« On peut très vite passer à l’acte » : Denis, gendarme de 44 ans, a pensé à se suicider

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb rencontre les syndicats de policiers et de gendarmes, vendredi, pour tenter d’endiguer la forte hausse du nombre de suicides au sein des forces de l’ordre. Portrait d’un gendarme en burn-out, qui a lui-même songé au suicide.

Illustration d\'une patrouille de gendarmerie mobile à la gare Saint-Lazare.
Illustration d’une patrouille de gendarmerie mobile à la gare Saint-Lazare. (MAXPPP)
Face à la hausse brutale du nombre de suicides au sein des forces de l’ordre, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb reçoit les organisations syndicales, vendredi 24 novembre. En effet, depuis le début de l’année, 16 gendarmes et 47 policiers ont mis fin à leurs jours. Le ministre doit faire des propositions pour tenter d’endiguer le phénomène.

Si les passages à l’acte sont souvent motivés par des problèmes personnels, Gérard Collomb a reconnu, mi-novembre, que « la dureté des tâches » des forces de l’ordre ne doit pas « être éludée ». Les syndicats attendent donc des propositions de réorganisation du temps de travail, pour que policiers et gendarmes puissent mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. franceinfo a recueilli le témoignage d’un gendarme qui a songé au suicide.

Situation personnelle et profesionnelle liées

Denis* travaille dans la gendarmerie depuis 19 ans. Insidieusement, ses difficultés professionnelles ont fini par rejaillir sur sa vie privée. Conséquence : sa femme l’a quitté au début du mois. Impossible alors pour ce gendarme de remettre son uniforme : « Je ne savais plus trop où j’en étais. J’avais la grosse déception de la séparation d’avec ma femme – c’était le point principal – et je me sentais de plus en plus usé et fatigué au travail. » Ce père de famille est conscient des risques que ça peut engendrer dans son travail :

Ça joue sur la sécurité : la mienne, celle des citoyens, celle de mes collègues.

Denis, gendarme de 44 ansà franceinfo

Il est convaincu que ses situations profesionnelle et familiale sont étroitement liées. « Quand vous n’êtes pas bien au travail, vous n’êtes pas bien à la maison ; quand vous n’êtes pas bien à la maison, vous n’êtes pas bien au travail. » Il fait alors une pause et prend le premier arrêt de travail de sa carrière. « Même si c’est contre mes idées et mes valeurs, il était nécessaire. Pour moi, pour l’entourage, c’était vital. »

Son meilleur ami policier était passé à l’acte

Face à toutes ces difficultés, cette homme de 44 ans songe pour la première fois au suicide. « Pour soulager tout le monde », concède t-il. Il assure : « On peut très vite passer à l’acte. » Lui n’en fera rien parce qu’il se raisonne très rapidement. « J’ai vite repensé à la famille proche, aux enfants, au fait que ce n’est pas la solution. » Denis est également marqué par un drame similaire qui l’a touché quelques temps auparavant : « Mon meilleur ami, qui était policier, a mis fin à ses jours il y a six ans dans ces circonstances-là. » Conscient des conséquences que ce geste comporte, il se raisonne.

C’est une idée noire qui m’a traversé l’esprit 30 secondes mais j’ai pu relativiser et vite l’évacuer.

Denis, gendarme en burn-outà franceinfo

Pour se reconstruire, ce gendarme est pris en charge depuis le début de la semaine dans une structure adaptée. Denis espère vite remonter la pente. « Je suis là pour avoir un peu plus de légèreté avec moi-même, pour retrouver une vie normale, retrouver mes enfants, dans l’espoir de retrouver mon épouse aussi – ça reste un de mes gros espoirs – et pour être performant, efficace dans ce travail que j’aime, que j’ai choisi par vocation. » Il a un objectif : « Me sentir mieux au quotidien en alliant travail et vie personnelle. »

*Le prénom a été modifié.

Source : France Info

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *