Rwanda : les révélations chocs sur la “faute” de la France

rwanda_sipa2Rwanda, juin 1994. Le premier génocide rwandais fit près de 800 000 morts. Photo © SIPA

Interrogé par Radio France, un ancien général de l’armée française évoque sa vérité sur le rôle joué par la France au Rwanda, dans les années 1990.

« Mes avertissements n’ont pas été pris en compte ». Vingt-cinq ans après le génocide des Tutsis en 1994, la cellule investigation de Radio France, avec Mediapart, est allée à la rencontre de Jean Varret, ancien général, chef de Mission militaire et coopération au Rwanda d’octobre 1990 à avril 1993. Comme le relaye franceinfo, Jean Varret a été écarté de ses fonctions après avoir tenté de s’opposer au soutien apporté par l’état-major militaire français au régime du président rwandais Habyarimana. « Certains militaires à des postes-clés sont allés trop loin. J’appelle ça le lobby militaire. Ce groupe, dont je connaissais certains éléments, faisait pression, y compris pour m’évincer de mes responsabilités. Ces militaires n’ont pas voulu prendre en compte les risques de cette politique de soutien à Habyarimana. La coopération avait pour mission d’aider à former, d’équiper, mais certainement pas de combattre. Je pense que ce lobby militaire a été plus enclin à aider au combat », explique-t-il.

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En désaccord avec le chef d’état-major de la gendarmerie rwandaise, le colonel Pierre-Célestin Rwagafilita, le général Varret a pris conscience en novembre 1990 de la gravité de la situation. « Au cours de cette réunion, le chef de la gendarmerie me réclame des armes lourdes. […] Devant mon refus catégorique, le chef de la gendarmerie lance à ses collaborateurs : ‘Messieurs, vous pouvez partir, je reste avec le général’. Et là, il me dit : ‘Nous sommes en tête à tête, entre militaires, on va parler clairement. Je vous demande ces armes car je vais participer avec l’armée à la liquidation du problème. Le problème, il est très simple : les Tutsis ne sont pas très nombreux, on va les liquider’ », raconte-t-il à Radio France.

« Horrifié » par ces propos, le général alertera immédiatement l’ambassadeur de France au Rwanda et le ministère de la Coopération en leur expliquant que « le risque de génocide était réel. » Aujourd’hui âgé de 82 ans, l’ancien militaire souligne que « l’histoire a prouvé que c’était une faute, plus qu’une erreur, puisque cela a débouché sur un génocide. La France était suffisamment informée sur les risques. » L’ONU estime qu’environ 800 000 Rwandais, en majorité Tutsis, ont perdu la vie entre avril et juillet 1994.

L’amiral Jacques Lanxade réfute ces accusations

Contacté par la cellule investigation de Radio France et Mediapart, l’amiral Jacques Lanxade a réfuté les accusations de Jean Varret, expliquant : « il n’y a pas eu d’aveuglement. Je pense qu’on a été tout le temps conscient de ce qui pouvait se passer. C’est pour cela qu’on était là. Jean Varret a eu raison de dire ce qu’il a dit, mais on ne peut pas en tirer la conclusion que nous avons été imprudents

Source : Valeurs Actuelles

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