Retraites: une manifestation à hauts risques à Paris

Mobilisée, la préfecture de police appelle les manifestants à aider aux interpellations des éventuels casseurs, jeudi, en les signalant.

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Des gendarmes lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, le 26 décembre. STEPHANE DE SAKUTIN/AFP
Un parcours «atypique» et même «risqué». C’est en ces termes que les professionnels du maintien de l’ordre analysent la manifestation unitaire (CGC, CGT, FO, FSU et Solidaires, UNEF et UNL) de ce jeudi 9 janvier, à Paris, contre la réforme des retraites. Se rassemblant dès 13h30 place de la République, point de départ fréquent des grands défilés syndicaux, le cortège est censé prendre ensuite la direction de la place Saint-Augustin, ce qui n’est guère habituel. «C’est tout petit, la place Saint-Augustin, et la gestion des foules en fin de parcours peut devenir délicate», estime un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur.

Il n’a pas échappé aux autorités que ce point d’arrivée est très proche de l’Élysée et de Beauvau. Or la préfecture de police (PP) s’attend à voir 60.000 à 80.000 manifestants battre le pavé ce jeudi. Il est loin le temps où les grandes centrales syndicales et la PP se concertaient sur un parcours adapté à chaque type d’événement, avec des «gros bras» de la CGT, excluant les fauteurs de troubles des cortèges. C’était autant de travail en moins pour les forces mobiles de la police et de la gendarmerie.

5.500 policiers et gendarmes mobilisés

Les organisateurs chercheraient-ils aujourd’hui à compliquer la tâche des forces de l’ordre, comme si la stratégie syndicale, en particulier à la CGT, avait subitement changé en ce début d’année? Une chose est certaine: la préfecture de police de Paris devra redoubler de vigilance et de réactivité pour éviter les débordements, car elle s’attend à voir s’agréger à cette manifestation 5.000 à 6.000 «gilets jaunes», au comportement difficile à prévoir. Sans parler des «black blocs», dont le vivier est estimé à un millier d’activistes qui se réunissent au gré des opportunités.

S’attendant à un épisode à «hauts risques», la préfecture de police a prévu un dispositif conséquent. Selon nos informations, pas moins de 5.500 policiers et gendarmes seront mobilisés dans la capitale. Outre 45 Compagnies républicaines de sécurité et Escadrons de gendarmerie mobile, soit une quinzaine de moins que le 1er mai dernier, quelque 3.000 effectifs de la préfecture de police seront déployés pour quadriller le parcours du cortège et, surtout, éviter qu’un «block» de casseurs ne se forme à sa tête.

Pour garantir une «capacité d’intervention immédiate sur les groupes de casseurs et les cortèges non déclarés», quelque 120 motos affectées aux Brigades de répression des actions violentes (BRAV-M) seront en appui. Reliés par radio et constituées en formations autonomes, ces binômes – soit 240 hommes au total – auront pour mission «d’intervenir en tout point» de Paris et de sa proche couronne.

Un rendez-vous crucial

Sans attendre, le préfet Didier Lallement a signé un arrêté interdisant tout attroupement «se revendiquant des «gilets jaunes»» autour des Champs-Élysées, des palais nationaux mais aussi de la cathédrale Notre-Dame, du Trocadéro et du Champ de Mars, du Forum des Halles et de la gare Saint-Lazare, ainsi que des Grands Magasins. Alors qu’une réquisition a été adressée à la Mairie de Paris pour «faire enlever tous les éléments pouvant servir de projectiles et sécuriser les chantiers de voie publique sur l’ensemble du parcours de la manifestation syndicale», les commerces sont quant à eux priés de «prendre des précautions de protection».

Face à l’ampleur de la vague contestataire qui s’annonce, le préfet de Police appelle les «manifestants à aider à l’interpellation des individus violents en les signalant aux forces de sécurité présentes». Ce rendez-vous est d’autant plus crucial qu’il intervient 48 heures avant une nouvelle manifestation annoncée et l’organisation, le 18 janvier, d’un grand rassemblement des «gilets jaunes» à Paris. Avec toujours le dessein d’investir les Champs et de marcher sur le palais présidentiel.

Source : Le Figaro

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