Macron laisse-t-il volontairement Mélenchon gagner les législatives ?

Arithmétique et autres fourberies politiciennes !

Quelque chose intrigue dans la stratégie suivie par Emmanuel Macron face à la NUPES : tout se passe comme si, depuis l’appel de Mélenchon à voter Macron au second tour de la présidentielle, le Président était en service minimal vis-à-vis de son rival et comme s’il le laissait gagner ou, en tout cas, faire le meilleur score possible. Après l’indulgence de Marine Le Pen pour Macron, c’est l’indulgence de Macron pour Mélenchon. C’est à se demander si cette timidité ne repose pas sur un calcul tout à fait intéressé. Voire sur un accord au moins tacite.

Ce mardi, alors que les chances qu’a Macron de décrocher une majorité présidentielle s’amenuisent et que ses candidats sont en pleine effervescence, le Président s’envole tranquillement cette après-midi pour la Roumanie, et peut-être pour Kiev. En dehors de sa sortie d’hier à Satory pour un salon de l’armement, il devrait être absent des radars intérieurs pendant toute la semaine, laissant le champ libre à Elisabeth Borne pour affronter son rival qui dispose ainsi d’un boulevard pour installer ses thèmes. 

Mélenchon s’engouffre dans la brèche

Récapitulons : le soir du premier tour des présidentielles, Mélenchon a pris soin d’appeler à voter Macron de la façon la plus claire qui soit, pour enchaîner immédiatement sur sa proposition de devenir Premier Ministre. Ce faisant, il a accordé une victoire facile au candidat sortant.

Une fois sa réélection actée dans les urnes, Macron a annoncé un changement de méthode, puis… plus rien. Il a littéralement laissé le champ libre au leader de la gauche. Le gouvernement n’a été constitué que très tard, à la fin du mois de mai, avec pour consigne de ne pas prendre la parole nationalement. 

Accessoirement, les médias subventionnés ont accordé un temps de parole délirant aux candidats de la NUPES. Fin mai, par exemple, l’ARCOM notait que la NUPES avait bénéficié de 30% du temps d’antenne, et la gauche dans son ensemble 50%

On comprend ici qu’après avoir servi la soupe de Macron pour les présidentielles, le cartel de la presse subventionnée a servi la soupe de Mélenchon et de son alliance pour favoriser sa victoire. La concentration des médias et leur soutien par l’État servent à quelque chose. 

La NUPES et ses problèmes mathématiques

Au soir du premier tour des législatives, la réalité mathématique éclaire singulièrement les débats qui font florès depuis quelques semaines. 

Ainsi, on dénombre, pour le deuxième tour :

  • 272 duels NUPES contre Ensemble !
  • 59 duels NUPES contre RN
  • 26 duels NUPES contre LR
  • 107 duels RN contre Ensemble !
  • 19 duels LR contre Ensemble !
  • 8 triangulaires

Ces quelques chiffres montrent tout l’intérêt commun que Mélenchon et Macron ont à s’allier contre le Rassemblement National. Une petite courte échelle face à Marine Le Pen permet à la NUPES d’espérer une bonne cinquantaine de sièges face au RN grâce au soutien de Macron et, inversement, le soutien de Mélenchon face au RN permet à Macron d’espérer une bonne centaine de sièges à bon compte. 

Bref, dans l’hypothèse mathématique où les duels NUPES contre Ensemble ! se termineraient par un match nul (c’est-à-dire 136 sièges pour chacun), un accord au moins tacite entre les deux partis pour battre le RN donne la situation suivante à l’Assemblée :

  • 236 sièges au moins pour Ensemble !
  • 186 sièges au moins pour la NUPES

Contrairement aux apparences, la NUPES et Ensemble ! ont donc intérêt à coopérer pour se partager l’assemblée. Chacun obtiendra des gains plus élevés en ne faisant qu’une guerre apparente, mais en s’alliant tacitement pour battre le RN. 

Pourquoi Macron préfère une majorité relative plutôt qu’absolue

Cette coopération naturelle entre la NUPES et Ensemble ! (à condition qu’elle reste cachée pour tromper l’électeur, bien entendu) se justifie par des considérations politiques. 

On le sait, face à ses partenaires européens, Macron doit entrer dans une phase de réductions des déficits, donc des dépenses publiques. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il revient systématiquement à la question de la retraite à 65 ans. Pour nos voisins, qui ont tous fait un effort d’austérité, les déficits sociaux français sonnent en effet comme une provocation. 

On sait aussi que Macron est, dans l’âme, un fonctionnaire avec une faible propension à diminuer les dépenses publiques. Son premier mandat l’a abondamment montré. 

Une jolie façon de se sortir de ce bourbier qui s’annonce serait, pour lui, de ne disposer que d’une majorité relative, avec une forte contestation de l’orthodoxie budgétaire européenne par une opposition forte constitutée autour de Mélenchon. 

Ainsi, lorsque ça l’arrange, Macron pourrait aller à Bruxelles avec une majorité de circonstance pour réclamer des dépenses nouvelles. Et lorsque Bruxelles se montre trop rigoureux, il pourrait arguer du poids de l’opposition pour se défausser…

On ne peut expliquer autrement ce départ, en plein entre-deux-tours très disputé, du Président vers l’Europe de l’Est.

Source

Source : Echelle de Jacob

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