Macron recrute Bertrand Soubelet, «général courage» de la gendarmerie

Bertrand Soubelet, le 7 mai 2016 à Saint-Jean-de-Luz. AFP

Viré de la gendarmerie pour avoir mis en cause la politique pénale, le général Bertrand Soubelet rejoint En marche.

Partisan déclaré de la tolérance zéro en matière de sécurité, Emmanuel Macron vient de recruter un joli symbole de fermeté régalienne. Selon l’Essor, le général Bertrand Soubelet attend son investiture pour se présenter, sous les couleurs d’En marche, dans la 10ème circonscription des Hauts-de-Seine. «C’est probable, mais il n’y a rien d’officiel. Je ne veux pas aller plus vite que la musique: c’est la commission d’investiture qui doit décider», a déclaré l’intéressé à l’Essor. Une bonne pêche pour titiller un certain électorat (plutôt à droite qu’à gauche, pour le coup). Car Soubelet, c’est l’homme qui a osé dénoncer le laxisme de la justice, qui en a payé le prix, et qui a continué de l’ouvrir. Au point d’être intronisé «général courage», dans un communiqué du FN.

Alors numéro 3 de la Gendarmerie, Soubelet s’était fait connaître pour une audition remarquée devant les députés, fin décembre 2013, dans le cadre de la mission d’information relative à la lutte contre l’insécurité. Il y avait dénoncé sans trop de pincettes les insuffisances de la politique pénale. Quelques semaines après, les propos remontaient à la surface médiatique, déclenchant un beau pataquès, à la suite duquel le général avait été proprement viré de son poste, pour prendre le commandement de la gendarmerie d’outre-mer. Pas franchement une promotion. Il avait ensuite publié en avril 2016 Tout ce qu’il ne faut pas dire (que nous avions sanctionné de quelques Désintox). Ce qui lui avait valu une deuxième claque. Le directeur général de l’époque avait tancé le récidiviste, estimant que «vendre une polémique, instrumentaliser la Gendarmerie et ceux qui la servent, c’est tout ce qu’il ne faut pas faire».

Quelques semaines après la parution du bouquin, le général se retrouvait sans affectation. A l’époque, la rumeur bruissant d’un intérêt de plusieurs partis pour cette icône de la grande muette qui l’ouvre, l’Essor lui avait demandé s’il souhaitait faire carrière en politique, Soubelet – qu’on aurait vu plutôt pencher à droite – avait répondu : «Cela n’a aucun sens. Tant que l’on fait de la politique politicienne dans ce pays, ce sera sans moi. Vous savez, j’ai déjà été approché, et je leur ai gentiment dit que je n’étais ni de droite, ni de gauche ». Un an après, le voilà en marche, offrant un hommage aux petits oignons au candidat Macron qui «se situe au-delà des clivages» et ne «fait pas de la politique comme les autres». Du velours pour Macron. Un motif de désolation pour la fachosphère, à en croire ce tweet désespéré d’une journaliste de Boulevard Voltaire.

Source : Libération

 

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