Manifestations : de nouvelles unités créées pour « passer à l’offensive »

Le photographe Nnomam Cadoret a filmé le passage à tabac d’un homme par des policiers portant des casques de moto, au cours de la première manifestation contre la réforme des retraites, en décembre dernier. Ces agents font partie d’une nouvelle brigade créée pour encadrer ces rassemblements.

Le 5 décembre dernier, boulevard Magenta, à Paris, des policiers avec des casques de moto frappent un homme à terre, avant de prendre la fuite. L’auteur de ces images est le photographe Nnomam Cadoret. Ce jour-là, il couvrait la première grande manifestation contre la réforme des retraites. « J’étais au milieu de la route, il y avait des gaz lacrymogènes un peu partout, on entendait des détonations derrière. C’est à ce moment-là que j’ai vu la scène, je me suis approché et j’ai commencé à filmer », raconte-t-il.

« Quoi qu’il ait pu faire avant, ça reste choquant »

Les policiers qu’il filme sont des agents d’un genre nouveau. Ils appartiennent à la BRAV-M, la Brigade de répression de l’action violente-motorisée. Il s’agit d’une unité circulant à moto, créée ouvertement pour lutter contre les casseurs. « Qu’une personne soit autant rouée de coups, alors qu’il n’oppose pas de résistance, qu’il est juste en boule, qu’il se recroqueville pour se protéger, ça reste choquant, quoi qu’il ait pu faire avant », poursuit le photographe. Cette vidéo a entraîné l’ouverture d’une enquête de l’inspection générale de la Police nationale. Nnomam Cadoret a été convoqué comme témoin. Pour l’heure, aucun des policiers impliqués n’aurait été entendu. Derrière l’introduction de ces nouvelles unités, un changement de stratégie, décidé au plus haut niveau. Face à la violence, la police ne doit plus seulement riposter, mais passer à l’offensive.

Source : France TV Info

Note de la rédaction de Profession-Gendarme :

Le commentaire d’un de nos fidèles lecteurs, issu de la Magistrature

Des brigades de police en moto (Brav-M) pour répondre à des problèmes sociaux ?! Ont-ils à ce point perdu la raison ?!

Si ces Brav-M sont destinées à lutter contre les casseurs et les interpeler, la vidéo ci-dessous démontre un détournement de l’usage de ces unités non formées au maintien de l’ordre. Ceci amène un certain nombre de questions.

Pourquoi la personne au sol reçoit-elle de multiples coups alors qu’elle ne présente alors aucune menace pour les policiers, l’ordre public et les riverains ?

Si cette personne avait été préalablement identifiée comme un « casseur », pourquoi n’a t-elle pas été interpelée pour être présentée à un officier de police judiciaire, au lieu d’être laissée sur le trottoir sans soins ? Sans présentation à un magistrat ?

La réponse du préfet de police de Paris à une manifestation consiste-t-elle simplement à recourir à des actions violentes motorisées à l’endroit de personnes qui ont, ou pourraient, ou seraient susceptibles de…provoquer des troubles à l’ordre public ? Le code de procédure pénale est-il devenu un détail sans importance dans le cadre de ces actions violentes qui ne donnent lieu à aucun suivi judiciaire contre une personne pourtant supposée représenter un danger pour l’ordre public ?

Faut-il permettre à des hauts fonctionnaires de réprimer de « supposés » actes de délinquance commis par des « supposés-casseurs » en tenant à l’écart l’autorité judiciaire et en s’affranchissant des règles du code de procédure pénale ?

Faut-il encore que la violence « légitimée » par des hauts fonctionnaires et des personnels politiques soit légitime au regard de la loi, ces textes « encombrants », agaçants qui garantissent et définissent les droits et les libertés fondamentales ainsi que les devoirs de chacun ?

Si les réponses à ces questions devaient être « oui », alors la République Française aura changé de nature, cessant d’être une démocratie pour devenir une autocratie. Il ne resterait alors plus pour compléter cette mutation qu’un changement de dernière minute des lois liées aux élections ; cela serait digne d’une république à la Trump-Poutine.

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