Saint-Cyr : une promotion débaptisée par l’armée

La promotion 2016-2019 de l’école militaire avait été nommée « Général Loustaunau-Lacau ». Un héros militaire, mais notoirement antisémite.

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Marche arrière pour la promotion 2016-2019 de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. L’armée de terre a décidé de lui attribuer un nouveau parrain afin d’effacer des registres le nom du « général Loustaunau-Lacau ». Un militaire héros des deux guerres mondiales, mais notoirement antisémite.

« Le chef d’état-major des armées et l’armée de terre, en concertation avec la ministre des Armées, ont décidé de ne plus utiliser ce nom de promotion », a expliqué à l’Agence France-Presse le porte-parole de l’armée de terre, le colonel Benoît Brulon. Il sera engagé avec les élèves de la promotion concernée un « parcours de mémoire » au terme duquel un nouveau nom de parrain sera choisi, a-t-il précisé.

« Saint-cyrien, héros des deux guerres mondiales, résistant, déporté à Mauthausen et député à l’Assemblée nationale dans les années 1950, Georges Loustaunau-Lacau est une figure militaire dont les faits d’armes […] avaient alors justifié le choix des différentes autorités », fait valoir l’armée dans un communiqué. Mais « les éléments récemment portés à la connaissance du chef d’état-major de l’armée de terre, postérieurement à la décision d’attribution du nom, ont mis en lumière l’activité politique de Georges Loustaunau-Lacau dans les années 30 », au cours desquelles il a tenu des propos farouchement antisémites, poursuit le communiqué. Il a notamment animé en 1938 une maison d’édition nationaliste, La Spirale, qui a publié deux revues dans lesquelles ont paru de nombreux articles anticommunistes, antiallemands et antisémites. L’officier a lui-même écrit au moins un article en 1938 dans lequel il met en doute la loyauté des Juifs de France, explique l’armée de Terre.

« Une personnalité contestable »

Georges Loustaunau-Lacau a par ailleurs été suspecté d’avoir formé avec son réseau anticommuniste la partie militaire de la mouvance d’extrême droite de la Cagoule, lui valant un procès à la Libération au terme duquel il fut reconnu innocent et réhabilité. « Ces récentes révélations ont mis en lumière une personnalité contestable, qui, en dépit d’un passé de militaire et de résistant courageux, présente plusieurs actes répréhensibles qui ont conduit le chef d’état-major de l’armée de terre à considérer qu’il n’était pas acceptable qu’une promotion d’officiers-élèves puisse prendre le parcours du général Loustaunau-Lacau comme une référence », souligne le communiqué.

Cette affaire est rendue publique quelques jours après une polémique entourant la volonté initiale de l’état-major français de rendre hommage aux Invalides à « huit maréchaux » de la Grande Guerre à l’occasion du centenaire de l’armistice, incluant le maréchal Philippe Pétain, devenu plus tard chef du gouvernement collaborationniste de Vichy (1940-44).

Après le tollé provoqué par cette annonce, l’hommage s’est limité le 10 novembre aux cinq maréchaux inhumés aux Invalides. Pétain, frappé d’indignité nationale pour son rôle dans le régime de Vichy, est inhumé à l’île d’Yeu.

Source : Le Point

 

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