Saint-Sylvestre : deux policiers roués de coups à Champigny-sur-Marne

Réveillon Strasbourg
Des pompiers éteignent une voiture en feu dans le quartier de la Meinau, à Strasbourg, durant la nuit du Nouvel An. Jean-Marc LOOS/PHOTOPQR/L’ALSACE/MAXPPP

Dans la nuit de dimanche à lundi , deux policiers, dont une femme, ont été passés à tabac par des individus qui voulaient s’inviter dans une soirée privée. Macron promet que les agresseurs seront «retrouvés et punis». Sur l’ensemble du territoire, plus de 1000 véhicules ont été brûlés.

Les images sont sans équivoque. Elles ont été filmées par les émeutiers puis diffusées sur les réseaux sociaux, le soir de la Saint-Sylvestre 2017, à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). On y voit une femme policier à terre, cheveux roux et queue-de-cheval, rouée de coups de pied par une horde déchaînée. À chaque assaut, recroquevillée et se protégeant le visage, alors que les plus lâches de la meute visent son visage, elle hurle de peur. Son corps va et vient sous les salves comme un sac de sable. Cette fonctionnaire, dont c’était la première affectation, a été transportée à l’hôpital de Saint-Camille à Bry-sur-Marne. Elle s’en est sortie par miracle et porte la trace de multiples hématomes. Elle souffre de commotions au visage et s’est vu prescrire sept jours d’incapacité totale de travail.

Et elle n’était pas seule. Cette jeune femme était le chauffeur du capitaine de police de permanence, chef du service de sécurité publique de Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), circonscription voisine de Champigny. Tous deux se rendaient à Champigny, alors qu’un attroupement venait de s’y former. En arrivant par la rue Benoît-Frachon, ils tombent sur quelque 300 individus furieux d’avoir été refoulés d’une soirée privée où ils n’étaient pas conviés. L’enceinte «n’était pas dimensionnée pour (les) accueillir», a expliqué le directeur territorial de la sécurité publique du val-de-Marne, Jean-Yves Oses. Ce dernier raconte que sous la pression de la foule, «la porte de la salle est tombée et les personnes sont entrées à l’intérieur en nombre important», avant d’être évacuées par la police.

«Guêpier»

L’équipage de policier était-il suffisamment renseigné sur le climat de tension régnant dans le quartier? En sortant de leur véhicule, dans un secteur en travaux, les deux fonctionnaires sont aussitôt agressés par-derrière. Le capitaine tente de se dégager avec sa collègue en utilisant du gaz lacrymogène. Selon certains témoignages, face à la violence des assaillants, il est même contraint de sortir son arme de service. À la fin de l’émeute, il a été transporté à l’hôpital Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne), avec un nez cassé, de multiples hématomes et peut-être même une lésion à l’œil. Il s’est vu prescrire dix jours d’ITT. Avec sa collègue, il a porté plainte. Deux personnes ont été placées en garde à vue après l’intervention de policiers venus en renfort.

«Je ne comprends pas qu’ils aient pu se trouver seuls dans un tel guêpier. C’est de la folie pure et simple!» s’étonne Patrice Ribeiro, le patron du syndicat de policiers Synergie-officiers. Le syndicaliste déclare: «Cela témoigne de l’explosion exponentielle des violences perpétrées contre les policiers, avec une volonté homicide décomplexée. Cette scène de lynchage est digne des pays où les mœurs les plus barbares ont cours. Sans réponses judiciaires fermes, nous courrons à des drames.» Même colère à l’Unsa-police, où le secrétaire général, Philippe Capon, dénonce des«faits intolérables. Cela montre que certains quartiers sont loin d’être pacifiés». Le syndicat Alliance a une nouvelle fois demandé le «retour des peines planchers», abrogées en 2014, pour les agresseurs de policiers.

Emmanuel Macron @EmmanuelMacron

Les coupables du lynchage lâche et criminel des policiers faisant leur devoir une nuit de 31 décembre seront retrouvés et punis. Force restera à la loi. Honneur à la police et soutien total à tous les agents bassement agressés.

L’opposition a dénoncé l’agression de Champigny-sur-Marne, notamment par la voix du président des Républicains, Laurent Wauquiez, qui a réclamé sur Twitter des «actes fermes». «Ce n’est pas d’une police de proximité dont nous avons besoin, mais d’une politique de sécurité», a-t-il ironisé. Pour Marine Le Pen, qui s’est exprimée via un communiqué du Front national, «ces scènes d’une rare violence viennent rappeler que perdure et s’amplifie dans notre pays, à côte de la menace terroriste, une insécurité confinant parfois à la guérilla urbaine». L’ex-Premier ministre Manuel Valls a condamné une «violence insupportable contre nos forces de l’ordre».

Lundi, dans l’après-midi, le chef de l’État, Emmanuel Macron, a assuré dans un tweet que «les coupables du lynchage lâche et criminel des policiers faisant leur devoir une nuit de 31 décembre seront retrouvés et punis. Force restera à la loi. Honneur à la police et soutien total à tous les agents bassement agressés».En visite au commissariat de Champigny-sur-Marne dans la soirée, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a indiqué s’être entretenu par téléphone avec les policiers après cette agression «totalement déplorable» et «inadmissible». «Nous identifierons celles et ceux qui sont coupables», a-t-il assuré. Dans l’ensemble de la France, les festivités de la Saint-Sylvestre se sont globalement «bien passées», avec «très peu d’incidents» à déplorer, a toutefois insisté le ministre.

Gérard Collomb @gerardcollomb

: je viens de m’entretenir avec les fonctionnaires de Police agressés.
Tout est mis en œuvre pour que les lâches auteurs de ces actes inqualifiables soient appréhendés et condamnés.
S’attaquer à nos forces de sécurité, c’est s’attaquer à notre République.

Place Beauvau, un officiel reconnaissait toutefois que la soirée du 31 décembre au 1er janvier a été «un peu chaude». Au total, huit policiers et trois militaires ont été blessés en France dans la nuit de dimanche à lundi, au cours de laquelle 1031 véhicules ont été incendiées et 510 personnes arrêtées, a indiqué le ministère de l’Intérieur. L’année précédente, 935 voiture avaient brûlé et 456 individus avaient été arrêtés.
Source : Le Figaro

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