Précarité : dans le métro parisien, un SDF sur cinq a un emploi

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Les sans-abri du métro parisien sont majoritairement des hommes seuls (82%), francophones, âgés de 46 ans en moyenne. – Le Pictorium/Maxppp
Parmi les 714 sans-abri se réfugiant dans le métro parisien recensés par la RATP et l’observatoire du Samu social dans leur enquête publiée ce lundi 18 novembre, 20% déclarent avoir un emploi.

Métro, boulot… métro. Signe percutant de précarité, les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux parmi les sans-abri trouvant refuge dans le métro parisien, indique une enquête publiée ce lundi 18 novembre par la RATP et l’observatoire du Samu social.

L’étude, menée de décembre 2018 à août 2019, permet de dresser le profil de ces personnes victimes de la grande pauvreté : majoritairement des hommes seuls (82%), francophones, âgés de 46 ans en moyenne, ils sont 20% à déclarer avoir un travail. Et 3% des SDF interrogés sont titulaires d’une allocation chômage. Enfin, 6% touchent une retraite. Autrement dit, près d’un tiers des sans-abri ont un revenu lié au travail. A titre de comparaison, 26% vivent de minima sociaux (RSA, allocation adulte handicapé), 20,6% ont recours à la mendicité, 4,9% reçoivent l’aide d’un proche et 33,1% ne déclarent aucun revenu.

« Le public a changé, en particulier avec l’augmentation de la part des travailleurs précaires, qui font un autre usage du métro. Ils y passent la nuit mais travaillent la journée, ou l’inverse« , explique Odile Macchi, sociologue à l’observatoire du Samu social, qui a mené l’enquête de terrain. On trouve également de plus en plus de jeunes retraités, de jeunes en rupture familiale, des femmes victimes de violences et de personnes malades.

Plus de 25% sans logement depuis dix ans

En 2018, près de 2.500 personnes différentes ont été identifiées et accompagnées par la RATP. Parmi les 714 sans-abri recensés par l’enquête dans la quasi-totalité des stations, seuls 7% disent y rester toute la journée et font partie de cette classe d’occupants dit « clochardisés », repérable du grand public. A rebours de la représentation collective du SDF faisant la manche auprès des voyageurs, plus de la moitié des sans-abri du métro n’y mènent aucune activité, le souterrain représentant pour eux juste un refuge. « Entre 6 et 8 heures, dormir représente l’activité principale (50% des sans-abri recensés). A partir de 18 heures, la majorité (60%) des sans-abri n’avaient aucune activité« , détaille l’enquête.

Leur période d’errance est généralement longue : plus d’un quart sont sans logement depuis au moins dix ans, près de la moitié depuis au moins cinq ans et les 3/4 depuis plus d’un an, selon l’enquête cofinancée par la région Ile-de France.

Plus de 30% des sans-abri du métro se déclarent « en mauvais ou très mauvais état de santé« , selon l’enquête, soit près de deux fois plus que dans l’enquête nationale de référence sur les sans-domicile fixe, réalisée en 2012 par l’Insee (17%). Selon l’enquête, ils sont également 30% à déclarer consommer de l’alcool plus de quatre fois par semaine et 30% à indiquer ne pas du tout boire d’alcool. Un quart d’entre eux ont consommé de la drogue ou des médicaments détournés au cours des douze derniers mois : 20% du cannabis, 14% de la cocaïne ou du crack et 7% des opiacés.

Fin mai, la présidente de la région Valérie Pécresse avait annoncé la création de « maisons solidaires« , destinées à accueillir les sans-abri du métro. « Cent-quarante places seront ouvertes dès cet hiver dans un projet pilote« , a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse ce lundi.

Source : Marianne

 

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