai exercé mes fonctions de juge au TGI  et durant mon séjour en Californie. Notre collaboration professionnelle a donné naissance à un profond respect, puis à une grande et vraie amitié qui ne s’encombrait plus de nos titres professionnels. José et moi-même n’étions pas des connaissances; nous n’étions plus de simples amis; nous étions devenus « des potes » comme nous le disions à nos entourages professionnels et amicaux.

 

Sa générosité était sans pareil.

 

 

 

 

 

 

 

 

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