Meurtre d’une octogénaire : le crime du gendarme était presque parfait

Barbezieux (Charente). Claude Tavernier (à droite), 83 ans, a été tuée dans la demeure familiale, le 26 juin 2012, de plus de 40 coups de couteau. Lors de son premier procès, Mathieu Buelens a assuré ne garder que quelques «flashs» du crime qu’il a avoué.

(DR)

Mathieu Buelens, déjà condamné à trente ans de réclusion, est jugé en appel pour le meurtre d’une octogénaire, figure très connue de Barbezieux (Charente). Un geste qu’il n’a jamais pu motiver.

«Pour réussir une enquête judiciaire, il faut un travail acharné des enquêteurs, mais aussi un ou deux coups de chance», ont coutume de dire les juges d’instruction. A partir de ce lundi, la cour d’assises d’appel de Bordeaux (Gironde) rejuge Mathieu Buelens, ancien gendarme, condamné à trente ans de réclusion criminelle par la cour d’assises d’Angoulême en novembre 2015 pour l’assassinat de Claude Tavernier, une retraitée 83 ans.

 

Ce crime, commis à Barbezieux (Charente) le 26 juin 2012, serait resté un crime parfait sans un incroyable concours de circonstances. Ce jour-là, juste avant d’arriver pour sa prise de poste, un gendarme motocycliste passe par hasard devant la demeure bien connue des Tavernier quand son regard est attiré par un jeune homme qui en sort : «Ce dernier était vêtu de notre tenue complète. J’ai bien remarqué l’inscription gendarmerie dans le dos.» Sur le moment, le motard se dit juste : «Tiens, un collègue !» Mais quand, le lendemain, il apprend que la vieille dame a été sauvagement assassinée chez elle de plus de 40 coups de couteau, il en parle immédiatement à ses supérieurs. Ce fil, aussi ténu soit-il, sera l’orientation exacte de l’enquête.

 

Un incendie pour maquiller la scène

 

En effet, qui pouvait en vouloir à Claude Tavernier ? L’octogénaire était une figure de Barbezieux. Elle vivait seule depuis le décès de son époux, ancien lieutenant-colonel de la Légion étrangère et propriétaire de la distillerie de cognac familiale. Ensemble, ils ont eu cinq enfants, tous mariés, une flopée de petits-enfants et une ribambelle d’arrière- petits-enfants. Tous les étés, la famille, qui compte près de 100 personnes, se réunissait dans la grande demeure de Barbezieux.

 

 

Fervente catholique, Claude Tavernier était très investie dans la vie de sa paroisse et, deux fois par semaine, elle visitait ceux qu’elle appelait «ses petits vieux» à l’hôpital. Les portes de sa grande demeure étaient toujours ouvertes et les gens dans le besoin pouvaient obtenir un sandwich, une bouteille d’eau ou de l’écoute. C’est d’ailleurs cette première hypothèse que les enquêteurs ont creusée : une mauvaise rencontre, un cambrioleur transformé en tueur, d’autant plus que quelques objets ont disparu et un incendie a été déclenché pour tenter de maquiller la scène. Mais cette piste sera un échec : «Mme Tavernier avait le cœur sur la main, mais elle n’était pas inconsciente», affirment ses proches.

 

Alors les gendarmes ont enquêté en secret sur leurs propres effectifs : qui est cette personne habillée en gendarme, aperçue sortant de chez Mme Tavernier alors qu’aucune intervention n’était prévue ? Il faudra deux mois pour passer de 5 000 personnes potentielles à une courte liste. Le premier qu’ils interrogent s’appelle Mathieu Buelens. Et le hasard va vouloir qu’il s’agisse du tueur de la vieille dame.

Source : Le Parisien

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