Parti combattre en Ukraine, un gendarme français condamné pour désertion

Un jeune gendarme français quitte son peloton pour rejoindre une légion internationale en Ukraine, où il est né. Après cinq mois dans une unité combattante, notamment dans la région de Kharkiv, le militaire est rentré en France. Il s’est expliqué face à la justice.

Ce colosse de bientôt 25 ans est gendarme depuis cinq ans, affecté à une unité de choc, un peloton de surveillance et d’intervention en Picardie. PHOTO ILLUSTRATION SAMI BELLOUMI – VDNPQR

La chambre militaire du tribunal judiciaire de Lille est coutumière des désertions. Parfois, il s’agit de sanctionner ce qui, dans le civil, pourrait s’apparenter à des abandons de poste. Rien de tel, ici, avec R. K.

Ce colosse de bientôt 25 ans est gendarme depuis cinq ans, affecté à une unité de choc, un peloton de surveillance et d’intervention en Picardie. Le 28 mars dernier, après deux jours de repos, il ne se présente pas au PSIG. La veille, R. K. a embarqué à l’aéroport de Beauvais. Direction Cracovie, en Pologne, puis l’Ukraine toute proche. Pendant cinq mois, ce soldat français, rompu à l’usage des armes et des méthodes d’intervention, sera membre, après une période de formation au matériel local, d’une légion de volontaires internationaux.

Moulé dans un T-Shirt immaculé, le cheveu coupé ras et la colonne vertébrale raide, R. K. en impose. Un géant aux yeux meurtris. Il a été envoyé au front à Kharkiv, « une région ayant connu beaucoup de combats, de pertes, d’atrocités », semble compatir la procureure Lucienne Cluytens. Après avoir patienté tout l’après-midi, l’ancien gendarme, venu sans avocat, conserve les mâchoires serrées. « Je voulais franchir la frontière, se contente de lancer le prévenu au président Mikaël Simoëns. Combattre. C’est ce que j’ai fait. » Les parents du militaire ne voulaient pas de cet engagement face aux Russes. Alertée, la hiérarchie de R. K. a tenté de le convaincre de rentrer. Finalement, des enquêteurs se sont présentés chez lui afin de récupérer de quoi recueillir et enregistrer son ADN. Au cas où…

Radié

R. K. rentrera au bout de cinq mois. « C’est un retour de mon plein gré, précise le vétéran. Je voulais revoir la famille. Je souhaite rester. » La gendarmerie ? « Je suis radié des cadres », grimace le Picard. Dès son arrivée en France, le membre du PSIG s’est présenté à ses supérieurs. Le voici dans un prétoire. « On peut être sensible à la force de votre engagement, du courage qu’il vous a fallu, admet le président. Vous avez mis vos idées au service d’une cause. » Cependant, « vous êtes allés combattre pour une puissance étrangère, rappelle Mikaël Simoëns. Vous êtes militaire français d’active. » R. K. est condamné à deux mois de prison avec sursis. Il encourait jusqu’à cinq ans.

Source : La Voix du Nord

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