SOS ministres bâillonnés

Emmanuel Macron est agacé. Ses ministres parlent à tort et à travers, écrivent des livres, se répandent et s’épanchent. Emmanuelle Wargon et Olivier Dussopt sont allés jusqu’à pondre un micro-parti : Territoire de progrès. C’en est trop. Le coq exige le silence dans le poulailler. « Les membres du gouvernement n’ont pas vocation à créer des chapelles ou à être dans le narcissisme et la recherche de différence. » Le rappel à l’ordre ne s’est pas fait attendre. Coup de poing sur la table du Conseil des ministres, les gros yeux et tout…

Au lendemain de l’allocution avec la voix grave, seuls cinq très hauts dignitaires étaient autorisés à s’en aller vanter les louanges de cette mue tardive. Le gars Bruno (Le Maire), saint Darmanin, Miss Élisabeth Borne (to be alive), Mademoiselle Pannier-Runacher et le poussin Gabriel Attal. L’escadron de la mort. Argumentaire en poche, ils partirent aux aurores sous l’œil attendri du couple présidentiel. Dans quel état allaient-ils revenir ? Tous avaient pour mission de remplir le pot de miel de BFM. Petite cuillère sur l’épaule. En avant… marche ! Les autres, le tout venant ministériel, se tenait au pied du maître. Pas bouger !

Livrés à eux-mêmes, ils ne pouvaient s’empêcher de s’aventurer en territoire ennemi, telle cette Marlène Schiappa qui s’en fut attaquer le terrifiant Zemmour dont le fusil avait pointé des journalistes. Traitée d’imbécile, la pauvre revint en lambeaux, brushing explosé et toute de goudron enduite. Selon Le Parisien, le généralissime aurait ainsi résumé la conduite à tenir : « On n’est pas là pour faire du bruit avec la bouche. » Bien que certains soient tentés de s’exprimer en morse ou à parler du nez, pour l’instant, la consigne semble suivie.

Pour assurer des déclarations qui ne sortent pas du chemin tracé par Emmanuel Macron, Matignon arrive en renfort et définit les trois écueils à éviter : « La tentation de l’autosatisfaction (le chef s’en charge), la tentation de l’inaction (le chef s’en occupe) et la prise de parole désordonnée (le chef sait le faire). » Privée de ses trois activités favorites, la troupe ministérielle erre sans but dans les couloirs de ses administrations. Tout ce savoir acquis à l’ENA dont ils n’ont plus le droit d’usage. À quoi bon ces années de rude labeur ?

Ici et là, des voix rebelles se font entendre. Un secrétaire d’État cité par Le Parisien pleure sa liberté disparue : « Bref, à ce rythme-là, on ne va bientôt plus pouvoir rien dire. » Constat partagé par un collaborateur ministériel : « Plus personne n’ose parler, particulièrement depuis le recadrage de Macron. On est tous le doigt sur la couture du pantalon. C’est l’autocensure ! » Le centre d’appel « SOS ministre bâillonné » croule sous les appels. Quelques extrémistes consultent des recettes de coq au vin. L’art et la manière d’accommoder le roi de la basse-cour. Dans la cuisine électorale, c’est le coup de feu.

Source : Boulevard Voltaire

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