PORTRAIT. Du lycée Bréquigny de Rennes au commandement d’une escadrille de l’aéronavale

Il est un véritable ambassadeur de la Marine nationale. Le capitaine de corvette Vincent Berthelot, 40 ans, prend le commandement de l’escadrille 57 S de la base aéronautique navale de Landivisiau (Finistère). Après une vingtaine d’années dans la chasse embarquée et de nombreuses missions de guerre à son tableau, cet ancien bachelier scientifique du lycée Bréquigny de Rennes laisse le manche du Rafale Marine pour celui du Falcon 10 Mer dédié à la formation des pilotes de chasse du porte-avions.

« Il y a sans doute plein de pilotes de chasse qui s’ignorent. Même avec uniquement le bac en poche, on peut en devenir un. Il ne faut pas être un super-homme, juste être super motivé ».

Au lendemain de son survol du centre-ville de Rennes aux commandes de son chasseur Rafale Marine, le 10 novembre 2018, ce lieutenant de vaisseau de l’aéronavale avait trouvé les mots juste pour parler de sa passion et, pourquoi pas, susciter les vocations.

Vincent Bertelot, alors lieutenant de vaisseau, le 10 novembre 2018, alors qu’il vient de passer juste au-dessus de la place de l’hôtel de ville de Rennes à 800 km/h. DR | ARCHIVES
Vincent Berthelot a survolé Rennes en Rafale Marine en 2018 et en 2019. | ARCHIVES

Trois ans plus tard (et après un second survol en Rafale Marine du centre-ville de Rennes le 8 mai 2019) ce Rennais d’origine a pris du galon et le commandement d’une flottille aérienne de la Marine nationale. À 40 ans, officier sous contrat, le capitaine de corvette Vincent Berthelot est désormais à la tête de l’escadrille 57 S de la base aéronautique navale de Landivisiau (Finistère).

De la chasse embarquée à l’instruction

Une escadrille armée de six Falcon 10 Mer, un appareil en fin de carrière mais toujours robuste. La 57 S est dédiée principalement à l’instruction et à la formation des jeunes pilotes de chasse brevetés qui reviennent de leur « stage » obligatoire aux États-Unis.

Un Falcon 10 Mer Standard 2. L’appareil n’est plus de première jeunesse mais ses instruments de navigation ont été modernisés. | OUEST FRANCE
Des chasseurs Rafale Marine et un Falcon 10 Mer sur la base de Landivisiau, dans le Finistère. | D.R.

« À la 57S, on leur apprend à voler en basse altitude, voire très basse altitude, ils apprennent la circulation aérienne militaire et civile, nous assurons la qualification de vol aux instruments de tous les pilotes du groupe aéronavale, explique Vincent Berthelot. Nous assurons aussi des missions de soutien, et pouvons transporter la ministre des armées ou le chef d’état-major de la marine nationale ».

Le capitaine de corvette Vincent Berthelot (à droite) et le lieutenant de vaisseau Benoît Le Ray, amis bretons et pilotes de chasse de l’aéronavale issus de la même promotion. | D.R.

L’escadrille 57 S, c’est une équipe de 30 personnes, dont une dizaine de pilotes, une vingtaine de personnels du service général, de gestion de l’activité aérienne et du suivi technique, et une équipe détachée de Sabena Technics pour la maintenance. Le roulement opérationnel fait que quatre Falcon 10 Mer sont en permanence déployable depuis la base aéronavale de Landivisiau et deux appareils sont dans les hangars du maintenancier Sabena Technics, sur leur site de l’aéroport de Pleurtuit-Dinard (Ille-et-Vilaine).

Lycée Bréquigny, DUT de gestion puis pilote

Le jeune Vincent Berthelot était-il un « matheux » dans l’âme avant de monter dans un cockpit ? « Pour être pilote dans l’aéronavale, il faut juste être hyper à l’aise avec la règle de trois mais surtout calculer vite ! », sourit le capitaine de corvette Berthelot qui a grandi à Rennes. Je suis allé au collège de Cleunay puis au lycée Bréquigny où j’ai obtenu un bac C (scientifique) avant d’intégrer le DUT gestion des entreprises et administration au campus Beaulieu ».

Un jour, « un peu sur le tard », il a franchi les portes du bureau d’information sur les carrières de la marine (BICM) qui se trouvait auparavant sur le mail François-Mitterrand, à Rennes, et l’aventure a commencé.

Qualifié à l’appontage sur un porte-avions américain

Vincent Berthelot intègre la Marine nationale en tant qu’élève officier pilote de l’aéronautique navale le 14 mai 2002. Sélectionné pour la filière chasse embarquée, il suit le cours des pilotes de l’US Navy à Meridian, dans le Mississippi.

Un chasseur Rafale Marine s’apprête à décoller depuis le pont d’envol du porte-avions Charles-de-Gaulle. | DR/MARINE NATIONALE/JOHANN GUIAVARCH

C’est l’un des deux bases de la marine américaine servant à la formation de ses pilotes de chasse et qui accueille les futurs pilotes de chasse de l’Aéronavale française pour les former sur avion de chasse à réaction et à l’appontage sur porte-avions. En 2006, il est qualifié à l’appontage sur le porte-avions (PA) américain « Eisenhower » et breveté pilote de chasse de l’aéronautique navale.

