Nous ne sommes pas en guerre : garder le poing levé mais ne jamais frapper

L’aube de la Liberté, la vraie. Pixabay

Auteur(s): Axel Messaire, pour FranceSoir A+A

TRIBUNE – Si quelques-uns l’attendaient de pied ferme, la position autoritaire choisie par Emmanuel Macron le 12 juillet dernier n’aura pas manqué d’en sidérer beaucoup d’autres. Est-ce vraiment une surprise ? Voilà mon point de vue sur la question, et il n’engage que moi.

Dans une société où le « progrès » nous permet de nous échapper, de nous déconnecter à tout moment, à travers le voyage, les réseaux ou le divertissement, qui fait encore l’effort de s’attacher à la dure réalité de la vie ? Si l’on blâme ci, si l’on condamne cela, ne préfère-t-on pas, bien souvent, s’arrêter là et éviter d’avoir à payer le prix du changement, confortablement installé dans le fauteuil de la société ? Ne préfère-t-on pas fermer les yeux, au moins détourner le regard quand la réalité devient trop pénible à affronter, quand les actes n’arrivent pas à suivre les mots ? Aujourd’hui, nous avons à portée de main tellement d’échappatoires que l’on en devient incapables de voir, ou même de concevoir, que le monde est cruellement resté le même. Les Hommes qui le peuplent y sont toujours en perpétuelle quête de pouvoir et de toute puissance… en tout cas pour l’instant.closevolume_off

Plus le temps passe et plus nous oublions, ce qu’Emmanuel Macron vient de nous remémorer.

« Nous sommes en guerre » a-t-il dit. Vraiment ? Moi qui croyais, naïvement peut-être, que la guerre, c’était des fusils, des combats et des morts. En sommes-nous arrivés là ? Ce n’est pas l’impression que j’ai, mais c’est peut-être ce qu’il veut nous faire croire. C’est ce que Naomi Klein appelle « La stratégie du choc » : quand les gens ont peur, pour une raison ou pour une autre, ils sont guidés par les émotions et non plus par la raison, devenant ainsi capables d’accepter des choses qu’ils n’accepteraient pas d’ordinaire. Voici un exemple qui parlera à tout le monde : après les attentats des tours jumelles en septembre 2001, les États-Unis ont mis en place le Patriot Act, une loi qui permettait la surveillance généralisée des Américains, au nom de la lutte contre le terrorisme. La population étant littéralement terrorisée, elle fait le choix d’accepter. Vingt ans plus tard, les Américains sont encore surveillés. En somme, il n’y a pas meilleur levier que la peur pour faire adhérer la population à des idées liberticides. Une fois que le mal est fait, il suffit de pérenniser, et c’est là tout le danger.

Bien, revenons en France et à son « état d’urgence sanitaire », qui vient d’être une nouvelle fois prolongé jusqu’au 31 décembre 2021. Ici, l’état de choc est créé par un discours guerrier, qui voudrait que nous luttions pour notre santé, et par une propagande de la peur, via des médias détrousseurs de cadavres, alarmistes et affolants. Depuis plus d’un an déjà, nous acceptons ainsi des mesures ô combien coercitives, que nous n’aurions jamais imaginées autrement, sauf à lire 1984 d’Orwell ou « Le Meilleur des Mondes » d’Huxley.

Répétons-le, l’enjeu pour les gouvernants est maintenant de pérenniser ce qui devrait normalement s’éteindre avec le temps. Allons-nous accepter, tous les trois ou quatre mois, de nous enfermer chez nous pour nous protéger de la prochaine vague ou du prochain variant, sans autre raison valable ? Probablement pas. Il leur faut donc enrichir leur argumentaire sanitaire, ou à défaut, changer de stratégie.

Emmanuel Macron a manifestement choisi la deuxième option, en repassant, après quelques mois de répit – pour lui en tout cas, en mode guerrier. La peur étant déjà suffisamment instillée, et le plafond de verre de la vaccination (volontaire) pointant le bout de son nez, il faut maintenant passer à l’action.  En somme, l’introduction est faite, les protagonistes sont présentés, le décor est planté, il ne manque plus que l’élément déclencheur de l’histoire.

Les gouvernants font face aux récalcitrants, et chacun des deux camps attend l’erreur de l’autre pour légitimer ses prochains coups. Emmanuel Macron, alors, dévoile son jeu de plus en plus nettement, passant de l’incitation aux menaces, puis à l’obligation.

Soit dit en passant, posez-vous la question sincèrement : avez-vous déjà fait, une seule fois dans votre vie, quelque chose de bien sous la menace ? Sommes-nous encore des enfants, trop désobéissants pour mériter le temps long de l’explication, appelant donc à la punition ?

Le gouvernement, toujours en quête de pouvoir et d’obéissance, cherche à serrer un cran supplémentaire de la ceinture. Seulement, l’Histoire a prouvé que pour déclencher les pires atrocités, il fallait pouvoir le justifier, d’une manière ou d’une autre. Au vu des manifestations de plus en plus importantes, peut-être que l’argument du « non-vacciné » ne suffit pas pour que la population accepte. Emmanuel Macron préparerait-il le coup d’après ?

De fait, ses annonces du 12 juillet vont diviser les Français en deux camps aussi triviaux que gentils et méchants. Les premiers bénéficieront de la nouvelle « liberté », entretenue par des QR codes et des rappels de vaccins, les seconds en revanche, deviendront les parias de la société. Pire, en appliquant le passe sanitaire aux activités de la vie courante, Emmanuel Macron demande aux restaurateurs, aux petits épiciers et aux commerçants en tout genre – dont la vie a été bouleversée comme tous les autres, d’endosser en plus le rôle de contrôleurs pour jouer les policiers avec leurs clients. Comment voulez-vous, dans un tel climat et après de si nombreux mois de coercition, que chacun garde son calme ? Les gouvernants le savent mieux que personne : pour régner, il suffit de diviser.

Alors que nous sommes tous dans la même galère depuis un an et demi, que nous trimons pour maintenir notre économie à flot et que nous n’attendons plus que le retour à la vie normale, allons-nous vraiment continuer les regards noirs entre nous, simplement parce que nous avons fait un choix différent pour notre santé ? S’il y a bien quelque chose qui est, historiquement et légalement, de l’ordre du privé, c’est bien la santé. Quels que soient les choix de chacun, la santé est l’affaire de l’individu, mais la politique, elle, est bien l’affaire de tous.

Ajoutons qu’au nom du « progrès », nous appelons aujourd’hui à « croire en la Science ». Croire, c’est faire le choix d’exclure les preuves, c’est faire naître une religion. Or, la Science par essence, représente le débat et l’avancée intellectuelle motivée par les erreurs. Si elle a déjà servi, par le passé, d’autel pour croyants aveugles, l’Histoire a encore une fois prouvé que c’était souvent pour le pire.

Alors j’en appelle à notre raison, oublions nos craintes et pensons librement. Laissons les autres en faire autant, car la violence ne résoudra que peu de choses, et pourra même servir le gouvernement. Car si j’écris tout ceci, c’est pour en arriver à la stratégie présidentielle. S’ils parviennent à nous monter les uns contre les autres, alors nous déclencherons nous-mêmes l’histoire, et le Président aura le pouvoir de déclarer la loi martiale. Si jusqu’alors il ne faisait que bafouer les droits démocratiques, prendre le pouvoir avec l’armée lui permettrait de faire bien pire encore.

Voir aussi : les manifestations de samedi 17 juillet

Toujours est-il que nous diviser lui demande des efforts, et qu’il continue de dévoiler ses cartes petit à petit. Il nous suffit de nous serrer les coudes et de dire non ensemble, à cette société de contrôle et de sécurité qui abolit la liberté. Ensemble, nous avons le pouvoir de changer le cours des choses pacifiquement. Ensemble, nous pouvons garder le poing levé, mais ne jamais frapper. Alors laissons le cygne chanter…

À l’heure où la vaccination est promue à tort et à travers par le gouvernement, et où les rassemblements grandissent de semaine en semaines nous marchons, d’un côté comme de l’autre, sur un fil rouge. Alors je laisse le mot de la fin à quelqu’un qui fut mis à l’honneur cette année, par Emmanuel Macron lui-même, et qui maîtrisait sans conteste l’art de la guerre : « N’interrompez jamais un ennemi qui est en train de faire une erreur. »

Auteur(s): Axel Messaire, pour FranceSoir

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