Seine-Saint-Denis : le prévenu se dit atteint de la tuberculose, panique au tribunal

8066166_8dbe602e-6f43-11e9-854a-e95133ecdc55-1_1000x625Bobigny. Le tribunal a dû trouver des masques en urgence pendant l’audience, ce samedi après-midi. LP/N.R.

Un homme qui a déclaré être atteint du bacille a semé la confusion samedi lors de son audition au tribunal de Bobigny. Des masques ont dû être dépêchés en urgence pour éviter toute contamination.

Samedi après midi, un prévenu a semé un vif émoi dans la salle d’audience du tribunal de Bobigny en annonçant… qu’il était porteur de la tuberculose. Affolement chez les magistrats et les avocats. La procureure a dû dénicher en urgence des masques pour parer à une contamination.

Mais pas assez pour tous semble-t-il. « Il n’y avait que deux masques, un pour l’interprète et un pour le magistrat. Rien pour l’avocat », déplore Me Crosnier, avocate coordinatrice.

C’est donc retranché à l’autre bout de la salle que le conseil a fait valoir les intérêts de son client. Lorsque la juge a prononcé le mandat de dépôt, le prévenu, porteur d’un masque, n’a pas pu apposer sa signature au bas de ses déclarations. Principe de précaution oblige.

Une nuit dans la cellule avec quatre autres détenus

Avant d’être présenté au tribunal, l’homme âgé d’une quarantaine d’années avait croisé la route de beaucoup de monde. Interpellé vendredi pour une affaire de vol, il a été placé en garde à vue au commissariat de Noisy-le-Sec. Une audition mouvementée. Le quadragénaire avait réussi à fausser compagnie aux policiers et se glissant par la fenêtre des toilettes.

Repris, le récalcitrant retourne en garde à vue, aggravée désormais par une tentative d’évasion. Dans la soirée, il est transféré au dépôt du tribunal avant l’audience du lendemain.

D’origine roumaine et ne parlant pas français, à aucun moment il ne va préciser qu’il souffre de tuberculose. Il partage, toute une nuit, une cellule avec quatre autres détenus.

Ce n’est que le lendemain qu’il révèle son état de santé. Lors de l’enquête de personnalité qui précède l’audience de comparution préalable, il peut enfin parler à une interprète. « Il lui a dit qu’il était porteur d’une tuberculose virulente », relate Me Crosnier.

Un médecin a été dépêché sur place

L’entretien s’arrête sur le champ. L’avocat comme les policiers de l’escorte amorcent un mouvement de recul. C’est la panique à bord. À 14h30, un médecin est dépêché pour l’ausculter. Maigre, les traits marqués, le quadragénaire est assurément en mauvaise santé.

Mais le médecin n’est pas en mesure de confirmer la pathologie. Il prévient qu’une contagion est possible « si l’on reste plus de 10 minutes à moins de cinq mètres du malade ». Pendant ce temps, l’heure tourne. On approche du délai fatidique des 20 heures de déferrement au-delà duquel le suspect doit être remis en liberté.

« C’était une course contre la montre », glisse l’avocate. Le juge des libertés et de la détention propose à l’avocat de s’entretenir avec ses clients dans la salle d’audience derrière la paroi vitrée du box.

« Cet homme n’avait rien à faire dans un tribunal, mais devait être soigné à l’hôpital »

« Il était hors de question pour des raisons de confidentialité », s’insurge Me Crosnier. « Quid de la préparation des dossiers de ces hommes qui risquent de se voir placés en détention ? » s’interroge une consœur. « Cet homme n’avait rien à faire dans un tribunal, mais devait être soigné à l’hôpital », s’offusque une avocate du barreau de Bobigny, membre du conseil de l’ordre.

Au terme de l’audience, le tuberculeux supposé a été examiné à l’hôpital Avicenne, à Bobigny. Dans l’attente des résultats des analyses, il a été placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Villepinte. Son dossier pourrait être jugé ce lundi en comparution immédiate.

DÉPISTAGE EN VUE POUR LES POLICIERS DU TRIBUNAL ?

Policier Oise illustrationLP/Simon Gourru
Antichambre du tribunal, le dépôt est le service de police par où transitent les détenus avant leur déferrement. Ce vendredi soir, la brigade de nuit ignore que le ressortissant roumain qui vient d’arriver est probablement malade de la tuberculose.

Raphaël*, policier au dépôt, précise : « Nous ne connaissons jamais la pathologie des prévenus, en raison du secret médical. Ce n’est pas la première fois que nous sommes confrontés à ce genre de situation. Il y a souvent des cas de gale. Quelquefois, on apprend trois mois après qu’untel était atteint de la tuberculose », poursuit celui qui a quand même dû suivre une trithérapie de façon préventive après avoir pratiqué, un jour, une opération de sauvetage sur un porteur du VIH.

« Ma dernière visite médicale remonte à 15 ans »

Le bacille tuberculeux se transmet, lui, par éternuement ou jet de salive. L’espace confinée d’une cellule est d’autant plus propice à cette contamination. Si la maladie est avérée, les fonctionnaires en contact avec le détenu devront se faire dépister.

Là encore le suivi médical et les mesures préventives de ces fonctionnaires laissent en général à désirer. Raphaël le révèle : « Ma dernière visite médicale remonte à 15 ans ».

*Le prénom a été modifié.

Source ! Le Parisien

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