De retour en métropole, il poursuit son entraînement sur « Super étendard modernisé » (SEM). Il obtient sa qualification à l’appontage sur le porte-avions « Charles de Gaulle » en 2007 et participe à la sortie opérationnelle « Agapanthe » en océan Indien la même année.

Le Super Étendard Modernisé (au premier plan) a quitté le service actif en 2016 et fait ses adieux aux armes après quelque 38 années de service au sein de l’aéronavale. Il a laissé sa place au Rafale Marine, l’un des chasseurs les plus performants au monde (au second plan). | ARCHIVES

Il rallie la Flottille 17F, où il obtient sa qualification d’équipier opérationnel et est engagé en 2008 sur la base de Kandahar en Afghanistan, dans le cadre de l’opération « Serpentaire ».

En 2009, il est qualifié sous-chef de patrouille « assaut » sur SEM. Affecté à la Flottille 11F, il se voit confier la responsabilité de former les jeunes équipiers à l’entraînement.

En 2010, il est déployé en océan Indien dans le cadre de l’opération « Pamir » au profit des troupes de la force internationale déployée en Afghanistan. En 2011, il devient chef de patrouille sur SEM et il est engagé sur le PA « Charles de Gaulle » dans le cadre de l’opération « Harmattan » en Libye. De retour à la Flottille 17F, il se voit confier la fonction de chef de la cellule instruction et prend la direction de la section transformation chasse SEM.

Passage du Super Etendard Modernisé au Rafale Marine

En 2014, il accomplit sa transformation sur « Rafale marine » (RFM) à la Flottille 12F. Il devient chef de patrouille « projection de puissance » sur RFM. Il se voit confier la fonction d’officier responsable de la sécurité aérienne au sein de la flottille. Il participe depuis le PA « Charles de Gaulle » à l’opération « Chammal » en Irak et en Syrie entre 2015 et 2016.

En 2017, il prend le commandement des opérations de la Flottille 17F et dirige notamment une équipe de vingt-quatre pilotes au cours de la mission « Chesapeake » en 2018.

Ce déploiement sans précédent permet au groupe qu’il conduit de préparer activement la remontée en puissance du groupe aérien embarqué aux côtés des pilotes américains sur le PA américain « Georges H. W. Bush ».

Modernisation du Rafale et préparation mentale

Depuis l’été 2018, son poste de chef de division au sein de l’état-major du groupe aérien embarqué fait de lui un pilier de la chasse embarquée française. En 2019, il participe activement aux expérimentations du Rafale Marine au standard F3-R.

En 2020, il mène un projet avec les chercheurs de l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées en formant les pilotes de la chasse embarquée à une nouvelle technique de préparation mentale dans le domaine de la régulation attentionnelle et de la gestion de la charge cognitive.

Le capitaine de corvette Vincent Berthelot totalise à ce jour 3000 heures de vol dont plus de 2000 sur avion d’armes. Il est chevalier de la Légion d’Honneur et décoré de la Croix de la Valeur Militaire (1) avec citations pour ses missions en Afghanistan, en Libye, en Irak et en Syrie.

Vers une nouvelle étape

Le commandement de l’escadrille 57S donne le cap des deux prochaines années pour le capitaine de corvette Vicnent Berthelot. « C’est un peu mon bâton de maréchal. Je ne suis pas militaire de carrière, mais officier sous contrat. Je quitterai la Marine nationale dans deux ans ». Avec l’envie de transmettre sa passion et son expérience.

Pour son dernier vol aux commandes d’un Rafale Marine, Vincent Berthelot n’a pas oublié d’afficher son soutien à l’œuvre du Bleuet de France pour les militaires blessés. | D.R.

« Je suis déjà ambassadeur de la Marine nationale pour l’aéronavale sur MyJobGlasses, c’est une startup française qui met en relation les entreprises avec les étudiants ».

D’ici là, il restera fidèle à d’autres engagements, comme son soutien à l’œuvre du Bleuet de France, à travers les initiatives portées par le Cercle des amis de la mémoire partagée de Rennes et l’Office national des anciens des combattants et victimes de guerre d’Ille-et-Vilaine (ONACVG), notamment le tour du monde du Bleuet de France. À la rentrée, si les protocoles sanitaires le permettent, les Rennais pourront le rencontre le 18 septembre 2021 lors de la journée armée-nation organisée à l’aéroclub de Rennes.Êtes-vous pour un retour du service militaire ?

(1) La croix de la valeur militaire est attribuée aujourd’hui aux soldats et unités de l’armée française cités, engagés en opérations extérieures sur les territoires hors de France dont la liste est mise à jour régulièrement par l’office national des anciens combattants et victimes de guerre. Elle est décernée notamment pour les opérations en Afghanistan ou les opérations outre-mer, au Sahel et au Moyen-Orient. PORTRAIT. Du lycée Bréquigny de Rennes au commandement d’une escadrille de l’aéronavale

Source : Ouest-France

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